L’opacité, le gaspillage et le manque de moralité avec lesquels sont gérées les finances publiques centrafricaines ne sont plus à démontrer mais au fur et à mesure, quelques documents qui en
attestent transpirent et permettent de s’en faire une idée précise. Tant et si bien qu’on finit par se demander à quoi sert la confection du budget et l’adoption par l’Assemblée nationale de la
loi de finances. Il n’est en effet pas normal que certaines dépenses de l’Etat puissent être effectuées en dehors du cadre de ladite loi. En cela, l’existence en tant que telle d’un soi-disant
« Récapitulatif des dépenses exceptionnelles » signé du ministre délégué aux finances, que nous avons publié dans une de nos récentes
parutions, est d’une très grande gravité et doit interpeller les élus de la nation, la société civile, les syndicats, les partis politiques, bref toute la classe politique et le pays dans son
ensemble.
La nature même de ces dépenses qui ne figurent pas dans la loi de finances, pose problème. Il est curieux qu’une dépense (30 millions de F CFA) telle
que la réparation de l’ascenseur de la Primature tombée en panne depuis l’époque du prédécesseur de Faustin Touadéra, le premier ministre Elie Doté, ne puisse figurer dans la loi de finance pour n’être envisagée que dans le cadre des dépenses
exceptionnelles. Il en est de même pour les crédits de fonctionnement courant des ambassades qu’on retrouve aussi dans ce document, ainsi que les frais de réparation d’aéronefs qui s’élèvent à
67.158.558 de F CFA. Quels aéronefs possède actuellement l’Etat centrafricain ?
Pourquoi prévoir 300.000.000 F CFA en dépense exceptionnelle pour réfectionner la route Bangui - Obo ? Il n’y a aucun doute que d’évidentes
préoccupations électoralistes se cachent derrière ce choix.
Pourquoi inscrire encore 100.000.000 F CFA en dépense exceptionnelle pour la sécurité
présidentielle alors qu’un certain montant a été déjà inscrit dans la loi de finances ?
Comme en atteste le fac-simile du document signé du ministre de la défense - que nous publions ci-dessous – Jean Francis Bozizé fait un appel d’argent de 12,5 millions f CFA pour soi-disant la sécurisation de l’arrière pays et des environs de Bangui alors qu’on sait bien qu’une bonne partie de cette enveloppe sera détournée par la hiérarchie même de l’armée. Tant qu’une solution politique ne sera pas trouvée ils continueront à jeter de l’argent public par la fenêtre pour des résultats quasi insignifiants.
PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE
MINISTRE DELEGUE CHARGE DE LA DEFENSE
NATIONALE, DES ANCIENS COMBATTANTS, DES
VICTIMES DE GUERRE, DU DESARMEMENT ET DE
LA RESTRUCTURATION DE L’ARMEE
C A B I N E T
SECRETARIAT PARTICULIER
N° 152 /PR/MDCDNACVGDRA/CAB/SP
A
Son Excellence Monsieur le Premier Ministre
Chef du Gouvernement
- BANGUI –
OBJET : Sécurisation dans l’arrière pays et les environs de Bangui
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Les informations concordantes de ces derniers temps, font état d’une coalition, entre les rebelles du FDPC d’Abdoulaye MISKINE et du CLJC de Charles MASSI et autres. En effet, à dos d’ânes et de chevaux, ces hommes armés utilisent la voie terrestre avec pour but de mener des opérations convergentes pour bloquer le principal axe commercial avec le Cameroun afin d’asphyxier l’économie du pays et créer un soulèvement populaire.
Des mesures immédiates doivent être prises afin de :
- Faire face à cette menace (renforcement des unités sur zone, patrouille permanente sur l’axe)
- Renforcer les dispositifs sécuritaires dans les zones sensibles que nous gérons actuellement :
- BATANGAFO-KABO-SIDO ;
- NDELE-TISSEKEDE-AKOURSSOULBAK-NGARBA
- OBO (menace LRA)
Ainsi, j’ai l’honneur de solliciter la mise à disposition du montant exprimé ci-après :
Renforcement des dispositifs sur zone : 02 Compagnies (30 jours)
EFFECTIF : 250
PRIME GLOBALE D’ALIMENTATION : (4.350.000 F x 2) = 8.700.000 F
POUR 03 GROS PORTEURS + 02 SANTANA
a) CARBURANT ET INGREDIENTS………………………...1.200.000 F
b) Fonctionnement sur zone……………………………………..1.500.000 F
TROUSSE DE SECOURS………………………………….....250.000 F
COMMUNICATION………………………………………….250.000 F
RENSEIGNEMENTS…………………………………………300.000 F
IMPREVUS……………………………………………………300.000 F
TOTAL = 12.500.000 F
Haute et déférente considération
Bangui, le 19 mars 2009
Jean Francis BOZIZE
Faustin Touadéra et Jean Francis Bozizé