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Centrafrique: "Ce n’est pas à la France d’attribuer les bons ou mauvais points à nos partenaires"
https://fr.sputniknews.com/ 13:12 22.10.2021 par Anicet Simo
Bangui revendique la liberté de choisir ses partenaires et la coopération avec la Russie a permis d’atteindre des résultats jusque-là inégalés. C’est ce qu’affirme la présidence centrafricaine à Sputnik en réponse au "manque de politesse" des propos du MAE français en rapport avec la présence présumée en RCA d’un groupe de sécurité privé russe.
"Nous méritons de la part des grandes puissances comme la France du respect et de la considération pour nos dirigeants. Les Centrafricains sont étonnés de la manière et du manque de politesse avec lequel il [Jean-Yves Le Drian, ndlr] a tenu ces propos. Je pense quand même que nous devons prendre l'opinion nationale et internationale à témoin. Ce sont des propos que nous trouvons inacceptables. Cette manière de considérer les anciennes colonies françaises comme le prolongement du territoire français est inadmissible", a condamné au micro de Sputnik Albert Yaloké Mokpeme, ministre délégué et porte-parole de la présidence centrafricaine.
Cette réponse ferme de Bangui fait suite à une énième sortie du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian au sujet de la présence russe en République centrafricaine (RCA). En effet, le 17 octobre, sur le plateau de la chaîne publique France 5, le chef de la diplomatie française a accusé des membres du groupe de sécurité privée russe Wagner, qui selon lui "fait la guerre par procuration pour le compte de la Russie", d’un certain nombre de maux.
La rivalité Paris-Moscou en RCA
Engagée depuis 2018 dans une coopération militaire avec le gouvernement du Président Touadéra, la Russie revendique officiellement la présence de 1.135 instructeurs russes en Centrafrique. Ces instructeurs ne prennent pas part directement, selon Moscou, aux opérations de combat contre les groupes rebelles. Le gouvernement français semble quant à lui assimiler cette présence à celle, présumée, d’un groupe de sécurité privée russe, Wagner. Pourtant, dans une récente sortie médiatique le 25 septembre dernier, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait bien mis les points sur les i en appelant à ne pas confondre "les approches étatiques" avec les accords que pourraient nouer certains États, africains en l’occurrence, avec des entreprises privées.
Plus récemment, le 21 octobre, le Président russe Vladimir Poutine a rappelé que les activités des sociétés de sécurité privée russes en Afrique n’étaient pas liées à l’État, et que celui-ci serait prêt à agir si jamais ces mêmes entités privées venaient à compromettre les intérêts nationaux.
Par ailleurs, alors que la coopération militaire entre la France et la RCA s’est nettement refroidie, et à mesure que l’influence de Paris s’effrite et que le sentiment antifrançais au sein de l’opinion ne cesse de monter, le gouvernement français semble vouloir faire pression sur le gouvernement centrafricain.