TotalEnergies va-t-il se désengager de République centrafricaine ?
https://www.rfi.fr/ Publié le : 10/10/2022 - 02:26
Des informations de presse font état d'une volonté de la multinationale de vendre ses activités en Centrafrique, en raison de la crise des carburants et du climat des affaires. Le groupe français ne confirme pas ces informations. Mais, dernier importateur de produits pétroliers en Centrafrique, il s'interroge sur ses priorités.
Plus de la moitié des stations Total de Centrafrique sont aujourd'hui à l'arrêt, faute de carburants. Seules celles de Bangui fonctionnent, et encore, à tour de rôle, selon les stocks disponibles, ce qui génère d'interminables queues d'automobilistes, transporteurs et moto-taxis mécontents.
Dernier importateur de carburants du pays, Total limite ses achats, car la vente se fait à perte depuis des mois. Le prix réglementé du litre d'essence est de 865 francs à la pompe, mais il coûte 30 à 40% plus cher au fournisseur.
L'État, qui subventionne la différence, n'a pas réglé l'ardoise. Sa dette se compte aujourd'hui en millions d'euros. Tandis que des organisations proches des autorités, et même de certains membres du gouvernement, accusent l'entreprise « d'organiser la pénurie ».
La Centrafrique est une goutte d'eau dans le chiffre d'affaires global de TotalEnergies, « l'équivalent d'une station d'autoroute française » confie un cadre du groupe. Économiquement, un départ serait donc indolore.
Comme toutes les multinationales, l'entreprise revoit régulièrement son portefeuille, ce qui l'a par exemple conduit à céder ses actifs au Liberia, en Sierra Leone ou encore au Niger ces deux dernières années.
Reste que pour vendre, il faut trouver un acheteur : « vu le climat des affaires, les tracasseries et le coût du transport, ils ne se bousculeront pas », estime un connaisseur du secteur.
Les dernières forces françaises en Centrafrique vont quitter le pays
https://www.rfi.fr/ Publié le 07/10/2022 - 15:43
C'est désormais officiel : les dernières forces militaires françaises présentes en Centrafrique vont quitter le pays prochainement. L'ambassadeur de France à Bangui a confirmé au ministère centrafricain de la Défense la fin de la mission logistique toujours installée à l'aéroport de Bangui-MPoko.
L'ambassadeur de France a notifié le départ prochain de la mission logistique (Mislog). Aucune précision n'a en revanche été apportée sur le calendrier de ce retrait. Des discussions techniques sont en cours à ce sujet entre militaires français et centrafricains, mais il est probable qu'il soit effectif avant la fin de l'année.
La Mislog dépend des Éléments français au Gabon (EFG), son démantèlement était demandé par le ministère français de la Défense, qui estime que ces moyens pourraient trouver une meilleure utilité.
Des missions réduites depuis plus d'un an
Il faut dire que ses missions ont été réduites en raison de la brouille avec Bangui. La France a suspendu son accord de coopération militaire avec la Centrafrique en avril 2021, et l'Union européenne a gelé ses missions de formation soutenues par la Mislog, en décembre 2021, pour la même raison : la présence des miliciens russes de Wagner.
De son côté, la diplomatie française s'opposait à ce démantèlement, mais après plusieurs mois de débat, l'arbitrage a donc penché du côté de la Défense.
Le gouvernement centrafricain n'a pas communiqué sur ce départ qu'il n'avait pas demandé. Néanmoins, des organisations proches des autorités avaient publié ces derniers mois des communiqués de menaces à l'égard de la mission militaire française.
Quelques dizaines de militaires français opèrent par ailleurs en Centrafrique au sein de la Minusca ou du programme européen EUTM, dont les formations aux Faca sont suspendus, mais qui mènent encore d'autres activités.
Dans un rapport, la FIDH décrypte les limites du système de justice centrafricain
https://www.rfi.fr/ Publié le : 06/10/2022 - 21:19
Dans un rapport qui vient de paraitre cette semaine en collaboration avec deux organisations locales, la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) appelle les autorités centrafricaines à améliorer les mécanismes judiciaires et non judiciaires dans le pays. Elle analyse aussi la complémentarité entre trois niveaux de juridiction : les juridictions locales (crimes de guerre et des crimes contre l'humanité peuvent y être jugés), mais aussi la Cour pénale spéciale, à Bangui, et la Cour pénale internationale, à La Haye.
La Centrafrique est en théorie dotée des outils nécessaires pour lutter contre l'impunité. Néanmoins, dans les faits, les obstacles sont nombreux, le principal étant l'exécution des mandats d'arrêt, pour lesquels les magistrats sont tributaires des motivations des autorités nationales et de la Minusca.
Les juridictions ordinaires ont l'avantage de maitriser le contexte et d'être connues des populations, souligne le rapport. Elles font preuve de volonté, des « avancées » ont été enregistrées et des condamnations prononcées.
Demeurent des limites quant à la procédure, aux droits de la défense, aux moyens matériels, financiers et humains et surtout concernant la protection des victimes et des témoins.
« En Centrafrique, dans un pays toujours en crise, la parole demeure dangereuse », souligne l'auteure du rapport de la FIDH.
À l'échelon supérieur, le premier procès de la Cour pénale spéciale doit s'achever fin octobre.
Si son caractère hybride est un meilleur gage d'indépendance, les observateurs regrettent toutefois un manque de transparence et de communication sur ses activités.
La question du partage des taches avec la Cour pénale internationale reste encore peu lisible. Après l'acquittement de Jean-Pierre Bemba, la CPI a continué de travailler sur les crimes commis en Centrafrique : quatre chefs de guerre sont actuellement sous sa garde.
Dorine Llanta, chargée de programme en justice internationale et violences basées sur le genre à la FIDH