Discours d’ouverture des travaux du Conseil Politique
National- Bangui, les 20 et 21 Février 2009
Camarades Conseillers Politique Nationaux
Camarades Vices Présidents du Parti
Camarades Membres du Bureau Politique,
Camarades militantes et militants,
Chers invités,
Mesdames et Messieurs,
Au nom du Bureau Politique, je voudrais tout d’abord vous saluer et vous souhaiter la bienvenue dans cette salle qui abrite les travaux du Conseil Politique National de notre Parti, tout en vous félicitant pour votre participation massive qui, sans nul doute, nous permettra d’affermir notre base politique et de préparer plus rationnellement et plus sereinement qu’en 2005, les échéances à venir.
C’est donc un plaisir et un honneur pour moi de m’adresser à vous, pour ouvrir les travaux de notre premier Conseil Politique National depuis notre 3ème Congrès, celui de la refondation, de l’ouverture et de la réconciliation.
Camarades,
Point n’est besoin de rappeler aux fervents militants que vous êtes, que le Conseil Politique National est, selon les dispositions de l’article 25 de nos statuts, l’organe de décision le plus élevé du Parti, dans l’intervalle des congrès. Son ordre du jour est préalablement fixé par le Bureau Politique, et il examine, suite au rapport de ce même Bureau Politique, les grandes questions nationales, et fixe les orientations politiques à suivre aussi bien par le Bureau Politique que l’ensemble du Parti jusqu’au prochain Congrès.
Il est vrai que selon les dispositions de l’article 25 déjà cité, le Conseil Politique National se réunit une fois par semestre en session ordinaire sur convocation du Président du Parti. Il est également prévu qu’il peut se réunir en session extraordinaire à la demande du Président du Parti ou des 2/3 de ses membres.
Si depuis juin 2007, la première session du CPN n’a pu être convoquée, cela est dû à diverses raisons dont la principale était notre mobilisation pour la restructuration de nos organes sur le terrain et les travaux préparatoires du Dialogue Politique Inclusif. L’essentiel, je crois, est qu’aujourd’hui, nous soyons enfin tous réunis pour cette session du CPN
Camarades,
L’’ordre du jour des présents travaux portera sur les points suivants:
1- Examen et adoption du Rapport moral, politique et financier du Bureau Politique ;
2- Examen des propositions de critères de désignation des Candidats aux élections municipales et législatives ;
3- Examen des Contentieux entre certains Conseillers Politiques Nationaux (CPN) et les fédérations ;
4- Examen des différentes sanctions individuelles ;
5- Fixation de la date du Congrès extraordinaire pour la désignation du candidat MLPC aux élections présidentielles ;
6- Recommandations et Résolutions du C.P.N ;
7- Divers.
Camarades,
Permettez-moi, d’ores et déjà, de vous présenter la vision du Bureau Politique de la situation de notre pays, telle qu’elle se déroule sous nos yeux tous les jours.
1- D’abord sur le plan Politique
Au sortir du Dialogue Politique Inclusif (DPI), il a été expressément recommandé au Président de la République de mettre en place un gouvernement comprenant toutes les entités parties prenantes au Dialogue Politique Inclusif, dont les principales missions, définies par ces mêmes assises, sont les suivantes:
1- Ramener la paix et la sécurité sur toute l’étendue du territoire,
2- Travailler à la réconciliation véritable et définitive autre les centrafricains,
3- Prendre les mesures nécessaires au renforcement de la démocratie,
4- Favoriser le développement économique et social,
5- Mettre en œuvre toutes les recommandations du Dialogue Politique Inclusif.
Dès le lendemain du Dialogue Politique Inclusif, les lampions étant éteints et l’attention de la communauté internationale étant éloignée de notre pays, le Président BOZIZE a commencé à manipuler ces recommandations, pour les vider de leurs substances.
S’agissant de la question centrale du gouvernement de consensus, le Président BOZIZE a sorti de sa poche une nouvelle lecture de la Constitution de notre pays, qui restera gravée dans les annales de notre Histoire et selon laquelle le gouvernement centrafricain ne comprend pas le Premier Ministre. Il trouvera quand même le moyen de « démissionner » son Premier ministre, comme exigé par l’UFVN, le dimanche 18 janvier au soir pour le reconduire le lundi 19 janvier au matin. Ce même Gouvernement dont l’incapacité à gérer notre pays est décriée aussi bien au niveau national qu’international a été entièrement reconduit, et même certains de ses membres promus. Le Président BOZIZE reste Ministre de la Défense Nationale, puisque son fils n’est que Ministre délégué à la Présidence, ce qui consacre le statu quo en matière de violation des dispositions constitutionnelles sur le cumul des fonctions par le Président de la République, tant décrié lors du DPI. Nous espérons au moins que la prochaine session de l’Assemblée nationale mettra enfin en place la Haute Cour de Justice pour nous permettre de la saisir sur cette question, et sur d’autres.
Chers Camarades,
Pourquoi le Président de la République a-t-il refusé de mettre en place un gouvernement de consensus, et a préféré mettre en place un gouvernement majoritairement composé de ses partisans ? La réponse est très simple : elle est que le Président de la République a mis en place ce gouvernement de parents et de copains dans le dessein de s’assurer le contrôle du processus électoral.
Pendant nos travaux, nous devons réfléchir très sérieusement à cette question et y trouver les voies et moyens démocratiques d’empêcher ces velléités de passage en force qui se dessinent, car nous sommes tous d’accord que 2010 ne doit pas être 2005. A bon entendeur salut !
Le Dialogue Politique Inclusif a également prévu d’autres dispositifs, pour que ses recommandations soient appliquées, afin de garantir un retour à une paix durable dans notre pays. Ces dispositifs sont les suivants :
- Le Comité de Suivi du Dialogue Politique Inclusif, qui vient d’être mis en place. L’UFVN, et à travers elle le MLPC, y est représenté par notre frère Koyaméné du RDC comme Vice-président, et trois autres représentants de l’UFVN. Il reviendra à ce Comité de Suivi qui travaillera sous le Haut Parrainage de son Excellence le Président Omar Bongo Ondimba, Président de la République gabonaise et Haut Médiateur de l’Espace CEMAC pour la crise centrafricaine, aux côtés des représentants de la communauté internationale et des entités parties prenantes au Dialogue Politique Inclusif, de veiller à l’application intégrale et impartiale de toutes les recommandations.
- Le comité ad hoc chargé de la relecture du code électoral dont nous attendons la mise en place. Le code électoral actuel, faut-il le rappeler, a été mille fois remanié par ordonnances, y compris en pleine période électorale, et par le candidat BOZIZE lui-même. Elle est donc partiale, recèle plein d’incohérences et d’insuffisances. Le Bureau Politique a déjà effectué en interne une relecture complète du Code électoral et versera ses conclusions aux débats de ce Comité lorsqu’il sera mis en place.
- La Commission Electorale Indépendante à la quelle nous tenons particulièrement, et dont nous attendons également la mise en place. Point n’est besoin de vous rappeler ici le rôle néfaste qu’ont joué certains acteurs lors des derniers scrutins au sein de la Commission Electorale Mixte Indépendante, la fameuse CEMI et ses démembrements locaux de triste réputation. La Commission Electorale Indépendante à créer devra s’approprier l’ensemble du processus électoral sans ingérence aucune ni de l’administration territoriale, civile ni militaire. Elle devra être autonome et mettra en place toute l’ingénierie électorale : les listes électorales doivent être refaites et auditées, de nouvelles cartes électorales mises en place, les pièces d’identification des électeurs doivent être précisées et distribuées à tous et à toutes, et partout sur le territoire national sans discrimination ni manipulations, et tout les logiciels informatiques contradictoirement audités par le parties prenantes aux élections et les bailleurs de fonds.
Les élections étant toujours à la source de l’instabilité dans nos Etats, nous en appelons aux bailleurs de fonds pour que les efforts consentis par leurs pays et organisations ne servent pas à cautionner des simulacres d’élections et des véritables voies de fait.
C’est également le lieu de demander à ces présentes assises de prendre les dispositions nécessaires pour mobiliser toutes les structures du Parti (cellules, sections, sous-fédérations et fédérations), aussi bien en RCA qu’à l’étranger, pour s’assurer que tous nos militants s’inscrivent effectivement sur les listes électorales dont il faut s’assurer de l’existence effective et de sa bonne tenue auprès des chefs de quartier et de village. Tous faits incongrus doivent nous être immédiatement signalés.
Il faut noter pour le souligner que le DPI a recommandé l’organisation des élections municipales en 2010, comme pour les législatives et les présidentielles. Cela suppose le vote et la promulgation d’une Loi organique sur les collectivités territoriales et l’adoption des textes réglementaires subséquents. Il importe que le Conseil Politique National réfléchisse dès à présent à la constitution de nos listes de candidats pour les municipales, par commune dans tout le pays.
Camarades,
Nous avons dit que l’objectif principal du DPI est de ramener une paix durable dans notre pays et de garantir les conditions de sa pérennité. C’est pourquoi nous remercions les pays de la CEMAC et de la BEAC qui ont récemment décidé d’octroyer une aide de 8 milliards de francs Cfa pour le programme Démobilisation-Désarment et Réinsertion (DDR). Nous saluons également la promesse de l’Union Européenne d’y consacrer 4 millions d’euros. Nous appelons d’autres donateurs à soutenir ce processus car il y va de la survie de la RCA en tant qu’Etat digne de ce nom, et il s’agit pour nos populations de l’arrière-pays, laissés pour compte par un Etat défaillant et victimes de violences intolérables , de rentrer dans leurs villages et de reprendre goût à la vie.
Le MLPC invite la communauté internationale à prendre toutes les dispositions nécessaires pour bien sécuriser les différentes aides financières et matérielles destinées au DDR sous leur propre garde, car la prédation est une seconde nature dans ce pays. Nous apprenons par-ci par -là que des appétits commencent à s’aiguiser, notamment au sein de personnalités sans scrupules – et qui sont d’ailleurs toujours les mêmes - qui tentent déjà de poignarder une deuxième fois nos populations sinistrées en montant des scenarii pour détourner les financements du DDR à leurs fins personnelles et politiques. La vigilance de tous les instants s’impose, car les bourreaux de ce peuple ne veulent ni de la transparence ni de la démocratie, comme en témoignent certains faits importants :
- Notre pays a reçu des dons et subventions des pays étrangers, de personnalités étrangères ainsi que des décaissements de fonds publics pour organiser le DPI. A ce jour, aucune clôture de comptes n’a été faite avec audit et certification d’experts indépendants, pour prouver la bonne utilisation de ces concours qui ont été mobilisés au nom du peuple centrafricain.
- Malgré les proclamations démocratiques du pouvoir et malgré les dispositions de l’ordonnance N°05.007 du 2 juin 2005 en son article 3 qui nous garantit le libre exercice de nos activités politiques, nos militantes et militants et moi-même lors de ma dernière tournée dans le pays, vivons les pires tracasseries et avec ma délégation de retour de Dédé-Mokouba, j’ai même reçu des menaces de mort de la part d’une autorité militaire. J’ai saisi le Ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation par une lettre de protestation datée du 4 février 2009, et dans réponse datée du 6 février 2009, il m’a assuré que des dispositions seront prises pour le rappel à l’ordre des autorités administratives et militaires concernées.
- depuis la sortie du DPI, alors que le Ministère de la Communication, de la Réconciliation Nationale et du Dialogue a été érigé en Ministère d’Etat, nous subissons quotidiennement des émission tendancieuses sur les ondes de notre Radio Nationale et en sango pour éviter les oreilles indiscrètes de la communauté internationale, et dont l’objectif premier est de faire le culte de la personnalité du Président de la République, mais surtout d’insulter à longueur de journée les responsables de l’opposition démocratique, avec une prédilection contre ceux du MLPC. Nous aurions aimé connaître la position du Haut Conseil de la communication à cet effet, cet organisme qui n’a pas hésité à suspendre pour un mois un journal privé qui aurait insulté des députés.
Votre session devra nous donner les directives politiques à cet effet.
2- Ensuite sur le plan économique
Je ne le répéterai jamais assez : l’économie de notre pays est malade, parce que volontairement mal gérée par nos dirigeants, en dépit de gros efforts consentis par la communauté internationale pour venir au secours de la République centrafricaine. Heureusement pour moi et malheureusement pour notre pays , je ne suis pas le seul à le dire,. Je vous invite à lire attentivement deux documents, qui ne sont pas produits par le MLPC ni par un parti politique d’opposition:
- Le premier document est le communiqué conjoint du Groupement des Industriels Centrafricains (G.I.C.A) et de l’Union Nationale du Patronat Centrafricain, les deux organisations syndicales patronales centrafricaines. Sortant de leur réserve habituelle, les patrons centrafricains ont dressé un constat sans appel de la gouvernance économique de notre pays : prédation, harcèlement fiscal, corruption, abus de droit et d’autorité, insécurité juridique, etc., etc., et ont conclu en menaçant de fermer leurs entreprises si rien n’était fait.
- Le Rapport National sur le développement humain en R.C.A présenté par le P.N.U.D conclut qu’en tout état de cause, la confiance est rompue entre les populations et le régime du Général François BOZIZE. Les derniers sondages exprimés dans ce Rapport font état de ce que 83, 4% de la population centrafricaine ne fait pas confiance au gouvernement pour lui venir en aide et de surcroit, elle le juge incapable de mener à bien des changements.
Tous les secteurs de l’économie, je dis bien tous les secteurs sont sinistrés et mal gérés :
- l’agriculture de rente (coton, café, tabac) a disparu et plongé l’arrière-pays dans une économie de troc, une économie de survie, dans un paysage où toutes les infrastructures de base sont déliquescentes.
- Le secteur forestier vient de plonger dans la crise, et le secteur des mines est le condensé de pratiques aussi bien de mauvaise gestion que de prédation volontaires, organisées et assumées, comme le hold-up récemment pratiqué sur les collecteurs de diamant. Les permis miniers centrafricains sont distribués à tour de bras à des personnages sulfureux, recherchés par la justice internationale pour des crimes financiers organisés en bande.
- -L’eau et l’électricité, qui ont déjà disparu en province, et sont une denrée rares même à Bangui comme en témoignent les émeutes de Bimbo contre les coupures de courant depuis plus de trois mois.
- Les prix des produits de première nécessité flambent comme bon leur semble.
Dans le domaine des finances publiques, après la rocambolesque et irresponsable dissolution de la douane, après les scandales financiers d’ailleurs non dénoués du type Unitec- Bénin, des corps de contrôle illégaux sont mis en place pour spolier les maigres ressources de l’Etat. Tels sont les cas de la SODIF, du CEMIFI, de la CEMIDO, etc.
Comme disent les centrafricains, c’est Dieu
qui nous maintient en vie aujourd’hui, et non une quelconque politique économique.
3- Sur le plan sécuritaire
Au sortir du DPI, nous avions tous pensé que
la paix était entrain de revenir dans notre pays, mais force est de constater que, depuis janvier 2009, c'est-à-dire, moins de deux à trois semaines après la clôture du DPI, l’insécurité semble revenir au galop.
Il faut très rapidement créer les conditions de retour dans leurs foyers des déplacés et des réfugiés, condition première d’élections justes et représentatives de la volonté de l’ensemble du
peuple centrafricain.
Le maintien de l’insécurité dans certaines régions semble être une stratégie du pouvoir pour maintenir loin du pays et loin des urnes des populations réputées défavorables au Président BOZIZE.
Votre session doit bien prendre en compte cette stratégie inavouée du pouvoir et donner des directives pour la neutraliser sur le terrain.
4- Enfin sur le plan Social
Dans ce domaine aussi, il faut le répéter
avec force, l’échec du régime est cuisant. Rappelez vous les discours du Président BOZIZE lorsqu’il était en rébellion : il disait ne pas pouvoir attendre les élections de 2005 parce que le
pays était agonisant, et qu’il lui fallait vite prendre le pouvoir par les armes pour sauver le pays , relancer l’agriculture et l’élevage, sauver les secteurs miniers et forestiers, et
naturellement assurer la régularité du paiement des salaires, bourses et pension.
La conséquence de cette politique, c’est le chômage endémique des jeunes diplômés auxquels on a fait
miroiter une intégration non- effective depuis plus d’un an.
La politique d’exclusion a également fait plusieurs victimes dans les rangs des fonctionnaires et Agents de l’Etat non membres de la bonne ethnie, et dans les rangs des militants du MLPC en
particulier. Je donne pour exemple un article de la presse privée qui a rapporté au début de ce mois
l’existence de 139 fonctionnaires et agents de l’Etat, cadres des douanes non utilisés parce qu’ils ne sont pas en odeur de sainteté.
Les bourses d’études sont attribuées en fonction de l’appartenance ethnique et parfois en dehors de l’instance officielle chargée de l’attribution
des bourses
Les mouvements des fonctionnaire et agents de l’Etat des différents départements ministériels, sont confectionnés ou censurés par des « comités » siégeant dans les quartiers et rassemblant des idéologues et théoriciens en herbe de la suprématie ethnique, avant toute signature par les autorités habilitées.
Camarades Conseillers Politique Nationaux,
Devant cette situation catastrophique que ce
régime impose à notre pays, que devons nous faire ? Devon nous rester les bras croisés ? Devons- nous nous plier?
La réponse est non. Non ! Car les militantes et les militantes du MLPC, mouvement de libération, le Parti de la justice, de la liberté et du
travail, doivent être débout !
Nous devons être débout, aux côtés de toues les forces vives de la nation et de toutes les forces de progrès, pour refuser l’autocratie, la fatalité,
la médiocrité et la misère. Nous devons être debout pour la reconquête du pouvoir en 2010. Pour cela, cette session du CPN doit nous donner les orientations politiques
nécessaires :
-
-
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La Victoire de demain se prépare aujourd’hui.
Oui, nous pouvons !
C’est sur ces mots que je déclare ouvert les travaux de la première session du CPN de notre mandat à la
tête du Parti.
Victoire !
Victoire !
Victoire !
Pour définir l’ensemble de la stratégie adéquate