Rome, La Croix 07/06/2009 20:23 - Tout indique une grande détermination de Benoît XVI pour clarifier des situations de prêtres donnant lieu à des ambiguïtés ou à des scandales par rapport à leur vocation
Discrètement, mais fermement, Benoît XVI veut clarifier certaines situations troubles ou scandaleuses dans lesquelles vivent des
prêtres de l’Église. On se souvient de la sombre description faite par le cardinal Joseph Ratzinger lors du chemin de croix du Vendredi saint 2005 : juste avant son élection, il évoquait
« les vêtements et le visage si sales » de l’Église.
Plus que son prédécesseur sans doute, le pape actuel est sensible à ce que des comportements de certains prêtres ne viennent pas entacher l’image du sacerdoce. Il a ainsi réagi très vite pour le
fondateur des Légionnaires du Christ, le P. Maciel, comme pour la congrégation elle-même, soumise en avril 2009 à une visite apostolique après les révélations tenant à la vie privée du
fondateur.
De même pour les cas de pédophilie dans l’Église, le pape est à l’origine de la politique de «
tolérance zéro » et, depuis son voyage aux États-Unis, la ligne est claire : on ne peut être prêtre et pédophile. La Congrégation pour la doctrine de la foi, qui est chargée de traiter ces délits,
examine environ 300 cas par an.
Sévérité
Même s’il ne faut pas faire d’amalgame entre ce que l’Église considère comme « délit » et ce qu’elle
nomme « faiblesse », on retrouve la même sévérité pour clarifier la situation de prêtres vivant en
situation de concubinage ou affichant une vie sexuelle non conforme à l’engagement presbytéral.
Les signes envoyés en ce sens depuis quelques mois par Rome sont clairs. Ils dénotent, observe un membre de la Curie, une volonté « au plus haut
niveau, c’est-à-dire du pape lui-même ». Par exemple, la sévérité
avec laquelle la Congrégation pour l’évangélisation des peuples est en train de trancher dans le vif pour l’Église
centrafricaine, où certains membres du clergé vivent ouvertement en concubinage, avec
leurs enfants.
Cet état de fait n’est pas chose nouvelle. Mais le ton – sévère – de la lettre envoyée aux évêques,
suivie de la démission de deux d’entre eux, montre une grande détermination. Au risque de choquer la culture africaine par des méthodes expéditives. En tous les cas, « la Centrafrique est un exemple », dit-on aujourd’hui à Rome, et sera suivie par des enquêtes analogues
dans d’autres pays. Une attitude qui tranche avec la tolérance
discrète qui semblait de mise depuis des années.
Exigence de "vérité"
Dernier signe en ce sens, les nouvelles normes qui viennent d’être signées
par Benoît XVI, donnant des facultés spéciales à la Congrégation pour le
clergé pour rendre plus rapide le retour de l’état clérical à l’état laïc de prêtres, à la demande
de leur évêque. La dispense concerne trois cas : prêtres vivant avec une femme, prêtres ayant abandonné toute activité ministérielle depuis cinq ans, prêtres dont le comportement est « gravement scandaleux ».
Autrefois, « lorsque l’évêque voulait “réduire à l’état laïc” » (selon le terme employé par le droit canonique) un prêtre qui lui-même refusait de le faire, il devait passer par un procès
judiciaire : « La procédure était longue, et remontait in fine au pape », explique-t-on à la
Congrégation pour le clergé. Désormais, ce dicastère pourra agir lui-même, de manière administrative. L’objectif, a déclaré à l’agence américaine CNS le cardinal brésilien Claudio Hummes, préfet
de cette Congrégation, est de régulariser une situation, pour le bien de l’Église mais aussi pour celui du prêtre et, le cas échéant, des enfants.
Benoît XVI, qui va inaugurer le 19 juin une Année
sacerdotale consacrée au clergé, attache beaucoup d’attention à la situation des prêtres. S’il ne
leur écrit plus de lettres comme Jean-Paul II, ses homélies du Jeudi saint leur sont destinées, et il y répète la même exigence de « vérité » de la vie sacerdotale, et de « fidélité » à ses
engagements. C’est d’ailleurs sous ce signe de la fidélité – « fidélité du Christ, fidélité du prêtre »
– qu’il a placé cette Année spéciale.
Isabelle DE GAULMYN, à Rome
NDLR : Si la grave crise que traverse l'Eglise catholique avec une cascade de démission d'évêques et la
nomination d'autres, est prise en exemple par le Vatican pour faire un profond ménage également dans d'autres pays, c'est réconfortant et cela signifie que la situation de la République
centrafricaine n'est pas pour autant désespérée. Il faut en finir en effet avec l'hypocrisie
de ces curés et ces évêques, pères de nombreuse progénitures et dont on connaît officiellement les épouses.