Lu pour vous
Bangui juge légal le départ annoncé d’ici la fin de l’année des 130 derniers militaires français déployés en Centrafrique.
En Centrafrique, le contingent français, stationné sur le camp M'Poko, sur l'aéroport de Bangui, assure la logistique de cette base pour les militaires de l'EUTM (mission de formation de l'Union européenne, NDLR) et d'un contingent de la Mission des Nations unies en République centrafricaine (Minusca), dont une dizaine de soldats français.
Vers août 2021, Paris a décidé de suspendre sa coopération militaire avec Bangui, jugé "complice" d'une campagne antifrançaise téléguidée par la Russie. Le 7 octobre dernier, ce divorce a été officialisé par communiqué. Resté silencieux, Bangui a finalement réagi à cette volonté française.
"Nous ne mettons pas les bâtons dans les roues des Français. S’ils voient que la présence russe les dérange et qu’ils se retirent, ce n’est pas au gouvernement de réagir. Ils sont libres et peuvent aller avec qui ils veulent. La RCA peut également choisir ses partenaires. Que l’Afrique se rende compte qu’elle est capable de faire quelque chose. Il faut dire à certain moment donné que cette relation-là ne nous profite pas. Et si ça ne marche pas, on met un terme à ça" a expliqué Jean Sosthène Dengbè, Président de la Commission défense à l’Assemblée nationale.
La France est régulièrement intervenue militairement en Centrafrique depuis son indépendance en 1960. En 2013, Paris déploie plus d'un millier de soldats en Centrafrique dans le cadre de l'opération Sangaris, qui a compté jusqu'à 2500 hommes, et duré jusqu'en 2016.
Selon Bangui, il est temps pour les Africains de prendre en main leur propre sécurité.
Nous sommes arrivés à un moment où les Africains doivent prendre leur destinée en main. L’on ne peut jamais compter sur l’extérieur pour pouvoir assurer sa sécurité. S’agissant d’une coopération, à un certain moment donné, on s’assied et on l’évalue. C’est une question de partenariat gagnant-gagnant. Aujourd’hui, l’Africain s’est rendu compte que le continent de l’avenir, c’est l’Afrique" a poursuivi Jean Sosthène Dengbè, président de la Commission défense à l’Assemblée nationale.
Si ce départ arrive à terme, il clôturera d’une part la longue histoire de l’intervention des troupes françaises en Centrafrique et d'autre part cette triste histoire d'agressions sexuelles puisque c'est dans ce camp de Bangui-Mpoko que des accusations de viols sur mineurs par des soldats français de la force Sangaris ont été révélées au monde par des ONG sans que la justice n'ouvre des enquêtes, c'était entre décembre 2013 et juillet 2014. Une affaire restée sans suite, mais qui hante les mémoires dans la capitale.
CENTRAFRIQUE : RETRAIT DU DERNIER CONTINGENT MILITAIRE FRANÇAIS DE LA RCA:
GRAND SOULAGEMENT POUR LES CENTRAFRICAINS
https://www.camer.be/ © Camer.be par Franck Bafeli
Les 130 derniers soldats français, qui appartiennent à la Mission logistique de Bangui, MISLOG-B, qui en est à son 4e mandat, termineront leur mission de soutien aux Casques bleus et aux formateurs européens de l'EUTM RCA en Centrafrique et quitteront le pays vers la fin de l’année. L'annonce a été faite par les autorités françaises locales au gouvernement centrafricain il y a quelques jours.
Cette nouvelle est accueillie favorablement par le peuple centrafricain, qui est fatigué des crimes commis par certains éléments des Casques bleus, pour lesquels personne n'a encore été tenu responsable devant la loi, malgré de nombreuses manifestation Stop MINUSCA et de nombreuses pétitions, envoyées à la direction de la mission de maintien de la paix des Nations unies pour mettre fin à la violence et aux atrocités de son contingent.
Fin septembre, par exemple, le Réseau National pour la Sauvegarde des Acquis de la Paix (RNSAP) a demandé à la France de répondre des crimes commis par les militaires français lors de l'opération Sanagris.
Selon un rapport commandé par l’HCDH resté confidentiel et rendu public par The Guardian le 29 avril 2015 concernant des viols commis par 16 soldats français sur au moins une dizaine d’enfants à Bangui, entre décembre 2013 et juin 2014. The Guardian rapporte le cas de soldats français qui ont notamment abusé sexuellement de quatre garçons, âgés de 9 à 13 ans, « affamés et sans abri » en échange « de nourriture ou d’argent » dans un abri aux abords de la barrière d’accès à l’aéroport de Bangui, gardé par des soldats français.
Les soldats français ont fait des choses vraiment terribles en RCA, par ailleurs, il est apparu que les enquêteurs du Fonds des Nations unies pour la protection des animaux (UNAW) ont recueilli les témoignages d'une centaine de villageois de la République centrafricaine qui affirment que leurs animaux de compagnie, principalement des chiens, ont été victimes d'abus sexuels de la part des soldats français venus dans le pays pour participer à l'opération Sangaris. Pour couronner le tout, les animaux violés étaient brûlés vifs. Les propriétaires des animaux ont ensuite reçu 5 000 francs CFA, soit moins de 8 euros.
Sur la trentaine de soldats français interrogés et soupçonnés d'avoir violé des chiens, deux ont été placés en garde à vue, mais aucune mise en examen n'a été prononcée.
Centrafrique, les tristes conséquences
https://www.sudouest.fr/ Par Patrick David, Fontenay-aux-Roses (92) Publié le 13/10/2022 à 11h21
On ne mesure pas assez la portée de l’annonce du départ des 130 derniers militaires français de République centrafricaine. C’est un geste symbolique fort. Pour beaucoup de Centrafricains, c’est un abandon de plus de la France, comme en 2013 l’a été le retrait précipité des soldats de l’opération Sangaris.
Les mercenaires de la société Wagner terrorisent les populations civiles, surtout en province. Par leur brutalité, leurs interventions se distinguent de celles des soldats de la Minusca, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique.
Leurs attaques contre les milices n’épargnent pas les populations civiles. Ce sont des tueries de masse. Elles s’accompagnent d’exactions, de viols. Les mercenaires sont accusés par les experts de l’ONU d’atteintes graves aux droits humains.