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18 octobre 2022 2 18 /10 /octobre /2022 17:36
Entre la France et l’Afrique, une diplomatie parallèle par les idées
Entre la France et l’Afrique, une diplomatie parallèle par les idées

 

Lu pour vous

Dialogues

Entre la France et l’Afrique, une diplomatie parallèle par les idées 

https://www.liberation.fr/ 18/10/2022 par Cécile Daumas

Démocratie, écologie, jeunesse : après le Sommet de Montpellier, Paris met en place des forums de discussion sur le continent dans l’espoir de refonder sa relation avec les pays africains. La première édition a eu lieu début octobre en Afrique du Sud. 

Au Sommet Afrique-France de Montpellier en octobre 2021, le chef de l’Etat avait voulu engager un nouveau «partenariat» avec le continent : pas de rencontre avec des chefs d’Etat comme du temps de la Françafrique mais une conversation «directe» avec des jeunes entrepreneurs et représentants de la société civile africaine, française et de la diaspora. Le dialogue avait parfois été tendu avec des questions sur le «paternalisme» de la France ou ses liens avec des «présidents dictateurs»L’événement renouvelait l’exercice mais montrait en même temps ses limites. En marge du sommet, un collectif d’associations, de syndicats et de partis politiques dénonçait «la continuité de la politique française sur le continent africain, par-delà les ravalements de façade entrepris récemment par l’Elysée». Un an après Montpellier, la France n’a pas renoncé à cette forme de débat d’idées. C’est à Johannesburg qu’a eu lieu le premier forum Notre futur : dialogues Afrique-Europe. Deux jours d’échanges, les 7 et 8 octobre, autour de l’idéal démocratique («les Chemins de la démocratie») avec une centaine de jeunes Africains, Français et Européens (activités, élus, artistes), invités par la France.

Une vulnérabilité et une discrimination partagées, en Seine-Saint-Denis ou au Botswana

Dans des lieux hautement symboliques d’Afrique du Sud, du théâtre de Soweto à Constitution Hill, la Cour constitutionnelle logée dans une ancienne prison de l’apartheid, ils ont discuté citoyenneté, société inclusive, liberté de la presse, gouvernance féministe. Et évité les sujets qui fâchent (corruption, mémoire coloniale, etc.). Des ateliers participatifs ont mis au jour une vulnérabilité et une discrimination partagées, que l’on soit femme noire en Seine-Saint-Denis ou née au Botswana. Des formats stand-up ont fait défiler les revendications pour une autre démocratie, pas forcément calquée sur le modèle français. «Plus inclusive, avec plus de jeunes et de femmes»demande Bonolo Magowe, activiste démocrate du Bostwana. «Nous avons peur des hommes avec qui nous vivons. Est-ce la démocratie ?» scande sur la scène du Centre culturel de l’université de Johannesburg, Sibongile Mngoma, chanteuse sud-africaine et militante pour les droits. Des questionnements qui seraient polémiques en France deviennent abordables dans le contexte africain.

En Afrique du sud, pays marqué par le racisme d’Etat et les inégalités sociales les plus fortes du monde, la lecture intersectionnelle de la société est une évidence. Débattre de la démocratie peut être aussi une conversation critique sur la centralité européenne de l’universalisme ou la définition trop étroite des droits de l’homme, estime la juriste botwannaise Alice Mogwe, également présidente de la Ligue des droits de l’homme. Elle met en avant le principe de dignité, inscrite dans la nouvelle Constitution sud-africaine promulguée à la fin de l’apartheid (liberté, dignité, égalité).

«Il faut changer les regards et les méthodes»

Mis en œuvre par l’Institut français, chargé de diffuser la culture française à l’étranger, avec le ministère des Affaires étrangères et des partenaires africains, ce forum se voulait ouvert et non vertical, avec la volonté de ne pas mettre la France en avant – d’où ces dialogues Afrique-Europe. La présidente de l’Institut français, Eva Nguyen Binh, sait que sa mission est délicate. «Nous voulons créer de nouveaux liens, mettre en réseaux les jeunes. Il faut changer les regards et les méthodes.» Par ce travail de liens, la France espère «poser les fondations d’une nouvelle relation» avec le continentElle espère aussi s’adresser aux afrodescendants de l’Hexagone, en valorisant la créativité de la diaspora (1). Neuf forums sont prévus en trois ans en Afrique : le prochain aura lieu les 2 et 3 décembre au Cameroun sur le thème de la jeunesse, le suivant à Alger fin février autour de l’écologie.

(1) Une maison des mondes africains et des diasporas sera créée à Paris, comme annoncé au sommet de Montpellier par Emmanuel Macron. Deuxième recommandation du rapport d’Achille Mbembe sur le futur des relations Afrique-France remis en octobre 2021 à l’Elysée, cet établissement mettra en avant la création africaine et de la diaspora. Il doit ouvrir en 2024.

 

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Published by Centrafrique-Presse.com