La Voix du Nord dimanche 05 avril 2009
Il y a des aînés qui aiment le défi. La preuve avec Béatrice et Dominique Lesaffre, un couple de Sainghin-en-Mélantois, qui part en Centrafrique pour deux ans de coopération. Décollage ce
mercredi.
Sagesse d'Afrique... Un livre posé sur la table basse du salon. Deux mots qui
sonnent comme une promesse et annoncent le départ imminent des propriétaires. Dans trois jours, Dominique et Béatrice Lesaffre vogueront vers Bangui, capitale de la République centrafricaine.
Pour deux ans de coopération. Un sacré défi et un projet mûri à deux. Lui voulait à la retraite « (s)'engager sur le long terme, rendre ce qu'on a reçu à des gens qui en ont besoin ». Elle avait
« cette idée en tête depuis l'âge de 18 ans, mais à l'époque on ne laissait pas partir les jeunes filles
facilement ». Dès lors, tous deux ne pouvaient que se retrouver et « réaliser un
rêve ».
« On verra ! »
Une belle histoire, même si à quelques heures du départ, même fin prêts, ils évoquent un peu un saut dans l'inconnu. « On verra ! » Leur action sur place ? Béatrice, 63 ans,ancienne professeur, sera chargée de la formation des maîtres des écoles primaire et
maternelle dans « un pays où beaucoup d'enfants ne sont pas scolarisés », notamment à Alindao
où ils se rendent.
Dominique, 65 ans, sera responsable logistique du diocèse et développera là-bas des projets Caritas (Secours catholique). Après avoir sacrifié à une formation et fait de multiples bilans
médicaux, sans compter les vaccinations, tous deux remplaceront un couple germano-alsacien en place depuis trois ans, parti comme eux avec l'ONG FIDESCO, organisation catholique de coopération
internationale, qui travaille sur le long terme. Une démarche appréciée : « Ils insistent beaucoup sur l'importance d'être au plus près des habitants, en prenant le temps, pour mieux les
comprendre.
» D'où ce séjour de deux ans.
« A priori, il y aura un temps d'adaptation de six mois environ, disent-ils, mais nous serons bien entourés par des membres de l'association. » Malgré tout, la vie au quotidien, qui ne ressemble en rien à la nôtre, sera un choc. « Nous sommes prévenus,
confient-ils, par exemple, il n'y a pas de chaîne du froid, l'électricité ne fonctionne que deux heures par jour, la capitale se trouve à 9 - 10 heures de piste... » Mais pour
eux, « qu'importent les conditions matérielles ».
« C'est votre vie »
Reste la coupure avec la famille, la région. « C'est sûr, confient-ils, le plus difficile est de quitter les
quatre enfants et les douze petits-enfants, sans oublier un à naître prochainement. Mais tous nous ont rassurés : "C'est votre vie, faites-le." Et puis Internet a tout changé, on
communiquera... » Alors, c'est comme s'ils étaient déjà un peu partis, comme en témoignent quelques valises bourrées à craquer de... livres scolaires. « Inutile de prévoir beaucoup de vêtements là-bas », plaisante Béatrice. Et après ? « On reviendra, c'est sûr, nos racines sont ici.
» Mais transformés, sans aucun doute. « Tous ceux qui l'ont
fait témoignent d'un enrichissement humain. » On veut bien les croire.
BERNARD VIREL
Les rédactions de La Voix du Nord