Lu pour vous
La Société de distribution d’eau en Centrafrique (SODECA) peine à assurer un approvisionnement adéquat d’eau potable aux populations de Bangui, la capitale de la République centrafricain en cette période de saison sèche.
Le décor est dramatique. Il faut quitter la maison tôt et faire preuve de beaucoup de combativité pour avoir un peu d’eau. Plusieurs ménages se promènent avec des bidons de quartier en quartier et parcourent des fois plusieurs kilomètres à la conquête d’eau. Les puits qui ravitaillent la population tarissent au fur et à mesure.
Difficile pour les particuliers mais aussi pour les petits commerçants. A la paillote de la Tourangelle, des sceaux d’eau sont dans l’évier pour faire la vaisselle. « On est allé au quartier pour aller puiser l’eau, explique Judicaëlle, une serveuse. Pas d’eau du puits mais les pompages pour laver les verres et les assiettes. Parce que là, sans l’eau, on ne peut pas travailler. Donc c’est grave pour le moment. Il faut que la SODECA nous trouve une solution. On souffre partout, à la maison, au restaurant. Partout, on souffre vraiment ».
« C’est un problème crucial que nous connaissons en ce moment. Je suis sorti à 2 heures du matin avec ma femme pour aller chercher de l’eau », tonne de son côté Jean de Dieu Kossi, un enseignant du fondamental 1 indiquant que même les puits tarissent.
Réseau d’alimentation limité et vétuste
L’alimentation en eau de la capitale pose question. Un réseau vétuste et une seule source de pompage alimentent l’ensemble de la capitale. Ce système fragile menace sans cesse le quotidien des Banguissois.
Si les coupures d’eau ne sont pas rares dans la capitale, il n’est pas courant de voir l’intégralité du réseau à sec. La cause ? La conduite principale qui relie la station de pompage à la station de traitement de l’eau a cassé à deux endroits privant l’ensemble de la capitale d’eau au robinet.
Le réseau d’eau potable déjà limité à certains quartiers de la capitale a donc été totalement paralysé. Il a donc fallu aller à la rivière, aux puits ou aux pompes à eau qui sont en nombre limité dans les quartiers pour se réapprovisionner.
Comment comprendre ce tarissement rapide des puits ? Maxime Socky Yandjia représentant résident de l’Eau et Assainissement pour l’Afrique (EAA) à Bangui affirme : « des fois, on creuse et on n’arrive pas dans la nappe souterraine. On trouve juste un lac et on pense déjà arriver à terme. Et comme nous sommes en saison sèche, les puits peuvent tarir ».
Une seconde interprétation scientifique selon Maxime Socky Yandjia, « nous vivons un temps de péjoration climatique, et cela fait partie des effets du changement climatique ».
Ce problème d’eau potable perdure des années et la SODECA est loin d’apporter une solution idoine. Le Ministère du Développement de l’Energie et des Ressources Hydrauliques justifie cette pénurie d’eau par la vétusté des installations techniques.
« Depuis plus de 20 ans, la SODECA se trouve confrontée à des problèmes de vétusté d’équipements qui font que la capacité de pompage aujourd’hui est réduite », explique Alain Fidèle Kolongato Ngbadou, Directeur de Cabinet au Ministère du Développement de l’Energie et des Ressources Hydrauliques.
Kolongato Ngbadou ajoute qu’il y a « des problèmes liés à l’électricité. Car, la SODECA fonctionne à base de l’énergie qui lui permet de mettre en fonction les pompes immergées qui se trouvent au niveau du fleuve Oubangui ».
Aucun projet n’est en cours pour apporter des solutions à ce manque criard d’eau potable dans la capitale. Cette pénurie d’eau est un vécu quotidien de la population pendant la saison sèche. Les Filles et fils de Bangui doivent prendre leur mal en patience.
Moctar FICOU / VivAfrik