Arrestation de militaires en RCA: la Minusca s'exprime et pointe une «désinformation»
https://www.rfi.fr/ 24/02/2022 - 01:51 Avec notre correspondant à Bangui, Carol Valade
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres condamne fermement l’arrestation, lundi dernier dans la capitale centrafricaine, de quatre membres de la Minusca et réclame leur libération immédiate. Immédiatement après, des messages ont inondé les réseaux sociaux africains accusant les militaires de « tentative d’assassinat du président centrafricain » qui devait atterrir peu après. Ce mercredi à Bangui, la Minusca a tenu une conférence de presse pour démentir ces rumeurs.
48 heures ont passé depuis l’arrestation de quatre militaires de l'ONU membres de la Légion étrangère française à l’aéroport de Bangui par la gendarmerie alors qu’ils venaient d’escorter le chef d’état-major de la mission jusqu’à son vol. Des accusations à leur encontre ont essaimé sur les réseaux sociaux. Alors, Vladimir Monteiro, porte-parole de la Minusca, veut faire taire les rumeurs.
« Nous n’avons rien à cacher. La Minusca, comme l’a dit le représentant spécial hier devant le Conseil de sécurité, est là comme partenaire, elle est la comme ami, elle a cet engagement régulier et ce qui s’écrit, ce qui se dit sur les réseaux sociaux, c’est de la désinformation et nous sommes là pour apporter des éléments qui permettent à l'opinion publique de comprendre cette affaire », a-t-il notamment déclaré.
Le procureur de la république annonçait hier soir l’ouverture d’une enquête. Les quatre militaires se trouvaient à bord d’un véhicule « suspect » selon lui, suivi par les services de renseignements « depuis plusieurs semaines », et non les traditionnels 4X4 blancs estampillés UN.
« Il n’y avait pas de véhicule mais la demande de véhicule est en cours de traitement pour qu’il y ait une solution. Mais ces quatre agents devaient exécuter leur tâche, ils n’allaient pas rester les bras croisés d’autant plus qu’on les avait fait venir pour assurer cette tâche. Et ils ont loué ce véhicule. Rien n’empêche à partir du moment où il s’agit d’un véhicule à usage officiel de recourir à cette pratique. »
Les quatre agents de l’ONU sont toujours en détention ce soir. Les tentatives pour obtenir leur libération ont échoué jusqu’ici. Le gouvernement n'a jusqu'ici pas souhaité commenté l'affaire.
Ce sont des personnels, des agents recrutés par l'Organisation des Nations unies pour venir renforcer le dispositif de protection du chef d'état-major. Nous n'avons rien à cacher, la Minusca est là comme partenaire, comme amie.
Vladimir Monteiro, porte-parole de la Minusca
Le parquet centrafricain ouvre une enquête sur l’arrestation de quatre militaires français
https://www.rfi.fr/ 23/02/2022 - 03:08 Avec notre correspondant à Bangui, Carol Valade
Le tribunal de grande instance de Bangui a décidé de l'ouverture d'une enquête suite à l’arrestation de quatre militaires français ce lundi 21 février à l’aéroport de Bangui. L’annonce a été faite ce mardi 22 février par un communiqué lu à la radio nationale par le procureur de la République, Laurent Lengande, un peu plus de 24 heures après les faits. Les casques bleus sont toujours détenus et l'ONU réclame leur libération.
C’est la présence d’un véhicule « suspect » qui alerte les forces de sécurité déployées autour de l’aéroport pour l’arrivée du président Touadéra. « Un véhicule suivi par les services de renseignements depuis deux mois », indique le procureur de la République.
Un 4x4 noir banalisé
À son bord, des légionnaires de nationalité française, italienne, bulgare et roumaine selon le parquet. « L’équipe de protection rapprochée du chef d'état-major de la Minusca », expliquent la France et l’ONU. Équipe chargée d’escorter le général Stéphane Marchenoir en partance pour Paris. Le procureur Lengande s’étonne de les voir utiliser un 4x4 noir banalisé, blindé, aux vitres teintées et doté d’une immatriculation centrafricaine, au lieu des traditionnels véhicules blancs estampillés Nations unies. Puis le procureur fait l’inventaire des effets militaires saisis : quatre pistolets, trois fusils d’assaut ainsi qu’une mini-mitrailleuse et des grenades.
Les images des militaires et de leur équipement ont inondé les réseaux sociaux lundi soir, accompagnées d’accusations de « tentatives » d’assassinat du président centrafricain dont le La France et la Minusca dénoncent une campagne de désinformation. Les autorités centrafricaine ont jusqu’à présent refusé de commenter l’affaire.
« Détenus par la gendarmerie »
« Ces militaires de l'armée française appartiennent au corps de la Légion étrangère et sont toujours détenus par les autorités centrafricaines », a précisé à l'AFP dans la soirée un responsable de l'armée française en Afrique sous couvert de l'anonymat. « Ils portent des cartes d'identification de l'ONU » et « ne sont pas libres », toujours « détenus par la gendarmerie » centrafricaine, a précisé Stéphane Dujarric, lors de son point-presse quotidien. « Le commandant de la Force » de casques bleus de l'ONU et l'adjoint de l'émissaire onusien dans ce pays ont « été reçus par le président afin de traiter ce dossier », a-t-il indiqué. « Tout le monde essaie de dénouer cela pour que l'on assiste à la libération au plus vite des quatre militaires », a-t-il dit.
Cette annonce survient le jour même où la France et les États-Unis ont accusé par la voix de leurs ambassadeurs devant le Conseil de sécurité de l'ONU les « mercenaires » de la société russe de sécurité privée Wagner d'avoir « exécuté » et « massacré » des dizaines de civils. Et de mener une campagne « systématique » de « terreur » en Centrafrique où ils combattent les rebelles aux côtés de l'armée régulière.