UNION DES FORCES VIVES DE LA NATION (U.F.V.N)
POUR LE RENOUVEAU DEMOCRATIQUE
DECLARATION SUR LES TROIS PROJETS DE LOI D’AMNISTIE
Au sortir des élections de 2005, la quasi-totalité des Centrafricains croyait fermement avoir renoué avec 1a paix. Nous avions tous la conviction que notre pays venait enfin de tourner une page sombre de notre histoire commune. Nous avons tous, hélas, vite déchanté. En effet, tous les centrafricains ont vite compris que la période électorale ne fut qu'un intermède dont les promesses de paix et de développement sont assimilables à un mirage, puisque malheureusement, nous avons dû nous rendre à l'évidence que notre pays s'est davantage replongé dans une situation de précarité inédite sur tous les plans, précipitant ainsi tout le peuple dans une souffrance intenable et une insécurité inconnue jusqu'alors.
Ces troubles récurrents sous forme de rébellions armées chroniques qui tuent la République, procèdent invariablement et pour l'essentiel des deux mêmes causes, à savoir la FRUSTRATION pour fait « d'exclusion de l'autre» et la MAUVAISE GOUVERNANCE, le tout sur fond de tribalisme, de clanisme, de régionalisme, de népotisme, de clientélisme, idéologies chères aux « Demeures Politiques » en panne de projet de société rigoureusement inspiré par le terrain national et assorti d'un programme de gouvernement cohérent, intégrateur et juste.
C'est devant ce constat de désespoir généralisé que l'Union des Forces Vives de la Nation avait appel publiquement la tenue d'un dialogue politique inclusif. Pour nous, ce dialogue politique inclusif devrait réunir toutes les filles et tous les fils de ce pays, et notamment les responsables politico-militaires pou exorciser le mal centrafricain, afin que notre nation réconciliée ait l'opportunité de se consacrer désormais aux tâches susceptibles d'enclencher le développement de notre pays aux potentialités immenses.
L' l'Union des Forces Vives de la Nation avait en son temps salué les travaux du Comité Préparatoire dl cette importante assise. Elle attendait comme tous les Centrafricains la signature de l'Accord de Paix Global, la mise en place du Comité d'Organisation et les lois d'amnistie, afin que le Dialogue Politique commence enfin de manière Inclusive.
C'est animé par ce soucis d'appuyer ce processus que l'Union des Forces Vives de la Nation a accepté de déléguer à Libreville son Coordonnateur en qualité d'observateur, car ce que notre Peuple dans toutes se: composantes désire est la progression inéluctable de ce processus dont l'aboutissement logique est le vote de la loi d'amnistie devant donner l'opportunité à tous les protagonistes de participer sereinement al Dialogue Politique Inclusif, seul gage d'une retour à la Paix et à la Sécurité.
Malheureusement, à la lecture des trois projets de loi d'amnistie qui viennent d'être soumis à l'Assemblée Nationale lors de la session extraordinaire convoquée à compter de ce jour, J'UFVN fait les constats suivants :
1°) dans le premier projet de loi d'amnistie, »Charité bien ordonnée commençant par soi-même», le Président de la République François BOZIZE s'est autoamnistié ainsi que ses compagnons impliqués dan~ le coup d'Etat de mars 2003, de tous les crimes graves et massifs commis sur toute l'étendue du territoire centrafricain, et dont les stigmates sont encore vives dans notre pays;
2°) dans le second projet de loi d'amnistie, il envisage l'amnistie des éléments tristement célèbres de sa garde prétorienne qui ont semé et sèment toujours la désolation "depuis le 15 mars 2003 jusqu'à ce jour, tant à Bangui que dans le Nord-Ouest et le Nord-est du pays, tuant, pillant et violant sans retenue, comme l'ont souligné les rapports de l'Union des Journalistes Centrafricains (UJCA), International Crisis Group(ICG), Human Rights Watch (HRW),les Systèmes des Nations Unies, etc.
Il faut souligner que par ce projet de loi, le Président BOZIZE fait involontairement un aveu de culpabilité de sa garde prétorienne dans des crimes qu'il a toujours niés. En les reconnaissant implicitement aujourd'hui, il démontre également que c'est volontairement qu'il a toujours refusé d'ouvrir une enquête judiciaire sur ces crimes, malgré les demandes pressantes de la communauté internationale.
3°) le troisième projet de loi concerne les responsables des rébellions politico-militaires, mais uniquement pour les crimes à partir du 15 mars 2003 jusqu'à ce jour. Ce projet exclut donc de fait les responsables politiques et les responsables des rébellions pour les actes commis avant le 15 mars 2003.
Au regard de ce qui précède, quiconque s'oppose au retour de la paix et à la tenue du Dialogue Politique Inclusif ne s'y prendrait pas autrement.
Pour l'Union des Forces Vives de la Nation, si le Président BOZIZE voulait réellement le dialogue puis la paix, ces projets de loi d'amnistie devraient être guidés par les idées forces suivantes:
L'amnistie devrait s'étendre à tous les mouvements politico-militaires sans exception, y compris ceux qui n'ont pas signé d'accords de paix, pour éviter la résurgence de troubles politico-militaires dans le pays;
L'amnistie doit couvrir les faits reprochés aux responsables politiques et politico-militaires commis avant le 15 mars 2003, exactement comme le Président BOZIZE s'est autoamnistié, lui et ses compagnons, pour les actes commis le 15 mars 2003.Il est inadmissible qu'il s'octroie à lui-même la même chose qu'il refuse à autrui.
Compte tenu de tout ce qui précède, l'Union des Forces Vives de la Nation, pour qui ces projets de le d'amnistie de 2003 sont une insulte à toute la nation centrafricaine, parce qu'ils ne contribuent nullement résoudre le réel problème de fond qui est celui du retour à la paix et à la concorde nationale, lequel demeure en l'état, déclare :
• L'Union des Forces Vives de la Nation demande solennellement à l'Assemblée Nationale représentation du peuple souverain, de rejeter ces projets de loi pour leur esprit contraires aux intérêts supérieurs de la nation en péril;
L'Union des Forces Vives de la Nation demande à toutes les forces vives de la nation d'empêche par tous moyens légaux les dérives totalitaires et arbitraires du Chef de l'Etat qui place ses intérêts personnels et ceux de son clan avant l'intérêt du peuple centrafricain, notamment son droit à vivre dans la paix et la sécurité.
L'Union des Forces Vives de la Nation appelle la Communauté internationale à obtenir du Président BOZIZE le retrait de ces projets de lois scélérates, et la rédaction par tous les protagonistes de la crise de projets de loi d'amnistie consensuels.
L'Union des Forces Vives de la Nation suspend à compter de ce jour sa participation au processus du Dialogue Politique Inclusif jusqu'au retour définitif du respect du consensus convenu d'un commun accord.
Fait à Bangui, le 31 juillet 2008
Pour l'U.F.V.N
Le Coordonnateur Maître Henri POUZERE