21/10/2008 à 05:17 TU
Christophe Boisbouvier RFI : M. le président bonjour,
François Bozizé : bonjour
C B (RFI) : Le Bureau des Nations unies en Centrafrique le BONUCA a remis un rapport assez alarmant sur la situation des droits de l’homme dans le Nord Ouest de la République centrafricaine en ce début d’année 2008, où de nombreuses exactions et des exécutions sommaires commises par l’armée centrafricaine…
F B : Oh vous savez, dans ce genre de situation, en ce qui concerne la République centrafricaine, on a toujours voulu exagérer les choses. La paix s’instaure en RCA. C’est un pays qui a connu beaucoup de soubresauts. Nous préférerions que les institutions internationales nous aident dans l’effort que déploie le gouvernement pour faire asseoir la sécurité dans le pays. C’est un pays où la pauvreté est criarde. La pauvreté de la population ce n’est pas aussi une question de droits de l’homme ?
C B (RFI) : Il n’empêche qu’il y a eu quand même des accusations très précises qui ont été portées notamment à l’égard de l’office central de répression du banditisme (l’OCRB). Il y aurait eu des tortures dans les locaux de l’OCRB. Qu’est ce que vous allez faire pour améliorer la situation ?
F B : Non ! non ! Ce sont des faits qui se sont déroulés il y a au moins deux ans. Ce ne sont pas des faits récents. Vous voulez, on est toujours en train de remuer le couteau dans la plaie pour ternir l’image de la République centrafricaine qui effectue de grands efforts. La paix existe. La situation est maîtrisée dans le pays.
C B (RFI) : Est-ce qu’il n’y a pas tout de même des violences graves dans le Nord Ouest de votre pays ? est-ce qu’il n’y a pas par exemple des gens décapités, des têtes coupées qui sont promenées par des responsables…
F B : C’est vous qui le dites. C’est RFI qui le dit. Chaque matin nous écoutons RFI ternir la République centrafricaine au lieu d’aider ce pauvre pays à sortir de la situation dans laquelle elle se trouve. Venez avec moi, noua allons traverser le Nord de l RCA, vous verrez que les gens vivent en paix et vaquent à leurs occupations normalement mis à part les éléments de l’APRD qui se transforment en bandits pour attaquer les paysans, les éleveurs, les commerçants, dans leurs activités.
C B : C’est le rapport…Alors justement, vous parlez de l’APRD de Jean Jacques Demafouth. Votre gouvernement a signé en juin dernier à Libreville un projet d’accord avec ce mouvement rebelle qui prévoyait un dialogue à Bangui aux termes d’une loi d’amnistie mais maintenant tout est bloqué parce que les anciens rebelles disent que cette loi d’amnistie, elle ne va pas les protéger, elle ne les concerne pas directement ; ils resteront menacés.
F B : Non ! non ! Je crois que euh… Si vous voulez faire venir M. Demafouth à RFI à une table ronde, nous allons expliquer tranquillement les choses. Les accords de Libreville, il était question d’une loi d’amnistie pour que chacun vienne à Bangui. La loi d’amnistie a été prise. Elle a été publiée. Elle concerne Demafouth, Patassé, Abdoulaye Miskine, qu’est ce que voulez que nous puissions faire de plus ? Cette loi d’amnistie est claire. Demafouth a son problème avec la justice depuis l’époque Patassé et ça le gène énormément, mais qu’il n’accuse pas le pouvoir en place sur quoi que ce soit.
C B : Est-ce que la meilleure façon de parler avec M. Demafouth n’est pas de l’amnistier ?
F B : Mais il est amnistié. Je viens de vous le dire ; ainsi que tous ses combattants sont amnistiés depuis le 13 de ce mois.
C B : Donc pour vous, tout est réglé ?
F B : Tout est réglé ! Tout est réglé ! C’est la raison pour laquelle je vous demanderai de provoquer une émission radiodiffusée où Demafouth parle ; nous nous parlons et vous connaîtrez la vérité. Demafouth est libre de venir chez lui en Centrafrique.
C B : Sans être poursuivi par la justice ?
F B : Mais comment ? La loi…je vais vous la remettre. Vous allez le lire tranquillement.
C B : Est-ce qu’on peut dire la même chose de tous les chefs rebelles et de tous les opposants en exil ; je pense à Charles Massi par exemple…
F B : Charles Massi a quitté la République centrafricaine de lui-même. Qu’est-ce qu’il vous dit ?
C B : Il dit qu’il souhaite le dialogue avec vous.
F B : Mais est-ce que nous l’avons empêché ? Il a quitté la RCA tranquillement. Est-ce que nous l’avons chassé ? Non ! non !
C B : Vous venez de parler de votre prédécesseur Ange Félix Patassé. Il y a une procédure en ce moment à la CPI contre tous les responsables des exactions de 2002, 2003, à commencer par Jean-Pierre Bemba qui est en prison. Qu’est-ce qui va advenir d’Ange Félix Patassé qui était chef de l’Etat à l’époque ?
F B : Vous savez, c’est une affaire de justice et le tribunal international…qu’on lui laisse le temps de faire son travail. Ne me demandez pas de faire le travail à sa place.
C B : Simplement, on peut s’étonner que Jean Pierre Bemba qui n’était que l’exécutant des ordres d’Ange Félix Patassé soit en prison et qu’Ange Félix Patassé soit en liberté au Togo. Quel est votre sentiment là-dessus ?
F B : Oui mais c’est le tribunal qui doit se prononcer. Vous voulez que j’aille arrêter euh..l’autre là…Patassé ? Je ne peux pas faire le travail à la place du TPI.
C B : En fait, pour faire la paix dans votre pays, il ne faudrait pas que M. Patassé soit amnistié lui aussi.
F B : Pourquoi ? Il est amnistié. J’ai toujours dit depuis le changement jusqu’à ce jour que Patassé pouvait rentrer chez lui en RCA sauf s’il a des problèmes avec la justice. Et voilà que pour le confirmer, je l’ai amnistié ainsi que tous ses co-auteurs. C’est clair !
C B : Alors la CPI enquête sur les événements de 2002, 2003, mais elle veut aussi enquêter sur les événements de 2005 après votre arrivée au pouvoir. Et de ce point de vue, vous avez écrit une lettre au Secrétaire général Ban Ki Moon pour lui demander justement que la CPI n’enquête pas. Pourquoi avez-vous écrit cette lettre ?
F B : Non ! non ! C’est un document que la TPI aura à utiliser. Je n’ai pas de commentaires à faire là-dessus.
C B : M. le président, merci.
(Retranscrit par la rédaction de Centrafrique-Presse)
Ndlr Centrafrique-Presse : Le moins que l'on puisse dire est que les propos de Bozizé sur la paix, la sécurité qui existeraient bel et
bien en République centrafricaine sont un pieux mensonge totalemnt aux antipodes de la réalité que vivent, depuis qu'il est à la tête du pays jusqu'à ce jour, les Centrafricains. De quel pays
parle Bozizé, est on obligé de se demander. Parle-t-il de son village Bézambé ou vraiment de la République centrafricaine ?
La seule chose positive qu'on peut retenir de cette interview est la proposition que fait Bozizé pour que RFI puisse organiser un débat entre lui et Jean Jacques Demafouth. Interrogé par nos soins, ce dernier est parfaitement d'accord pour un tel débat comme suggère Bozizé. Un tel débat sera en effet bien utile pour la clarification de certaines zones d'ombre et la gouverne de l'opinion publique ainsi que celle des Centrafricains. Que RFI se dépêche de le réaliser...!