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23 mars 2022 3 23 /03 /mars /2022 23:45
Russie-France: la guerre de l’information se déplace en Afrique
Russie-France: la guerre de l’information se déplace en Afrique

 

LU POUR VOUS...

 

Russie-France: la guerre de l’information se déplace en Afrique

https://www.lopinion.fr/ Par Pascal Airault 20 mars 2022 à 13h03

Le Mali a suspendu France 24 et RFI alors que Moscou cherche, à l’occasion de la guerre en Ukraine, à étendre l’influence de ses médias sur le continent africain

Les faits - Les autorités de transition à Bamako ont suspendu jeudi les antennes de RFI et de France 24 au Mali. « Un signe d’une course en avant vers le pire », pour Emmanuel Macron qui s’exprimait lors de la conférence de presse de présentation de son programme de campagne électoral. « Je condamne avec la plus grande fermeté cette décision qui me semble totalement contraire aux valeurs que portent le peuple malien et le Mali depuis son indépendance », a-t-il confié.

Sur les coups de 13 heures, jeudi, le son de la « radio du monde » s’est évaporée dans la chaleur sahélienne. Les fidèles auditeurs de RFI au Mali n’ont plus eu accès à leur programme sur les fréquences habituelles en ondes courtes. Même chose pour les téléspectateurs de France 24 sur leurs chaînes hertziennes. Les deux médias de l’audiovisuel extérieur français ont aussi été suspendus par les diffuseurs Canal+ et StarTimes, le bouquet chinois, à la demande des autorités maliennes. Seuls possibilités d’y accéder : avoir une parabole et/ou Internet.

Le matin même, le vice-président de la commission défense du Conseil national de transition (CNT) au Mali, Fousseynou Ouattara, était pourtant l’invité Afrique de RFI. Les responsables de France Médias Monde, la maison mère à Paris, ont appris la nouvelle via un communiqué du porte-parole du gouvernement malien.

La décision a été mûrie ces derniers jours par les autorités de transition. Le gouvernement a engagé, selon le communiqué, une procédure pour suspendre jusqu'à nouvel ordre la diffusion des deux médias de l’audiovisuel extérieur français. Motif officiel : la couverture de « fausses allégations d’exactions commises par l’armée malienne » et rapportées par plusieurs organisations des droits de l’homme, dont Human Rights Watch.

Notification. Cette suspension d'émission n’a pas été signifiée par courrier par la Haute autorité de la communication (HAC). « Selon la réglementation, les griefs retenus par le régulateur doivent être notifiés au titulaire de l’autorisation sous forme de mise en demeure, explique-t-on chez France Médias Monde. Nous disposons d’un délai d’un mois pour présenter ses observations et être entendu par l’Autorité de régulation ».

A Paris, on ne fonde pas de réels espoirs à court terme au regard du délitement de la relation politique entre la France et le Mali. C’est un nouveau coup dur après le départ annoncé des soldats français sous la pression des autorités de transition.

Les deux médias étaient un relais d’influence important dans le pays. RFI disposait d’une autorisation d’émettre en ondes courtes dans six villes, dont Bamako. La radio était la quatrième la plus écoutée dans le pays. Plus de 98 % des leaders d’opinion allumaient leur poste au moins une fois par semaine. France 24 était la cinquième télévision la plus regardée.

RFI n’en ait pas sa première coupure sur le continent. Ces vingt dernières années, la République démocratique du Congo, le Congo Brazzaville, le Sénégal et le Togo ont aussi suspendu temporairement la radio qui n'émet plus à Djibouti depuis 2005.

Parallèlement, la France suspecte les autorités maliennes de vouloir faire plus de place aux médias de leur nouvel allié sécuritaire, la Russie. « On soupçonne le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, d’être à la manœuvre sur ce dossier », croit savoir un diplomate français. Russia Today veut s’implanter en Afrique francophone. Il est probable que Sputnik suive ».

Département Afrique. Selon Jeune Afrique, la nouvelle stratégie du média consiste désormais à diviser la rédaction française pour ouvrir un département Afrique de Russia Today. Suspendue au sein de l’Union européenne, la chaîne dirigée par la journaliste Xenia Fedorova n’a plus le droit d’émettre sur les ondes d’Eutelsat, au grand dam de sa rédaction, très largement française, qui crie à l’injustice. Son personnel, 170 salariés dont 110 journalistes, continuent à être payés, mais beaucoup ont cessé leurs activités. Seul le site Internet continue à être alimenté.

Séga Diarrah, le fondateur du site d’information Maliactu, a été consulté récemment par la direction de Russia Today. Ce patron de presse a déjà un partenariat avec la chaîne russe pour les échanges de contenus, notamment la reprise d’articles et la fourniture d’expertise.

Selon lui, les projets de Russia Today en Afrique francophone ne sont qu’au stade la réflexion. « Russia Today a la volonté de s’externaliser alors que son bureau français couvre aussi l’actualité en Afrique francophone, assure Séga Diarrah. Sa suspension en France doit mener la direction à réfléchir à des alternatives, mais il n’y a rien de concret, à ma connaissance, pour l’instant. Les conditions de leur venue au Mali, un pays sous sanctions et en proie à l’insécurité, ne sont pas réunis même s’ils sont intéressés par Bamako. »

Chez RT, la direction de la communication assure que les projets de développement sont suspendus en raison du contexte. « L’Afrique francophone est une des audiences de RT France, explique l’un de ses cadres. Nous avons un correspondant à Tunis et de nouvelles émissions comme Africa Connect. Mais nous n’avons pas de plan concret pour l’ouverture d’un bureau à Bamako dans l’immédiat. »

Seule certitude, avant le début de l’offensive russe en Ukraine, Russia Today était en cours de recrutement pour l’ouverture d’un bureau anglophone à Nairobi au Kenya. « RT se concentrera sur la couverture des histoires d’Afrique qui sont ignorées par d’autres organes de presse, a annoncé en février le média russe. Les personnes qui veulent défier la sagesse conventionnelle sur le continent et qui souhaitent le montrer au monde sous de nouveaux angles sont les bienvenues. »

Profils recherchés : des rédacteurs, des éditeurs, des présentateurs, des professionnels des médias sociaux, des indépendants ayant « un flair pour les récits et les angles auxquels les gens de toute l’Afrique croient mais sont rejetés par les médias grand public, un talent pour la narration visuelle, une solide compréhension de la façon d’utiliser les médias numériques de manière créative pour créer une communauté passionnée et dévouée, une connaissance approfondie de toutes les plateformes de médias sociaux ».

La place de Nairobi est prisée. La plateforme aéroportuaire dessert plusieurs lignes sur l’Afrique de l’Est et du centre. « Pour la couverture de l’Afrique francophone, il va être plus difficile à RT de trouver un point de chute pour installer une rédaction, confie un journaliste qui a longtemps collaboré avec la chaîne. Même s’il y a une montée du sentiment anti-français, quel est le chef d’État qui va accepter d’entrer en confrontation avec les Occidentaux qui défient indirectement la Russie en Ukraine ».

 

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Published by Centrafrique-Presse.com