En marge du 11ème sommet de la CEN-SAD qui vient de se tenir le week-end dernier à Sabratha en Libye, a eu lieu une rencontre entre Bozizé et Abdoulaye Miskine leader du mouvement rebelle du
FDPC en présence du numéro un libyen, le colonel Khadafi et du secrétaire général de la dite CEN-SAD, Madani Al Azhari.
Il faut dire que depuis la fin des travaux du dialogue politique inclusif en décembre 2008 à Bangui et la reprise des hostilités avec la garde présidentielle et les Faca par le FDPC d’Abdoulaye Miskine dans la région de Batangafo, Kabo et Sido, Bozizé n’a jamais manqué l’occasion de demander des comptes aux autorités libyennes à propos de l’hospitalité qu’elles continuent de lui accorder.
Récemment encore, en marge des festivités d’investiture du président Jacob Zuma en Afrique du Sud, Bozizé avait tout fait pour rencontrer le colonel libyen afin de lui réclamer des explications sur la présence d’Abdoulaye Miskine sur son territoire alors que son mouvement, le FDPC n’a de cesse de multiplier les embuscades et attaques contre les Faca et les éléments de la garde présidentielle.
Jusqu’ici, toutes les explications fournies par le guide libyen ne semblent pas convaincre outre mesure Bozizé qui tient coûte que
coûte à obtenir le départ d’Abdoulaye Miskine du territoire libyen. Cette fois-ci, après les longues explications avec Miskine devant le colonel Khadafi, Bozizé a regagné Bangui laissant à
Tripoli un de ses conseillers, Dieudonné Stanislas Mbangot qu’il a chargé de poursuivre les négociations avec Miskine et des libyens de plus en plus agacés, voire irrités par les agissements du
président centrafricain.
Tout indique que les contradictions qui opposent Bozizé à Abdoulaye Miskine qui les conduit aujourd’hui à un véritable dialogue de sourds, portent sur des accusations réciproques de non respect
ou de violation de l’accord de paix signé à Syrte en 2007 d’une part et des recommandations du dialogue politique inclusif pour lesquels ils se rejettent mutuellement la responsabilité d’autre
part.
Il faut rappeler que Bozizé et ses courtisans portent seuls la responsabilité de l’échec du dialogue politique inclusif tenu à Bangui en fin d’année 2008 qui avait établi la feuille de route nécessaire à permettre un apaisement du climat politique et sécuritaire dans le pays et de mieux préparer les prochaines élections générales. Pour des raisons qu’il est seul à devoir expliquer, Bozizé a choisi de tourner le dos à la politique de concertation et de consensus ainsi qu’aux principales recommandations et de faire ce que bon lui semble.
Au sortir du dialogue inclusif, il a reconduit l’ineffable Faustin Touadéra comme premier ministre et presque tous les ministres impopulaires, incompétents et corrompus du premier gouvernement de celui-ci. Dès lors, il n’y a pas lieu de s’étonner de la reprise de la guerre sur le terrain dans les zones naguère contrôlées par les mouvements rebelles qui ne pouvaient qu’à juste raison accuser Bozizé de ne pas respecter les accords de paix et les recommandations du dialogue politique. Toute cette ambiance, ajoutée à bien d’autres turpitudes dont Bozizé a le secret, semble démontrer qu’on assiste à une atmosphère de plus en plus délétère à Bangui, caractéristique d’une fin de règne politique à quelques huit mois d’élections générales de plus en plus hypothétiques ou mal engagées.