
Libreville, 04/05 - Jean-Jacques Demafouth, le leader politique de l`Armée populaire pour la restauration de la
démocratie (APRD), principale rébellion centrafricaine, a appelé gouvernement et autres mouvements rebelles à adopter un "programme commun" pour que le pays "sorte la tête de l`eau".
"Il faut que nous concevions un programme commun de gestion du pays", a affirmé M. Demafouth lors d`un entretien samedi avec l`AFP.
Le leader de l`APRD était à Libreville pour signer un accord de paix avec le gouvernement en vue du "dialogue politique" entre pouvoir, opposition non armée, société civile et groupes rebelles,
qui doit s`ouvrir au plus tard le 8 juin.
"Il faut un programme commun pour les deux ou trois ans à venir. Avec, par exemple, la création d`une armée républicaine, la formation de 400 ou 500 médecins, et d`autres objectifs à déterminer",
a-t-il déclaré.
"Pendant cette période, chacun s`engage à ce qu`il n`y ait pas de troubles. Cela pourrait nous permettre de sortir la tête de l`eau (...) Et après, on peut organiser des élections démocratiques
claires", précise M. Demafouth, ancien ministre de la Défense de l`ex-président Ange-Félix Patassé, renversé en 2003 par l`actuel chef de l`Etat François Bozizé.
"En ce moment tout le monde navigue à vue, il n`y pas d`objectif à atteindre. Il nous faut créer les conditions d`un nouvelle +transition+. Avec Bozizé, pourquoi pas?", ajoute M. Demafouth,
devenu chef politique de l`APRD fin mars.
"Il faut profiter du fait que la communauté internationale s`intéresse à notre région. Qu`attendons-nous pour reconstruire notre armée? Créons les conditions de fusion entre l`armée
gouvernementale, l`APRD, l`UFRD (l`Union des forces démocratiques pour le rassemblement) et autres pour qu`il y ait une armée républicaine", suggère M. Demafouth, poursuivi par la justice de son
pays dans le cadre de l`assassinat de cinq proches de l`ex-président André Kolingba en novembre 1999 et qui vit en exil en France depuis 2003.
M. Demafouth, qui nie toute implication dans ces meurtres et souligne que son "chef d`état-major n`était autre que le général Bozizé", préconise une "amnistie générale" pour tous ainsi que "la
libération de tous les militants, cadres de l`APRD actuellement détenus".
"Il faut créer les conditions pour que l`APRD puisse se transformer en parti politique et/ou reverser ses éléments dans l`armée centrafricaine ou les forces de sécurité", dit-il.
M. Demafouth, candidat à la présidentielle 2005 mais qui n`avait pas pu faire campagne dans le pays en raison des charges qui pèsent sur lui, se montre très critique vis-à-vis du régime de M.
Bozizé "pourtant reconnu par la communauté internationale".
"Ce n`est pas parce que vous avez été élu qu`il faut massacrer votre population. La Centrafrique n`est plus une démocratie", estime-t-il. "L`armée n`arrive pas à assurer le contrôle de l`ensemble
du territoire, ni la quiétude pour les populations, ni la libre circulation des biens et des personnes".
"L`APRD est entrée en rébellion parce qu`on a volé les élections, on a mis le pays en situation de dictature, on s`est montré incapable de gérer le problème des coupeurs de route, la gestion
économique est une faillite, etc.", poursuit-il.
"Le tribalisme a atteint son apogée avec Bozizé. Le pays n`appartient pas à une famille", lance M. Demafouth, accusant aussi la garde présidentielle de nombreuses "exactions".
L`APRD et le gouvernement devraient "signer un accord de paix sous la médiation du président du Gabon" (Omar Bongo Ondimba) dans les prochains jours, a récemment déclaré à l`AFP le chef du Bureau
de l`ONU en Centrafrique (Bonuca) François Lonsény Fall.
Les deux autres principaux mouvements rebelles, (UFDR), présents dans le nord-est, et le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) d`Abdoulaye Miskine ont déjà signé l`an dernier des
accords de paix avec Bangui.