LEXPRESS.fr vendredi 2 mai 2008, mis à jour à 17:55

Pascal Marlinge, qui dirigeait l'antenne de l'organisation britannique Save The Children au Tchad, a été assassiné jeudi. Le drame a eu lieu à seulement neuf kilomètres à l'est de Farchana, où les soldats de l'armée française servant dans l'Eufor ont établi leur base.
La mort d'un travailleur humanitaire français, jeudi au Tchad, illustre les limites de la force de maintien de la paix européenne (Eufor), qui s'avoue impuissante à protéger l'ensemble des convois humanitaires en raison de son manque d'effectifs.
Pascal Marlinge, qui dirigeait l'antenne de l'organisation britannique Save The Children au Tchad, a été abattu jeudi par des hommes armés alors qu'il circulait à bord d'un convoi entre les villages de Farchana et Hadjer Hadid, à proximité de la frontière avec la région soudanaise du Darfour.
L'attaque a eu lieu à seulement neuf kilomètres à l'est de Farchana, où les soldats de l'armée de mer française servant dans l'Eufor ont établi leur base, a déclaré à Reuters le lieutenant-colonel Jean Axelos, porte-parole de l'Eufor.
"Vous prenez une carte et vous regardez les étendues: il est bien évident que l'Eufor ne pourra jamais être partout en permanence", a reconnu Axelos.
L'Eufor ne dispose à l'heure actuelle que de 2.200 hommes, chargés de protéger les civils, les réfugiés et les travailleurs humanitaires dans une zone de plusieurs centaines de kilomètres carrés, en proie depuis plusieurs années à des poussées de violence.
"DIFFICILE D'ACCOMPAGNER TOUS LES CONVOIS"
Face au manque d'effectifs, explique Axelos, l'Eufor concentre ses efforts sur la protection des camps de réfugiés, des installations humanitaires et des stocks.
"Quantitativement, en termes d'effectifs, il nous serait un peu difficile d'accompagner tous les convois", justifie-t-il.
Les commandants de l'Eufor ont expliqué aux agences humanitaires et aux ONG, qui apportent de l'aide à un demi-million de déplacés soudanais et tchadiens, qu'il leur était impossible pour l'heure de leur garantir une escorte pour chaque convoi.
Mais, explique Axelos, l'attaque meurtrière de jeudi est là pour rappeler le "caractère indispensable de notre mission dans cette zone".
Les effectifs de l'Eufor, toujours en phase de déploiement, doivent atteindre leur niveau opérationnel maximal fin juin avec un total de 3.700 hommes. En plus du contingent français de Farchana, un bataillon irlandais se déploie actuellement à Goz Beida, plus au sud, et des militaires polonais sont attendus à Iriba, au nord.
Par ailleurs, les agences d'aide humanitaire des Nations unies ont décidé en signe de "protestation symbolique" contre l'attaque de la veille de suspendre toutes leurs activités, hormis celles d'urgence, dans l'est du Tchad pour une durée de deux jours, a annoncé à Genève le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'Onu (OCHA).
Des dizaines de convois humanitaires ont été attaqués dans l'est du Tchad ces deux dernières années. Mais si des centaines de civils tchadiens ont été tués par des rebelles, les attaques meurtrières contre des travailleurs étrangers restent rares.
L'Eufor a subi sa première perte humaine en mars lorsque deux soldats français ont franchi la frontière avec le Soudan et sont tombés
sous le feu de l'armée soudanaise. Un soldat avait été tué.
Pascal Fletcher et Stephane Nebehay, version française Clément Dossin
Français tué au Tchad: l'enquête se poursuit, activités humanitaires suspendues
10:05 | 02/05/2008 AFP
L'enquête s'est poursuivie vendredi sur les circonstances du meurtre jeudi dans l'est du Tchad d'un humanitaire français et retrouver les coupables alors qu'agences onusiennes et ONG ont provisoirement suspendu leurs activités en signe de protestation et de solidarité.
L'enquête s'est poursuivie vendredi sur les circonstances du meurtre jeudi dans l'est du Tchad d'un humanitaire français et retrouver les coupables alors qu'agences onusiennes et ONG ont provisoirement suspendu leurs activités en signe de protestation et de solidarité.
La gendarmerie tchadienne enquêtait vendredi sur le terrain après avoir retrouvé jeudi soir à plus de 100 km du lieu de son assassinat le véhicule de l'ONG Save The Children où travaillait Pascal Marlinge. Celui-ci a été abattu alors qu'il faisait partie d'un convoi humanitaire de trois véhicules qui reliait Farchana à Hajir Hadid (à une trentaine de kilomètres au sud), près de la frontière soudanaise, dans un secteur très instable, voisin du Darfour en proie à une guerre civile et où sont installés de nombreux camps de réfugiés.
"Avant leur départ, il était prévu une escorte pour accompagner ce convoi, malheureusement, cette ONG a décidé de partir sans escorte, et elle est tombée entre les mains de bandits de grand chemin", a expliqué à l'AFP, le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité publique Ahmat Mahamat Bachir.
Mahamat Saleh Khayar, le secrétaire général de la région du Ouaddaï, dans l'est du Tchad, où sont situées les localités de départ et d'arrivée prévue du convoi, a nuancé ces propos: "(Nous avons) des problèmes avec les humanitaires" qui "par principe refusent les escortes que nous leur proposons".
La région est particulièrement instable. Pascal Marlinge, chef de mission de l'ONG basée à Londres, est le deuxième humanitaire tué en moins de six mois dans la zone, après la mort d'un chauffeur tchadien d'une ONG en décembre dans le même secteur.
Un soldat de l'Eufor, la force européenne déployée dans la région ainsi que dans le Nord-Est de la Centrafrique, a également été tué debut mars lors d'un accrochage avec l'armée soudanaise.
"Le gouvernement prendra toutes les dispositions nécessaire pour traquer tous les bandits de grand chemin et autres coupeurs de route qui écument cette zone", a promis le ministre, demandant toutefois à "l'Eufor et la MINURCAT (Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad, chargée notamment de la formation des policiers et de la sécurité des camps de réfugiés) de s'organiser pour protéger et assurer la sécurité des réfugiés dans les camps et autour des camps".
Les agences onusiennes et les ONG ont suspendu pour deux jours leurs "activités humanitaires" afin de "protester contre la détérioration de la sécurité à l'est du Tchad, et réitérer leur solidarité avec les familles et collègues de toutes les victimes de cette insécurité", selon un communiqué du Coordonnateur des opérations humanitaires des Nations unies au Tchad, M. Kingsley Amaning.
"Notre pensée se tourne aussi vers les familles et les proches des victimes", ajoute le communiqué.
En France, l'épouse de M. Marlinge, Isabelle, a assuré à l'AFP que son "mari était quelqu'un de très professionnel qui attachait une grande importance à la sécurité. Il ne s'est pas mis en danger, il ne mettait pas en danger les personnes qui travaillaient avec lui".
"Il travaillait pour une organisation anglaise, Save the Children", a-t-elle insisté pour qu'il n'y ait aucune confusion avec l'association Arche de Zoé qui opérait au Tchad sous le nom de l'organisme Children Rescue. Elle a aussi souligné que son mari "n'était pas visé parce qu'il était Français".
Agé de 49 ans, M. Marlinge, était père de deux filles de 25 et 16 ans. La famille résidait à Seilhac, un village du centre de la France.