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5 septembre 2022 1 05 /09 /septembre /2022 22:58
Relations France-Afrique : le lien est-il brisé à jamais ?
Relations France-Afrique : le lien est-il brisé à jamais ?

Lu pour vous

 

Comment la France a-t-elle perdu pied en Afrique ?

https://www.lexpress.fr/   Par La Loupe,publié le 05/09/2022 à 06:00 , mis à jour à 20:55

 

À l'image de ses soldats, définitivement partis du Mali mi-août, la France perd pied en Afrique. Du Tchad au Cameroun, l'influence de Paris recule à mesure que celles de Moscou et Pékin augmentent.

Dans ce nouvel épisode de La Loupe, Xavier Yvon analyse les multiples facettes de la débâcle française en Afrique, avec Charlotte Lalanne, journaliste au service Monde de L'Express. 

Xavier Yvon : Pour une fois je vais utiliser le téléporteur de La Loupe tout seul, pour vous emmener assister à une scène que j'ai moi-même vécue en tant que reporter. Je règle la date au 2 février 2013, et le lieu, à Tombouctou au Mali. C'est parti ! Alors, j'ai atterri dans le centre-ville, sur le sable de la place Sankoré... Au-dessus de la foule, je vois le sommet de la mosquée en terre, hérissée de poutres en bois. Il y a beaucoup de monde autour de moi, je vais me frayer un chemin... 

Vous entendez la joie ? J'aperçois beaucoup de drapeaux français, et tiens là, une femme en boubou bleu blanc rouge ! Tendez bien l'oreille, oui c'est bien François Hollande que ces Maliens acclament... Et voilà, je le vois, là, il salue la foule. Il serre des mains... Ça fait seulement cinq jours que les soldats français ont repris Tombouctou aux djihadistes dans le cadre de l'opération Serval, décidée par François Hollande. Sa visite est un moment très fort, il y a même des bébés nés ces jours-ci qui ont été prénommés "Hollande". Je pense qu'on en a assez vu, gardez bien cette scène en tête, je rentre au studio. 

Si je vous ai fait revivre cette visite historique, c'est pour vous faire sentir le contraste avec la situation aujourd'hui. Les petits Hollande maliens ont presque 10 ans maintenant, mais les libérateurs français, eux, ne sont plus là : ils viennent d'être chassés du Mali par le nouveau pouvoir. Les derniers soldats de la force Barkhane ont quitté le pays le 15 août dernier, après une ultime manifestation contre leur présence... Et à l'image de son armée, la France n'est plus tellement la bienvenue sur le continent. Au Cameroun, en Centrafrique, au Tchad, partout elle recule. Comment la France a-t-elle perdu pied en Afrique ? C'est la question que l'on passe à La Loupe aujourd'hui.  

 

 

Relations France-Afrique : le lien est-il brisé à jamais ?

LA MONTAGNE

Du Mali à l’Afrique du Sud, en passant par le Tchad, le sentiment antifrançais s’est propagé dans de nombreux pays africains ces derniers mois.

Ancienne puissance coloniale, la France est de plus en plus contestée dans les pays africains. Pour contrer cette tendance, Emmanuel Macron multiplie les gestes symboliques.

La politique étrangère de la France passe désormais par… Twitter et Facebook. Jeudi, Emmanuel Macron a ordonné aux ambassadeurs et ambassadrices français, réunis à l’Élysée, d’être « plus réactifs » sur les réseaux sociaux pour contrer les « propagandes anti-françaises » orchestrées par la Russie, la Chine et la Turquie. Son objectif, notamment : réhabiliter l’image de la France en Afrique.

Car depuis quelques mois, une nouvelle musique résonne dans les rues de certains pays africains auparavant considérés comme des partenaires : « À bas Emmanuel Macron », scandent certains, « Dehors la France », crient les autres.

Derrière ces manifestations contre l’ancienne puissance coloniale se cache un lien brisé. La fin de la Françafrique tant vantée par les différents locataires de l’Élysée depuis l’accession à l’indépendance des États africains.

 « Le déclin de l’influence de la France en Afrique est inexorable et irréversible », assure Vincent Hugeux, journaliste et enseignant à Sciences Po, spécialiste de l’Afrique. Que son apport soit économique, militaire ou politique, la France n’est plus la bienvenue. Dernier exemple en date : le Mali, où les derniers militaires de Barkhane ont plié bagage en catimini le 15 août.

Changement de contexte

Ce déclin en Afrique déleste la France d’un certain poids sur la scène internationale. Ses anciens alliés penchent dorénavant vers la Russie et la Chine. « La France avait, à l’ONU, un bloc de votes africains quasiment acquis, explique Vincent Hugeux. L’influence économique, politique, diplomatique était telle qu’elle pouvait faire voter les pays africains de l’ex-pré carré colonial francophone comme un seul homme. » La donne a changé. En mai, lorsqu’il a fallu se prononcer sur la condamnation de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, nombre d’entre eux – dont l’Algérie, la République centrafricaine, le Mali et le Sénégal – se sont abstenus.

Mais faut-il pour autant regretter l’affaissement de ce lien unique qui unissait la France et ses partenaires africains?? Pas vraiment, pour le chercheur anglais Paul Melly, consultant au programme Afrique de la Chatham House, prestigieux institut de réflexion sur les relations internationales basé à Londres. Selon lui, il ne faut pas parler de « déclin », mais plutôt d’« évolution logique » de l’influence française en Afrique.

Le contexte est très différent aujourd’hui. L’Afrique a beaucoup évolué. Les attentes des jeunes africains urbains sont beaucoup plus diversifiées

Paul Melly (chercheur-consultant au programme Afrique de la Chatham House)

Le président Emmanuel Macron l’a d’ailleurs compris. Il défend désormais une nouvelle approche de la relation entre la France et le continent, longtemps dominée par les liens économiques et militaires, et désormais plus centrée sur l’héritage mémoriel et culturel.

Approche mémorielle

« Il faut reconnaître à Emmanuel Macron le mérite, s’agissant de la dimension mémorielle, historique et symbolique, d’avoir fait davantage que tous ses prédécesseurs de la Vème République réunis », souligne Vincent Hugeux, qui regrette que les efforts du président soient souvent plombés par des maladresses diplomatiques – comme lorsque le président mettait en doute l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation, entraînant la colère d’Alger.

Mais en reconnaissant la responsabilité de l’État dans le génocide des Tutsi au Rwanda, en restituant des biens culturels au Bénin ou encore en lançant un travail de réflexion mémorielle au Cameroun et en Algérie, Emmanuel Macron a montré que « le contexte a changé » dans la relation France-Afrique. Pour Paul Melly, cette nouvelle approche diplomatique paiera sur le long terme. Paris n’a plus d’autre choix : il faut apaiser les tensions pour renouer avec la relation spéciale qu’elle a tant chérie.

 

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Published by Centrafrique-Presse.com