3 mars 2008
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Selon une enquête LH2 pour Libération, le chef de l’Etat ne recueille que 37 % d’opinions positives (Reuters).
L’image de Nicolas Sarkozy se dégrade. 74% des Français estiment qu’il «ne se contrôle pas assez», selon
notre sondage LH2.
Nathalie Raulin Libérationlundi 3 mars 2008
Nicolas Sarkozy a commis l’impardonnable : propulsé à l’Elysée, il est resté lui-même. Impérieux certes. Mais impulsif et tapageur. Fascinés un temps par la folle
énergie du candidat UMP, les Français redoutent aujourd’hui l’erreur de casting. Pour eux, Sarkozy, c’est trop de luxe (de yacht, de jet, de cadeaux égyptiens), trop de beautés (de Cécilia, de
Carlita) et pas assez de calme.
«Trop direct». Selon une enquête LH2 pour Libération, la défiance vis-à-vis du chef de l’Etat a battu un
nouveau record, Nicolas Sarkozy ne recueillant fin février que 37 % d’opinions positives, soit une dégradation de 4 points par rapport à début février et de 17 points par rapport à
début janvier. A contrario, les opinions négatives culminent, elles, à 59 %. Ce discrédit est sensible dans toutes les catégories politiques et sociales - à l’exception du cercle étroit des
sympathisants UMP - et son ampleur est sans précédent.
Au regard des résultats de l’enquête LH2, l’impopularité du chef de l’Etat tient d’abord à sa façon d’être : ce que les Français reprochent avant tout à Nicolas
Sarkozy, c’est qu’il ne fait pas, ou du moins pas assez, Président.
Les scores sont sans appel. 74 % des personnes interrogées estiment ainsi que le chef de l’Etat «ne se contrôle pas assez», 66 % lui reprochant d’être
«trop direct avec les gens». Le «casse toi, pauv’con» dont Nicolas Sarkozy a gratifié un visiteur du Salon de l’agriculture qui refusait de lui serrer la main a ébranlé jusqu’à
ses partisans : 65 % des sympathisants de l’UMP regrettent son manque de sang-froid.
Les craintes que les dirigeants du parti présidentiel exprimaient en coulisses la semaine dernière se trouvent de facto validées : la repartie du Président a bel et
bien fait des dégâts jusque dans l’électorat de droite. D’autant plus qu’elle a brisé net la contre-offensive lancée quelques jours plus tôt par le gouvernement sur le thème du «trop c’est
trop», qui, s’appuyant sur l’affaire du SMS, campait Nicolas Sarkozy en victime innocente de l’acharnement de médias «charognards», selon l’expression de la secrétaire d’Etat aux
Droits de l’homme, Rama Yade.
Exhibitionnisme. Outre l’absence de contrôle, l’opinion épingle avec la même vigueur l’exhibitionnisme de Sarkozy
: 73 % des personnes interrogées considèrent aujourd’hui que le président de la République «affiche trop sa vie privée», contre 63 % début janvier. A l’évidence, les récents efforts de
discrétion du couple présidentiel n’ont pas permis de redresser la barre : les Français gardent en travers de la gorge les rebondissements de la «love story» élyséenne, entre flirt égyptien
coûteux, voyages officiels goujatement expédiés (en Inde), remariage express et apparitions médiatiques répétées de la nouvelle première dame.
Le directeur des études politiques de l’institut LH2, François Miquet-Marty, analyse : «Ces deux critiques [sur le calme et sur la vie privé, ndlr] font
mouche parce qu’elles induisent, chacune sur son registre, l’idée d’une inadéquation entre l’homme et sa fonction.» Ainsi, plus de la moitié des Français (55 %) estiment que Nicolas Sarkozy
ne «respecte pas suffisamment» la fonction présidentielle. Plus grave, pour 54 % d’entre eux, ce ne sont pas les choix ou la stratégie du chef de l’état qui sont en cause, mais bien sa
«personnalité».
Cette disqualification de l’homme est d’autant plus sévère qu’elle se nourrit des désillusions populaires. Les Français doutent désormais de l’efficacité des
politiques engagées sur deux thèmes clés, l’augmentation du pouvoir d’achat (71 %) et la réduction du chômage (60 %). Seul bon point : la lutte contre l’insécurité, toujours perçue comme efficace
(53 %). En clair, les Français aimaient Sarko, mais place Beauvau.
Published by Centrafrique-Presse.com
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FRANCE