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23 octobre 2022 7 23 /10 /octobre /2022 22:09
Emmanuel Macron reçu à Rome par la communauté de Sant Egidio, «l’Onu du Trastevere»
Emmanuel Macron reçu à Rome par la communauté de Sant Egidio, «l’Onu du Trastevere»

 

Diplomatie informelle

Emmanuel Macron reçu à Rome par la communauté de Sant Egidio, «l’Onu du Trastevere»

https://www.liberation.fr/ Par Eric Jozsef, correspondant à Rome publié le 23 octobre 2022 à 11h21

Le président français doit être reçu dimanche par l’institution catholique à l’occasion de rencontres internationales. Prisée du pape François, la communauté est reconnue pour ses capacités de médiation dans les conflits.

Emmanuel Macron sera déjà reparti de Rome au moment de la «prière pour la paix» prévue mardi au Colisée, en présence du pape François. Mais après Angela Merkel l’an dernier, le président français sera l’un des invités d’honneur des rencontres internationales organisées par la communauté de Sant Egidio qui débutent dimanche. Depuis des années, l’institution catholique est surnommée «l’Onu du Trastevere», du nom du quartier populaire de la capitale italienne où la communauté a son siège, mais surtout en vertu de ses capacités de médiation et de réconciliation dans les conflits ou les guerres civiles, du Guatemala à la Guinée en passant par l’Albanie et le Mozambique.

Autorité et prestige

«Sant Egidio est l’institution préférée de Bergoglio [Jorge Mario Bergoglio, le pape François, ndlr], celle qui interprète le mieux sa vision du rôle de l’Eglise dans la société et dans le monde», selon un vaticaniste. «Notre action s’articule autour des trois “P” : pauvreté, paix, prière», résume Roberto Zuccolini, ancien journaliste au Corriere della Sera et aujourd’hui porte-parole de la communauté née dans l’effervescence de mai 68 : «C’était après le concile Vatican II. Réunis autour d’Andrea Riccardi, qui avait à l’époque 18 ans, des jeunes lycéens décidèrent d’aller porter l’enseignement de l’évangile dans la cité.» Le futur historien de l’Eglise, qui sera aussi ministre de la Coopération en 2011 dans le gouvernement de Mario Monti, s’installe avec ses camarades dans les bidonvilles de Rome, ces «borgate» qui, à l’époque, accueillent 100 000 personnes, pour la plupart des Italiens arrivés du Mezzogiorno (les régions plus pauvres du Sud de l’Italie).

Reportage

«Nous avons découvert que le tiers-monde était dans Rome», dira plus tard Andrea Riccardi. Aide aux nécessiteux, soupe populaire, soutien scolaire pour les enfants et cours de langues pour les étrangers, le groupe de ces laïcs catholiques et bénévoles va se développer rapidement au cours des années 70 et sortir peu à peu des frontières italiennes. La communauté de 60 000 membres est désormais présente dans plus de 70 pays. A Rome, où elle installe en 1973 son quartier général dans l’ancien couvent des carmélites de Sant Egidio (d’où son appellation), l’association devient un point de référence pour tous les démunis de la capitale, les sans-abri, les malades du sida, les personnes âgées isolées où les migrants en déshérence. Aux côtés de la messe de minuit au Vatican ou du message urbi et orbi du pape sur le balcon de Saint-Pierre, le repas de Noël de Sant Egidio partagé avec les pauvres fait presque désormais partie de la liturgie pour certains catholiques romains. Mais ce sont les rencontres interreligieuses d’Assise qui se déroulent pour la première fois le 27 octobre 1986 qui vont définitivement asseoir l’autorité et le prestige de la communauté : en présence du pape Jean-Paul II, tous les principaux représentants des églises chrétiennes et une soixantaine de représentants d’autres religions, dont le dalaï-lama, prient ensemble pour la paix.

Accords de paix

«A partir de cette date, Sant Egidio est devenue immortelle», formule le journaliste Giacomo Galeazzi, auteur du livre Il Concilio di Papa Francesco. La nuova primavera della Chiesa (non traduit), qui ajoute que l’arrivée du pape François à Saint-Pierre a encore renforcé le poids de la communauté : «Sant Egidio, c’étaient des Bergogliani avant Bergoglio. Avec François, les critiques envers une institution considérée parfois comme trop progressiste dans certains milieux catholiques se sont tues.» D’autant que, parallèlement, Sant Egidio a mis sur pied une sorte de diplomatie informelle dont les offices sont requis un peu partout dans le monde. «Cela a débuté au Mozambique à la fin des années 80, alors en proie à une guerre civile qui a fait 1 million de morts, raconte Roberto Zuccolini. Nous avions une antenne sur place ; des membres de la communauté avaient été victimes de balles perdues. Nous avons pensé que nous devions faire quelque chose et tenter une médiation. Jamais une association de terrain n’avait fait cela auparavant.»

Pendant vingt-sept mois, Sant Egidio va ouvrir ses portes aux belligérants et, le 4 octobre 1992, des accords de paix sont signés en présence d’Andrea Riccardi et de Don Matteo Zuppi, alors curé adjoint de l’Eglise Santa Maria di Trastevere et aujourd’hui cardinal et président de la Conférence épiscopale italienne. «A partir de ces accords, Sant Egidio a été sollicitée pour faciliter des négociations dans de nombreuses autres situations conflictuelles un peu partout dans le monde, de la Casamance au Guatemala ou au Kosovo»résume Roberto Zuccolini. Toutes les médiations n’ont pas abouties, comme celle sur l’Algérie entre 1994 et 1999, mais les regards se tournent à nouveau vers «l’Onu du Trastevere» alors que le pape François multiplie les exhortations pour la paix en Ukraine.

 

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Published by Centrafrique-Presse.com