C’est une véritable douche froide et un cinglant désaveu qui s’annonce pour le pouvoir de Bangui. François Bozizé doit certainement se tirer les cheveux, dans la mesure où Paris n’entend pas mettre la main à la poche pour financer le processus électoral. Il semblerait que les responsables français exigent des explications claires sur les détournements des fonds publics et la dilapidation sans vergogne par les proches parents du président centrafricain des maigres deniers octroyés par les pays amis à l’Etat.
Pour l’instant, la France n’a pas encore officialisé la décision de suspendre sa participation au financement du processus électoral en République centrafricaine.
Selon nos informations, Paris s’apprête à notifier à Bangui que les opérations
électorales relèvent de la souveraineté d’un Etat et que de ce fait, la France ne participera pas au financement du processus électoral jusqu’à nouvel ordre.
La question qui est sur toutes les lèvres dans les milieux autorisés de la capitale française est la suivante : pourquoi la France, qui a toujours fermé les yeux sur les multiples cas avérés
de détournement de biens et deniers public en Centrafrique décide maintenant de taper du poing sur la table ?
Comme chacun le sait, au cours des dernières semaines, François Bozizé et son clan se
sont plusieurs fois signalés autour des cinq milliards de la CEMAC destinés au processus dit du DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion) des
ex-combattants des rébellions.
En tout cas, les informations dignes de foi ont fait état du retrait des caisses de la BEAC à Bangui de près de deux milliards (2.000.000 000 de F CFA) en espèces par le Ministre des Mines,
Sylvain Ndoutingaï, neveu du président centrafricain qui, pour justifier cette opération, aurait laissé entendre que
l’argent retiré servirait à rembourser les emprunts contractés par la famille Bozizé pour organiser les
obsèques de sa mère, et que le reliquat irait à la construction d’un mausolée au village pour la disparue.
Tout le monde se demande si la décision de la France ne risque-t-elle pas de dissuader les autres bailleurs de fonds de la Centrafrique, qui refuseraient aussi à leur tour de mettre la main à la
poche ?
En tout cas, pour le processus électoral à proprement parler, le temps presse. Il ne reste plus que quelques mois avant d’arriver au terme du mandat
présidentiel, qui s’achève le 11 juin 2010, alors qu’aucun signe encourageant ne laisse supposer que le calendrier électoral sera respecté. D’autant
moins que les élections municipales qui devraient en principe se tenir cette année n’auront vraisemblablement jamais lieu.
D’ailleurs, les rumeurs persistantes d’un report du scrutin présidentiel en 2012 n’ont pas cessé de circuler depuis ces derniers
temps.
En attendant, tout le gotha politico-social de la Centrafrique attend avec une certaine frénésie l’officialisation de la décision de la France, qui
aux dernières nouvelles, ne va pas tarder à le faire.
Adrien Poussou