Par Par Shanda Tonme Le Messager 09-06-2009
La mort enfin annoncée officiellement de monsieur Omar Bongo exprime d’abord une très grande honte pour l’Afrique. L’on
a beau essayé de jouer des apparences, les souffrances que ces présidents engendrent, les humiliations qu’ils génèrent, et les travers qu’ils secrètent au quotidien, constituent globalement les
éléments du tableau par lequel, l’Afrique noire particulièrement, demeure à la traîne du reste du monde.
Il est très frappant de constater avec quelles précautions, quelles habillages maladroits et malveillants, les
médias occidentaux, s’emploient à vouloir présenter le pays et le peuple du Gabon, sans faire ressortir le caractère fasciste, autoritaire et obscurantiste d’un pouvoir sauvage qui aura instauré
la ruine de l’intelligence, la peur, la corruption, et le découragement.
Ce que l’on veut amener les Africains à faire, c’est de verser vraiment des larmes de crocodile. Omar Bongo a
causé trop de torts à l’Afrique, au monde noir. Ces dictateurs finissent, à force de se voir ouvrir les portes de l’Elysée et de la Maison Blanche, par se prendre pour des gens normaux, pour des
rois investis du pouvoir divin de régner sur leur peuple.
Sagesse et puissance de pacotille
Bongo était appelé sage, sur la simple base d’une longue présence à la
tête du pays garantie par la mafia française. On a ainsi et tout le temps, imposé aux Africains de grands malades que l’on utilisait et usait pour la circonstance, pour maintenir l’illusion que
l’on traitait avec les représentants du continent. Ces gens sont qualifiés de puissants, d’hommes forts, de tous les superlatifs que l’on ne trouve pas en Occident lorsqu’il s’agit de parler d’un
gouvernant. De Mobutu à Bongo en passant par Eyadema et la suite, il faut aujourd’hui convenir que nous sommes entrés dans l’ère des contradictions radicalement insolubles et mortelles avec
l’Occident.
L’Europe qui a débattu longuement pour choisir ses députés, n’a à aucun moment fait de l’Afrique, une priorité, un sujet d’intérêt, un lieu de défi, une terre fertile méritant de l’attention. De
parfaits plantés ici et entretenus par des mafias sanguinaires, couvrent ces bandits qui s’entêtent à mourir au pouvoir, à crever dans des cliniques chic des pays où ils ont gardé notre argent
volé. Ces pillards ne sont en fait ni puissants ni sages, ils sont mortels, faibles, fragiles, pitoyables.
Des maladies que l’on conteste, aux morts que l’on cache
Le destin des mortels est bien trop cruel, pour que de basses manœuvres de quelques courtisans, tentent à chaque fois, de détourner la vérité sur les malades et sur les morts. Il faut maintenant penser à tous ces journalistes emprisonnés pour avoir évoqué un simple malaise de certains dictateurs, pour avoir parlé trop vite de la mort de quelques autres, pour avoir rendu public le bilan médical craquelant de ces prédateurs de l’obscurité et ces reptiles qui alimentent de leurs actes rétrogrades, toutes les misères et toutes les souffrances du monde. Ces individus qui au soir de leur vie remplie d’agapes et d’autant de regrets, ne songent pas à quitter rapidement le pouvoir et à s’excuser, méritent tous les procès, toutes les sentences, et toutes les condamnations.
Omar
Bongo est mort dans le plus inacceptable des chagrins pour lui, dans la pitié et la solitude du roi nu. Que l’on reconnaisse que sa maladie a pris de l’ampleur depuis ces menaces de procès pour
des biens immobiliers insolents acquis avec l’argent du peuple gabonais, le sang des travailleurs d’un petit pays pauvre, les richesses du sol et du sous-sol d’une nation meurtrie par des
décennies de dictature, de régime sale. Que l’on nous dise la vérité de ce que, il a fallu prendre le temps de négocier et d’arranger la continuité du régime et des ses alliances mafieuses, avant
de livrer au monde, la vérité sur la fin sombre d’un monstre qui porte une part importante de responsabilité dans l’arriération de l’Afrique contemporaine. Que l’on ne nous dise pas que c’est une
mort comme une autre. Il est des morts qui libère l’humanité et celle-ci en est incontestablement une.
Les mythes de la succession et de la stabilité : un discours pour nègres
Lorsqu’il s’agit de l’Afrique, contrée de sauvages et de nègres, le discours est
le même, d’un subjectivisme qui ferait brûler tous les diplômes de droit et de science politique. Parle-t-on, de stabilité et de succession en Europe ou aux Etats-Unis ? Parle-t-on de chef d’Etat
qui aurait préparé sa succession dans un système de gestion politique moderne et démocratique ? Parle-t-on de craintes des lendemains pour un pays habité par des gens normaux ? L’Afrique et les
Africains sont des espèces uniques, entièrement à part. D’où vient-il que l’on parle de ces gens qui devraient préparer ou arranger leur succession au lieu de s’interroger sur l’existence d’une
loi fondamentale ?
La mort des dictateurs offre toujours l’occasion de mesurer combien raciste est restée l’Europe dans sa vision et sa considération politique de l’Afrique. Par ici, ce sont des singes qui ne connaissent ni élections ni transition pacifique, ni alternance démocratique. Par ici, pensent-t-ils et souhaitent-ils, il ne devrait exister que guerres civiles, tueries, crimes en tous genres et génocides.
L’implication de la France
Il n’y a aucun doute, que le temps du silence et des démentis maladroits,
correspond au temps qu’il fallait à Paris pour arranger la succession à Libreville, avec l’appui du beau père éploré de Brazzaville. Mais l’histoire est sans pitié pour les dictateurs, qu’ils
meurent au pouvoir comme ces Eyadema, Bongo, et Conté, ou qu’ils aillent finir comme des chiens errants
ailleurs longtemps après avoir été chassés à l’instar du Shah Palhavi d’Iran, de Mobutu ou de Bokassa. A ceux qui sont malades et s’agrippent au pouvoir, il faut très vite conseiller que les soutiens des grands maîtres blancs et des amis privilégiés de
Paris, n’arrêtent jamais la mort. Que vous soyez riche, noirs, jaunes, gentils ou sauvages,, vous êtes condamnés à crever comme des singes dans un buisson sombre investi par des fourmis et des
hallucinations troublantes.
Il faut savoir partir, s’excuser et partir, partir avec tous les regrets, partir avant que la mort ne vienne vous précipiter dans l’arène des injures et des humiliations éternelles de votre
peuple. Vous êtes, tous ces chefs autoproclamés présidents, un embarras pour le continent, et votre mort dans la posture de malade avide des privilèges et des honneurs illégitimes, constitue une
très grande honte. Ce ne sont pas seulement vos enfants, familles et proches qui sont couverts de honte, c’est une race, la race des noirs, de tous ceux qui subissent impuissants, votre dictature
et vos innombrables abus.
La mort est finalement, un justicier démocratique, mais à trop attendre avant d’inviter certains individus dans la tombe, elle aggrave et prolonge les souffrances de nombreuses familles, d’honnêtes gens, de braves citoyens, d’innocents enfants et petits enfants.