
Jeudi 01 mai 2008 (Reportage : A. Zajtman / M. Rabaud)
Les armes se sont tues dans le nord de la Centrafrique, mais la présence de l'Etat fait toujours défaut. Les rebelles n'attendent plus que l'instauration d'un dialogue avec Bangui pour enfin déposer les armes.
Dans la région de la Vakaga, dans le nord de la République centrafricaine, même les enfants attendent la tenue d'un accord de paix. Il y a un an, ils ont été démobilisés. A présent, ils jouent dans la cour de l'école fermée. Les plus jeunes ont à peine huit ans. La plupart aidaient à charger les munitions ou à préparer à manger.
Assise entourée de ses amis, Adama Abakar, neuf ans, explique qu'elle a rejoint la rébellion après la mort de son père, un rebelle tué
au combat. "J'aidais à remplir les chargeurs et à préparer à manger. C'était difficile", indique-t-elle.
Il y a un an, les enfants ont été démobilisés grâce à l'intervention de l'agence Unicef. Djumu Abetara avait seize ans lorsqu'il a
rejoint la rébellion de l'UFDR, l'Union des forces démocratiques pour le rassemblement, une des trois rébellions actives dans le nord de la RCA. "Nous avons pris les armes car l'Etat ne
s'occupe pas de nous. Les écoles, les hôpitaux et les policiers, il n'y en a pas ici", explique-t-il.
Les rebelles contrôlent toujours la région. Leurs aînés exhibent leurs armes, qu'ils gardent jusqu'à la tenue d'un dialogue politique.
"Si le dialogue passe, nous allons déposer nos armes. Mais si ça ne passe pas, nous allons encore manifester", explique Amin Joseph, un commandant de l'UFDR, tout en agitant sa Kalach'.
Les rebelles reconnaissent aussi qu'ils ont utilisé des enfants lors de leur insurrection. "Au combat, on remettait nos chargeurs
vides aux enfants qui les remplissaient", explique un des rebelles.
Les rebelles de l'UFDR ont signé un accord de cessez-le-feu en avril 2007 et leurs frères d'armes de l'APRD, une autre rébellion
active dans le nord, s'apprêtent à faire de même lors d'un accord dont la signature est prévue à Libreville, sous l'égide du Président gabonais Omar Bongo Ondimba dans les prochains jours.
Mais sans une implication plus grande du gouvernement centrafricain et de la communauté internationale pour la tenue d'un véritable
dialogue politique inclusif, la paix reste bien fragile en République centrafricaine. En attendant la réconciliation, les écoles n'ont toujours pas repris dans le nord. Seules les écoles
coraniques fonctionnent le soir. L'avenir de cette ancienne colonie française reste hypothétique.