L’énergie en RCA, parent pauvre du ministère des mines
"Gouverner c'est prévoir" a dit quelqu’un. Sous d’autres cieux, on gouverne d'abord pour le bien être de son peuple. Mais en Centrafrique des pseudos « libérateurs », gouverner le pays, c'est mettre tout en place pour remplir principalement leurs poches, celles de leurs parents proches et de leurs "amis politiques" avec les biens de l'Etat". Dès lors, le sort des Centrafricains est le dernier de leur souci.
En RCA, qui dit mines dit diamant. Le trafic du diamant est bien entendu l’une des raisons principales qui a décidé Bozizé à s’emparer du pouvoir. Ce n’est pas par hasard qu’il a d’emblée mis Sylvain Ndoutingaï à la tête du ministère des mines et énergie et celui-ci y demeure jusqu’ici sans discontinuer. L’approvisionnement énergétique du pays n’a jamais fait l’objet d’une préoccupation particulière de ce ministère. Le volet énergie a été laissé de côté, d'où le retour aujourd'hui de Bangui au paléolithique, c’est à dire quasiment à l’âge de la pierre taillée.
Les banguissois vivent depuis un mois déjà un vrai calvaire. Il faut habiter dans un quartier où réside également un dignitaire du régime ou un ministre pour avoir du courant. Ils ne peuvent conserver les aliments. On vit au jour le jour. Même l’aéroport n’est pas épargné. Les voyageurs font parfois leurs formalités d’embarquement dans le noir. Outre la dramatique situation des hôpitaux où les conséquences de cette crise du courant a déjà fait plusieurs morts, le quotidien des citoyens est pénible sans compter l’accroissement de l’insécurité nocturne qui atteint de ce fait son paroxysme dans les quartiers de la capitale gravement plongés dans la pénombre la nuit tombée.
En menaçant de limoger les responsables de l'Enerca, non seulement Bozizé se voile la face faisant l’autruche, mais il sait très bien que c’est par la mauvaise gouvernance de son ministre de l’Energie, l’indéboulonnable Sylvain Ndoutingaï qu’il a imposé dans ce ministère depuis son coup d’Etat qui est le véritable responsable de l’actuelle crise énergétique. Qui peut ignorer cette évidence ? C'est bien lui le fautif. C'est une fuite en avant. L’état de vétusté des machines de l'usine hydro-électrique de Boali ne vient pas seulement d’être mis en évidence au lendemain du putsch de Bozizé et Ndoutingaï. Le vrai problème est que dans l’intitulé du ministère confié à ce Ndoutingaï, le volet énergie est laissé pour compte. Seules les nominations tribalistes à l’ENERCA des parents et autres copines intéressent le ministre des mines et de l’énergie.
Or ces nominations ne sont pas synonymes de bonne gestion. Bien gérer c’est aussi penser à l’amortissement du matériel et à effectuer des investissements à terme. C’est ce qu’on appelle faire de la prévision. Lorsque le ministre Ndoutingaï passe aussi le plus clair de son temps à sillonner le monde, flanqué du DG de l’ENERCA, pour participer à des séminaires et conférences sans se soucier des indispensables investissements à réaliser pour assurer et sécuriser la fourniture du courant électrique à la capitale Bangui. Ce qui arrive actuellement à Bangui devrait inévitablement survenir.
Comme par hasard, depuis le début de cette crise, le fameux ministre Ndoutingaï se mure dans un silence assourdissant et fuit les micros des journalistes et les demandes d’interview comme la peste. C’est trop facile. Dans un pays normal, ce Ndoutingaï aurait dû déjà démissionner de lui-même avant qu’on ne puisse demander sa tête et même celle de Bozizé.