Arrivé au pouvoir grâce à la France et à la Libye, Idriss Deby n'a manqué de
rien. Appui financier exceptionnel, jamais un régime n'a été autant aidé à la fois par la France et la Libye, soutien diplomatique tout azimuts pour régler tous les problèmes qui se posaient à
lui. Complicité médiatique sans pareilles, ses problèmes de santé sont passés sous silence, les exécutions sommaires sont tues, bref c'était Idriss Deby il est beau, Idriss Deby il est
gentil.
Des Conseillers français furent placés à la douane, ceux des services fiscaux, à
la présidence, au sein de l'armée nationale ceci afin de soutenir et de démontrer que Deby était à même de gérer l'Etat. S'arrachant presque les cheveux, ils durent tous battre en retraite de
tous les secteurs clés de l'économie tchadienne.
Aujourd'hui 15 ans après son accession au pouvoir, le Tchad est un pays ruiné, où sa capitale vit sans eau, ni électricité où Deby n'en a cure, sa devise reste inchangée depuis 15 ans, la
répétant régulièrement à ses proches : « je n'ai pas à m'inquiéter dès lors que j'obéis à la France et à la Libye », c'est parait-il le secret de sa longévité.
Zoom sur quinze années de règne, à un
moment où l'on parle de fin de règne.
Les Zaghawas soudanais qui ont combattu contre le gouvernement de Hissein Habré furent remerciés par Deby, ce dernier les aida à organiser le pillage systématique des biens des populations
tchadiennes. C'est ainsi que des convois de camions ont sans cesse envoyé vers les villes frontalières du Soudan El djenene, le Darfour, tous les biens matériels pillés (argents, voitures, motos,
mobiliers, divers équipements,
De la politisation des
crimes
L'érection des crimes politiques comme méthode de gouvernement est une pratique jamais vue au Tchad. Cela a commencé par le démantèlement des camps de réfugiés au Cameroun, et par la corruption
des autorités régionales camerounaises. Les réfugiés furent obligés pour certains, de rentrer au pays, pour d'autres de quitter le Cameroun pour le Niger.
Installés dans un premier temps à Diffa, ils furent réinstallés à 1500 Km de la frontière tchadienne à Gouré, un trou perdu. Mais ce n'était pas suffisant, Deby a conclu l'accord d'aide militaire
(pour démanteler la rébellion Touareg) contre réfugiés (enlèvement d'anciens officiers proches de l'ancien président Hissein Habré et livrés à Deby par feu le président Baré Maïnassara).
Il y a eu l'affaire des centaines de réfugiés Tchadiens au Nigeria qui ont été raflés dans les quartiers, emprisonnés, parqués, attachés puis livrés par camions entiers à Deby. Ces convois de la
mort ont été l'œuvre des hommes de main de Deby à savoir le tandem Ahmat Hassaballah Soubiane
Après la liquidation à grande échelle des opposants à l'extérieur du Tchad, ce
fut le tour des opposants légaux. C'est ainsi que des membres influents du RDP, parti de M Lol Mahamat Choua, furent assaillis dans leur domicile et liquidés froidement. (citons feu Mamadou
Bissau).
Ce genre de pratiques ne se sont jamais passées au Tchad, depuis des décennies, les différentes guerres ont obligé les Tchadiens à s'installer dans les pays limitrophes (Cameroun, Nigeria, Niger,
RCA, Libye) ou autres Bénin, Burkina Faso, la majorité d'entre eux ont vécu avec des problèmes liés avant tout à leur situation d'exilés.
La troisième étape a été la liquidation systématique des opposants avec lesquels
le régime a signé des accords de réconciliation nationale, lesquels accords étaient tous parrainés par les pays facilitateurs (Libye, Soudan, Burkina Faso).
Abbas Koty Yacoub a signé des accords parrainés par la Libye et le Soudan, il fut abattu en plein jour à son domicile. Puis Bichara Digui, Moïse Ketté, Laokein Bardé Frison, furent tous tués à
bout portant, assis devant les émissaires de DEBY, envoyés pour sceller la paix avec eux.
Le Commandant Moussa Bachar Houno, Chef d'état major général est mort
mystérieusement à Paris, sa famille a contesté la version de la mort par accident automobile, elle s'est réfugiée à Paris où elle a obtenu le statut de réfugié politique.
Guetty Mahamat, représentant de l'Asecna au Tchad, s'est investi dans la création d’un parti politique d'opposition, il a sauté sur une mine devant sa propre maison, absolument fou !
Ajoutons à la liste macabre, Youssouf Togoïmi dont les circonstances de sa mort
n'ont pas encore été élucidées. Des pratiques ignobles qui foulent au pied toutes les valeurs chères aux Tchadiens à savoir : le respect de la parole donnée, le sens de
l'honneur.
De la criminalisation de la politique
Quelques années plus tard, le régime de Déby a monté en corrélation avec le régime de Baré Maïnassara et une maffia internationale, l'affaire des faux dinars de Bahreïn, dont le monde entier a entendu parler. Les institutions tchadiennes comme les banques ont été utilisées pour blanchir cette fausse monnaie (Lire dans la partie Contribution du site l'article du journal le Monde du mercredi 23 juin 1999).
L'un des hommes clé de cette affaire à savoir M Hassan Fadoul Kitir, a préféré
jouer à la balance, sauver sa peau et planquer ses milliards qui lui assurent aujourd'hui une retraite dorée au Togo. L'aubaine était trop belle, ce fut la planche à billets. Des millions de
francs Cfa ont été fabriqués au jardin du président, cette monnaie de singe fut utilisée lors des campagnes électorales, mais aussi pour escroquer des commerçants à qui on devait payer
d'importants travaux de construction. Les faux Cfa du Tchad ont envahi l'Afrique centrale et il a fallu l'intervention musclée des présidents Chirac et Bongo pour que cette pratique
cesse.
De la fausse monnaie, on est passé à la drogue dure. C'est ainsi que la plus grosse prise de cocaïne en Europe, est le fait d'un Conseiller de Déby à savoir M Adoum
Aganaye, frère du très connu Tidjani THIAM, actuel Conseiller de Deby. M Adoum Aganaye, muni des papiers diplomatiques, ordre de mission de la
présidence tchadienne a transporté dans ses bagages de Colombie jusqu'à Bonn 130 kg de cocaïne, plaqués dans des malles estampillés « présidence de la République tchadienne ». Le
convoyeur se croyait couvert d'une immunité diplomatique parce que détenteur d'un passeport diplomatique. Il fut arrêté à l'aéroport et condamné à 30 ans de prison ferme. Le « mulet »
fut lâché par Deby et son équipe, Ali Abderamane Haggar a été dépêché auprès des autorités allemandes pour sacrifier l'agneau Aganaye sous le prétexte que les
documents en possession du dealer l'impliquant lui-même et Deby, étaient faux.
Autre trafic mis en place par ces gens décidemment insatiables ; ce sont
les passeports tchadiens vendus par les autorités tchadiennes elles-mêmes, on ne compte pas le nombre de Soudanais Zaghawas qui sont aujourd'hui installés au Canada avec des papiers
tchadiens.
Du bradage des intérêts nationaux à l'abandon de toute souveraineté
Il serait fastidieux d'énumérer tous les dégâts causés au Tchad par l'équipe
Deby. Le plus grand scandale est bien entendu la négociation des accords pétroliers par Deby. L'équipe Deby a bradé tous les intérêts nationaux dans les négociations des accords pétroliers. Cette
équipe a tout cédé même le droit de gérer comme elle le souhaite la minime part qui lui revenait. Deby a mis le pétrole du Tchad sous la double tutelle de la Banque mondiale et du Consortium. Le
baril tchadien est cédé au consortium au prix de 32 dollars alors que le cours normal frôle les 70 dollars.
Le régime Deby est passé à la vente de tout l'arsenal militaire récupéré par les
FANT durant la guerre contre la Libye (avions, chars, missiles, canons, fusils, munitions). Tout a été bradé, les fruits de ces ventes sont allés directement dans leurs comptes bancaires à
l'étranger.
Ensuite, tout le patrimoine foncier du Tchad a été vendu, c'est ainsi que certains camps militaires, et de grandes zones au centre de la ville de N'djamena ont été cédés à vil prix à la Libye,
sans qu'on puisse justifier l'opportunité pour le pays de telles opérations. Aujourd'hui, des bruits courent qu'une grande partie de Farcha a été bazardée à une société russe. Même la faune
tchadienne n'a pas été épargnée, des safaris pour amuser des richissimes princes arabes en mal de sensations ont été organisés dans lesquels les gazelles sont mitraillées par les fusils
automatiques à infra rouge.
Puis dans le cadre de la privatisation, des secteurs de l'économie nationale
comme les banques, l'imprimerie nationale, ont été pratiquement donnés au milliardaire Camerounais Fotso.
A l'étranger, tout le monde a appris, effaré, la vente ou plutôt le bradage de
l'ambassade du Tchad à Washington par son ex-ambassadeur Ahmat Hassaballah Soubiane sans qu'on puisse là aussi nous justifier la nécessité de cette opération
de dépossession de l'état tchadien au profit des barons du MPS.
De l'enrichissement d'une élite à la paupérisation des masses.
C'est la descente aux enfers pour le peuple, tout le monde manque de tout et se plaint sans cesse. C'est la croix et la bannière pour un Tchadien d'assurer les 3 repas quotidiens. L'exode rural
s'est amplifié à cause de l'abandon du reste du Tchad, quant à N'djaména, c'est un gros village sale où il n'y a ni eau ni électricité où l'anarchie est à chaque coin de rue. Mais comble de
paradoxe, une certaine élite au pouvoir tirant profit de tous les trafics en tout genre énoncés plus haut, de tous les fruits de multiples bradages, cette élite qui gouverne est la plus riche que
le Tchad n'ait jamais eu.
En 15 ans, le nombre de personnes qui possèdent des biens en France, aux USA, au Canada, est hallucinant. Jugez-en :
Idriss Deby est le premier président Tchadien à posséder en France, plus
précisément à Nice un hôtel particulier, une grande résidence à Monaco et une autre en grande banlieue parisienne. Son épouse Halimé est installée à Courbevoie. M Abderahmane Moussa a acquis un
pavillon, M Raymond Batchiret ex-président de la Cour suprême et par ailleurs époux de la belle sœur de Deby installé à Blois, l'ex-ambassadeur du Tchad à Paris M Mahamoud Hissein, ainsi que son
frère ex-trésorier général M Hissein Mahamoud, M Babikir Korom époux de la belle soeur de Deby, eh bien tout ce beau monde a aujourd'hui qui des appartements qui des pavillons en France, aux USA.
Nous pouvons citer M Ahmat Hassaballah Soubiane, les frères Erdimis et bien d'autres, par exemple les hommes d'affaires proches du régime, Abakar Manani Conseiller pour les affaires
présidentielles a aussi un pavillon.
Du Tchad pays respecté au Tchad de la dignité bafouée.
Aujourd'hui très peu de Tchadiens à l'étranger peuvent s'enorgueillir, discuter, parler fièrement de leur pays, oeuvre de tant d'années en un jour effacée, si l'on nous permet de paraphraser
Corneille. Comment ce régime a-t-il pu à ce point « casser » et avilir l'homo-tchadontropus. Tout le monde a en tête l'énergie dépensée par ce régime pour mobiliser toutes les
composantes du Tchad profond pour applaudir un Kadhafi, synonyme de tant de souffrances pour le peuple Tchadien ; que rien que pour la couverture satellitaire, la location du satellite
Arabsat pour les besoins de sa promenade au Tchad, Kadhafi a payé rubis sur ongle la somme de 5 milliards de francs Cfa, tel que Jeune Afrique l'Intelligent l'a relevé.
Extraordinaire, il y a des symboles comme celle des prisonniers libyens, comme
celle de la déroute de l'armée libyenne qui pèseront longtemps dans le conscient et l'inconscient collectif du peuple libyen.
A ces images traumatisantes, il convenait d'en substituer d'autres, celle d'un peuple Tchadien criant, chantant, dansant, acclamant le grand Kadhafi, montrer des Tchadiens se battre, tomber, se
relever pour courir derrière des boîtes de macaronis, montrer des Tchadiens se disputer jusqu'à l'épuisement pour un petit tapis de prière, montrer ce peuple où on islamise des chrétiens en leur
donnant 50.000 F Cfa.
Passer en boucle des images où l'on voit un Premier ministre Tchadien et son épouse, qui se mettent à genou pour saluer Kadhafi faisant le bonheur de la télévision libyenne qui s'en est littéralement régalée.
Des Tchadiens tous engagés et qui se sont sacrifiés pour défendre leur pays, ce
régime en a fait des mercenaires en Centrafrique, au Congo, au Zaïre, pour des contrats en diamant dont ils n'ont jamais vu l'éclat. Beaucoup sont morts de maladies, certains ont été tués par les
gens qu'ils ont été aider ; par exemple au Zaïre : le corps expéditionnaire du Général Allatchi Tchiri a été ainsi décimé par les zaïrois.
En Centrafrique, les Tchadiens ont été utilisés comme des spécialistes du sale
boulot (en attaquant et éliminant les militaires centrafricains insurgés), le ministre des affaires étrangères Mahamat Saleh Annadif s'en félicitait en déclarant à RFI : « On ne peut faire une omelette sans casser des œufs ». Il faut rappeler que le Tchad faisait partie
d'une force neutre, que les autres contingents ont refusé catégoriquement de « nettoyer » les insurgés car soucieux de l'image de leur pays et de leur armée.
Des Tchadiens déterminés à relever tous les défis, on en a fait des hommes-zombies, fatalistes et fatigués de tout. Alors que le Tchad est parait-il devenu démocratique, que les gens lui ont
apporté la liberté, mais aussi le pétrole, eh bien c'est ce même Tchad qui se vide aujourd'hui de toute sa jeunesse, jamais les jeunes n'ont autant fui le pays, même pendant la guerre, il n'y a
pas eu un exode aussi lointain (Canada, USA, Taiwan, etc.).
Ce qui caractérise avant tout le régime Deby, c'est sa formidable capacité à tout détruire, à produire et encourager des cas hybrides. On a vu l'émergence sur ses flans, d'une élite à son image,
c'est la « génération tube digestif », je suis un cadre, je suis avant tout un tube digestif,
je m'en fous de ce que fait le régime, je veux remplir mon tube digestif et vite. Qui suis-je ? Je suis un partisan de Deby.
Du viol comme arme de guerre
Eh oui ! C'est aussi le cauchemar vécu par les familles tchadiennes. Tout le monde en parle au Tchad où les gens n'ont que leurs yeux pour pleurer en ce qui concerne les femmes, tandis que
les hommes, la rage au cœur et au ventre en sont mortifiés.
Jamais auparavant au Tchad, le viol et le rapt quasi quotidien de jeunes filles n'ont été utilisés pour exprimer toute la brutalité d'un pouvoir pour soumettre et humilier certaines franges de la population. Ce cauchemar qui est désormais un crime contre l'humanité se déroule à N'djaména, à Faya, à Moundou, à Sarh, à Abéché, à Moussoro, dans les hameaux périphériques de N'djaména, dans les campements des arabes nomades où de toutes jeunes filles sont kidnappées et violées.
Comment de tels faits aussi dramatiques et ignobles sont passés sous silence par
l'ensemble de la diaspora tchadienne qui a pourtant des possibilités d'alerte et de dénonciation de tous ces actes criminels ?
De l'incapacité à gouverner au naufrage d'un pays.
Autre record battu par le Tchad de Deby, notre pays a été classé, pays le plus corrompu au monde, selon un rapport de Transparency International. Idriss Deby miné par sa maladie est aujourd'hui
pratiquement en cessation de ses fonctions présidentielles, englué qu'il est dans la crise qui l'oppose aux insurgés à l'Est du pays, il est en sursis.
Le pays est dans une impasse totale, le régime quant à lui survit grâce à l'implication des deux co-gestionnaires du destin du Tchad c'est-à-dire la France et la Libye. Ces deux pays ont un avis
très réservé sur le leader du FUC et potentiel successeur de Deby.
La France estime qu'elle ne le connaît pas, et se méfie. La Libye quant à elle pense qu'il n'est pas non plus son « homme », qu'il serait plus proche du Soudan ; d'où tous les
efforts qui sont déployés de part et d'autre pour empêcher Deby de couler. Ce dernier, tous les horizons sont bouchés, il sait que son destin n'est plus entre ses mains, alors c'est la fuite en
avant ; changement de nom, nomination de sa nouvelle épouse à la présidence, celle-ci convoque les Conseillers spéciaux et leur passe des savons, bouscule l'ordre protocolaire. Le pays
dérive comme un bateau ivre
Source : www.zoomtchad.comL'affaire du pétrole tchadien a montré au monde entier, l'incurie, l'incompétence, le manque de patriotisme de Deby et de tous ceux qui ont constitué le Staff qui « a négocié » ces accords. Obsédé par son arrivée et son maintien au pouvoir, lui et son équipe ont signé sans se soucier d'intérêts nationaux. – Abderahmane Moussa et Daoussa Deby, …etc. qui ont négocié avec les autorités nigérianes la livraison de ces hommes à Deby. Cette affaire incroyable est passée comme une lettre à la poste et c'est là où réside toute l'ignominie des Ong des droits de l'homme. Seules les Ong nigérianes se sont mobilisées pour dénoncer ces crimes. Il va sans dire que cette affaire rebondira un jour ou l'autre. …etc.). Ces villes n'ont rien à envier à N'djaména.