Centrafrique: l’ancien président François Bozizé sort de son silence
RFI 27/01/2020 - 23:17
En Centrafrique, l’ancien président François Bozizé s’est adressé pour la première fois à la presse lundi 27 janvier. Malgré plusieurs apparitions publiques, l’ancien président revenu au pays (mi-décembre 2019) après presque 7 ans d’exil était resté en retrait et discret.
Avec notre correspondante à Bangui, Charlotte Cosset
C’était un silence dans l’attente de sa rencontre avec le président Faustin Archange Touadéra, un ancien du parti KNK de Bozizé, et même ex-Premier ministre de ce dernier. La rencontre a eu lieu finalement il y a quelques jours et François Bozize s’est exprimé publiquement dans le cadre d’une conférence de presse.
Une première prise de parole pour d’abord s’excuser « Encore une fois, pour toutes les erreurs commises de ma part et pour les torts commis aux uns et aux autres et qui auraient pu résulter de mon action à la tête du pays, je demande solennellement pardon en ce jour. Je prie le peuple centrafricain de croire que je n’ai jamais fait du mal intentionnellement à aucun de mes compatriotes et je prie pour que ces quelques mots puissent contribuer à l’apaisement de leur cœur. »
« De très graves accusations »
François Bozizé assure respecter l’accord de paix même si, selon lui, il faudrait lui insuffler une nouvelle énergie. « Je suis rentré dans un esprit d’apaisement et de recherche de paix contrairement à ce qu’une certaine propagande s’est évertuée à répandre ces derniers jours. Je ne suis pas venu chercher querelle à personne. Je ne suis pas non plus venu fomenter un quelconque complot pour créer le trouble en République centrafricaine. Ce sont d’ailleurs de très graves accusations portées à mon endroit ainsi qu’à celui de mes proches collaborateurs et cela ne restera pas sans conséquence. »
Un mandat d’arrêt centrafricain court contre l’ancien président renversé en 2013, et François Bozizé, toujours sous sanction des Nations unies, compte demander une levée de ces dispositions qu’il juge injustes. Sur la question de sa possible candidature à l’élection présidentielle de décembre prochain, François Bozize affirme que le moment n’est pas venu de se déclarer ou non. Son parti, le KNK, réuni en congrès, se prononcera sur les candidatures.
Présidentielle/Centrafrique: "rien ne m'empêche d'être candidat" (ex-président Bozizé)
L'ancien président centrafricain François Bozizé a déclaré lundi que rien ne l'empêchait d'être candidat à la présidentielle de 2020, lors de sa première rencontre avec la presse depuis son retour en catimini à Bangui à la mi-décembre.
"Rien ne m’empêche d'être candidat (...) Rien ne m'empêche selon les textes officiels. Cela dépend de mon parti. C’est le congrès qui désigne les candidats" a fait valoir M. Bozizé, sans donner plus de détails sur ses intentions politiques à moins d'un an de la présidentielle prévue en décembre.
L'ex-chef de l'Etat est toujours sanctionné par les Nations unies pour son rôle dans la crise centrafricaine de 2013, marquée par de violents affrontements communautaires entre populations chrétiennes et musulmanes, au cours de laquelle il est accusé d'avoir soutenu des milices antibalaka.
"Les événements concernant les antibalaka se sont déroulés en mon absence et tout le monde le sait", s'est défendu l'ancien chef de l'Etat, précisant qu'il allait prochainement demander aux Nations unies que son cas soit étudié pour mettre fin aux sanctions prises contre lui. "Aujourd'hui, la situation a considérablement évolué et il ne me paraît absolument pas juste que je sois contraint de subir ces sanctions à perpétuité".
Revenu en Centrafrique "dans un esprit d'apaisement", François Bozizé a demandé "solennellement pardon" pour "toutes les erreurs commises de sa part et tous les torts commis aux uns et aux autres et qui auraient pu résulter de son action à la tête du pays".
Le 14 janvier, l'ancien chef de l'Etat avait été reçu par le président centrafricain Faustin Archange Touadera, probable candidat à sa réélection. Un tête-à-tête qui n'a pas complètement dissipé les tensions entre le KNK, le parti de François Bozizé, et la majorité présidentielle.
Michel Djotodia, le chef de file de la Séléka, la coalition qui avait renversé François Bozizé en 2013, est lui aussi rentré d'exil le 10 janvier. Il avait été reçu dès sa descente de l'avion par le président.
Depuis la chute du régime de François Bozizé en 2013, la Centrafrique est déchirée par un conflit qui a forcé près du quart de ses 4,7 millions d'habitants à fuir leur domicile. Si les violences ont diminué depuis la signature d'un accord de paix en février 2019, deux tiers du territoire échappent toujours au pouvoir central.
© 2020 AFP 27.01.2020 à 21:00