lundi, 25 mai 2009
1 an déjà ! Jean-Pierre Bemba vient de commémorer le premier anniversaire de son incarcération par la Cour pénale Internationale (CPI) de La Haye. Accusé d'avoir diligenté une campagne de
tortures, de meurtres et de viols massifs en République Centrafricaine. Depuis, Jean-Pierre Bemba rejette en bloc les accusations de la CPI. Retour sur 1 an
d'incarcération.
Les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) accusent l'ancien chef de guerre et ex-vice-président congolais Jean-Pierre Bemba d'avoir ordonné des viols en série en République
centrafricaine pour terroriser des civils. L'ancien chef rebelle, arrêté en mai 2008 en Belgique en vertu d'un mandat de la CPI, encourt cinq chefs d'inculpation pour crimes contre l'humanité et
cinq autres pour crimes de guerre commis en Centrafrique en 2002 et 2003.
Il est accusé d'avoir mené, à la tête de rebelles de la République démocratique du Congo (RDC), une campagne d'exactions marquée par des tortures, des meurtres et des viols massifs dans la
République centrafricaine voisine. Les accusations qui le visent portent sur la période 2002-2003, durant laquelle Ange-Félix Patassé, alors président de la République centrafricaine, avait
demandé au Mouvement de libération congolais (MLC) de Bemba d'écraser des tentatives de coups d'Etat dans son pays.
Pour l'accusation, les combattants de Bemba avaient reçu pour instructions de "traumatiser et terroriser" la population pour l'empêcher de soutenir la moindre résistance au gouvernement de
Patassé.
Karim Asad Ahmad Khan, avocat de la défense, a rejeté les accusations portées contre Jean-Pierre Bemba en faisant valoir qu'il ne pouvait être tenu responsable de crimes commis par ses soldats
parce que ceux-ci étaient placés sous "le commandement et le contrôle" du gouvernement de Patassé. "Les uniformes, la nourriture et l'argent, tout cela était fourni aux soldats du MLC, non par
les autorités de la RDC, non par M. Bemba (...), mais par le chef d'Etat de la République centrafricaine", explique son avocat, ajoutant que l'accusation n'avait pas pu établir d'intentions
criminelles imputables à l'accusé.
Jean-Pierre Bemba espère un non-lieu fin juin.
F. Mwamba et J. Bemba : l’Opposition républicaine de la sagaie ?
Digital Congo Kinshasa, 25/05/2009 / Politique
La commémoration, le week-end dernier du premier anniversaire de l’incarcération de Jean-Pierre Bemba dans les installations de la Cour pénale internationale à La Haye a donné lieu, samedi 23 mai
à Kinshasa, à une matinée politique organisée à cet effet par les dirigeants de son parti, le Mouvement de libération du Congo.
Que les partisans du « Chairman » aient pensé que la conjoncture se prêtait à une manifestation de témoignage de leur solidarité et d’adresse de vœux en vue de sa relaxation, il ne
serait à personne, même pas au pouvoir en place l’idée de leur en refuser ce droit. Les deux orateurs du jour, en l’occurrence François Mwamba Tshisimbi et Jeannot Bemba Saolona ayant
dernièrement visite au détenu de La Haye, on comprend pourquoi l’assistance a été particulièrement nombreuse. Et, dans les rangs des invités, un parterre de leaders de l’Opposition de tous bords
et de tous poils : les JB Bomanza, Eméry Okundji, JC. Mvuemba, R. Lumbala, Lisanga Bonganga – sauf erreur de notre part, nous ne garantissons pas la présence effective de toutes les
pointures de l’Opposition – et autres à cette manifestation.
Seulement voilà : comme il fallait s’y attendre et le craindre, la manifestation a tourné en une messe noire et les deux concélébrant ne se sont pas fait faute de viriliser leur discours en
glissant sans transition dans une diatribe particulièrement acrimonieuse et pour le moins inattendue contre le pouvoir. La démagogie et l’intox ont fait un retour occasionnel samedi à cette
rencontre politique du Mlc.
En effet, plutôt que d’éclairer la lanterne de leurs militants sur l’ensemble des problèmes et des questions qui entourent l’incarcération de Jean-Pierre
Bemba, dont entre autres la complexité et la lourdeur de la machine administrative de la Cpi, l’un et l’autre intervenants à cette rencontre politique des militants et des sympathisants du Mlc
ont décoché des flèches empoisonnées sur le gouvernement en place qu’ils ont accusé de tous les péchés d’Israël.
Le gouvernement a fossoyé l’économie du pays, le peuple congolais connaît une situation de paupérisation tellement catastrophique qu’il doit utiliser de tous les moyens légaux pour se sortir de
cette calamité, et patati et patata ! Très monté, François Mwamba a même imprudemment fait allusion au passé militaire de son mouvement dont il a dit qu’il n’a déposé les armes qu’à
contre-cœur en 2002, parce qu’ « on nous l’a demandé » avant d’aller au Dialogue inter congolais ! dixit le secrétaire général du Mlc .
« Qui » a demandé au Mlc de déposer les armes alors que ses troupes se dirigeaient sans doute victorieusement vers Kinshasa pour prendre le pouvoir ? Dommage que le secrétaire général du Mlc ait subitement compris l’énormité des propos séditieux qui venaient de sortir de sa bouche. Aussi, s’est-il, pour la suite de la harangue gardé de franchir le Rubicon, tout satisfait dans son fors intérieur d’avoir réussi à tenir en éveil l’ardeur belliqueuse qui nourrit le militantisme de ses hommes. A n’en pas douter, ceux-ci sont souvenus, nous ne pouvons que le penser en nous plaçant dans la logique des propos de François Mwamba, des démonstrations de force faites dans la capitale par leurs hommes.
Le 27 juillet 2006, alors qu’il rentrait à Kinshasa pour tenir son dernier meeting électoral à la veille de l’organisation du premier tour de la
présidentielle, le « chairman » a plutôt poussé ses militants à faire une démonstration de force qui a tourné au drame. Le ministère de la Jeunesse et des Sports situé sur le Boulevard
Sendwe à un doigt du stade Tata Raphaël où s’est tenu le meeting de JP Bemba a été mis à sac, et les femmes et filles y travaillant soumises à des traitements les plus dégradants. Même scénario
le même jour et au moment à proximité de là, au siège de l’Eglise Armée de l’Eternel du pasteur Sony Kafuta Rockman. La rivière Kalamu qui borde le site du culte a même servi de lieu de supplice
pour un agent de police contre lequel la horde des militants du Mlc s’est défoulée. Le malheureux qui s’était jeté dans la rivière pour échapper à ses bourreaux a été achevé à coups de grosses
pierres !
Deux mis plus tard, alors que les hauts magistrats de la République siégeaient à la Cour suprême de justice pour examiner la requête introduite par Jean-Pierre Bemba en contestation des résultats
du second tour de la présidentielle, les mêmes militants du Mlc ont encerclé les lieux qu’ils ont pillés de fond en comble avant de les incendier. Les magistrats n’ont eu leur salut qu’en prenant
la poudre d’escampette, tandis que six agents de police appréhendés par les hommes du Mlc surexcités ont été exécutés sommairement.
Ce n’est pas tout. D’autres événements tout aussi dramatiques sont survenus les 22 et 23 mars 2007. Alors que l’Etat-major général des Forces armées de la Rdc lui intima l’ultimatum de reverser dans l’armée régulière tous les éléments de sa garde rapprochée estimée à plus de 2.000 hommes parqués dans ses résidences, pour ne se contenter que de la dizaine de policiers prévus pour la sécurité de chacun des quatre Vice-présidents de la République, le « chairman » avait refusé de se soumettre à cet ultimatum. On en connaît la suite. Deux jours durant, Kinshasa avait vécu les affres d’une situation de guerre que les habitants de la capitale ne sont pas prêts d’oublier, ni de voir se répéter.
Ce n’est qu’avec l’installation des institutions issues des élections démocratiques que la paix a refait surface, et que les esprits se sont mis à s’apaiser.
Mais bien qu’il ne soit pas bon de le souligner, l’élément catalyseur de cette paix reste incontestablement la tournure prise par le dossier ouvert par le gouvernement centrafricain à charge du « chairman » auprès de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre commis par les soldats du Mlc en République de Centrafrique en 2002 partis à la rescousse du président centrafricain d’alors Ange-Félix Patassé et à son invitation.
C’est donc en exécution de cette plainte que Jean-Pierre Bemba avait été « mappé » par la Cpi et mis au frais, en attendant que soit fixée la
date du procès. Et c’est donc cet anniversaire qui a donné à son paternel et à François Mwamba l’occasion de se livrer samedi dernier aux écarts d’un langage qui rappelle les douloureux
événements dans lesquels s’étaient illustrés leurs hommes de troupe aussi bien à Kinshasa que dans la capitale centrafricaine.
Les harangues dont les deux orateurs de samedi ont abreuvé leurs militants samedi à l’occasion de l’anniversaire de l’incarcération du « chairman » montrent à l’évidence que
l’Opposition républicaine par la sagaie sont à notre avis les termes qui illustrent le mieux le comportement de François Mwamba, lui qui se complait à dire que depuis qu’il est devenu parti
politique, le Mlc entend faire une Opposition républicaine et apportant sa pierre de contribution à la construction de l’édifice. Mais comment peut-on concilier ces propos et ceux qu’il tient en
dehors du Parlement ?
Incapable de résoudre cette contradiction, il ne nous reste plus qu’à nous contenter d’observer avec intérêt la dernière défection survenue au sein du
brain-trust idéologique du Mlc avec le départ en douceur de Philippe Masegabio Zanzu. Brillant cerveau et l’un des cadres les plus en vue du Mlc, Masegabion a pris ses distances vis-à-vis de
l’appareil du parti. Pour quelle raison ? Pour l’instant, bornons-nous de constater les faits, sans chercher à en connaître les mobiles, ce qui risquerait de nous mener jusque vers la
découverte du sexe des anges.
Hamza/MMC