Centrafrique : La communauté Internationale réaffirme son soutien au dialogue entre le gouvernement et les groupes armés
PAR CYRILLE WEGUE LE 10 JANVIER 2019
BANGUI, 09 Janvier 2018 (RJDH) —La mission conjointe ONU-UA-CEEAC est arrivée ce mardi 08 janvier dans la capitale pour réaffirmer son engagement au processus du dialogue entre le gouvernement et les groupes armés. Jean-Pierre Lacroix, Chef du Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, et Smail Chergui, Commissaire de l’Union africaine à la paix et à la sécurité, sont collectivement déterminés à avancer ce processus en Centrafrique. Ils l’ont dit au cours d’une conférence de presse tenue après leur arrivée.
Au cours de leur échange avec la presse, Jean Pierre Lacroix, Sous-Secrétaire des Nations-Unies, Chef du Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, et le Commissaire de l’Union africaine à la paix et à la sécurité, Smail Chergui ont indiqué que le but de la mission est de réaffirmer l’engagement et l’unité de la communauté internationale autour de l’Initiative Africaine pour la paix et la réconciliation en RCA.
Smail Chergi, se félicite de la mission de la communauté internationale en Centrafrique, et que des efforts seront déployés dans ce sens pour la stabilité du pays, « je suis une nouvelle fois très heureux de me retrouver avec mon ami Jean-Pierre Lacroix, Sous-Secrétaire des Nations-Unies, Chef du Département des opérations de maintien de la paix dans la Capitale centrafricaine. A nouveau, dans la capitale centrafricaine pour continuer à conjuguer nos efforts pour promouvoir la paix, la stabilité et la sécurité dans ce pays frère », a confié, Smail Chergui aux professionnels des médias.
L’année 2019 pour Jean-Pierre Lacroix, doit être est une année d’apaisement et du dialogue en Centrafrique, « l’année 2019 doit être l’année du dialogue, doit être l’année de l’apaisement, doit être l’année de la réconciliation. Nous sommes collectivement déterminés à travailler, à ne ménager aucun effort en ce sens », a-t-il lancé.
Il a ajouté qu’ensemble avec les ministres de la sous-région, ils vont discuter avec les autorités du pays notamment le «Président de la République, Faustin Archange Touadera, nous allons rencontrer le Premier Ministre, les membres du gouvernement. Nous allons travailler avec eux, ils ont évidemment une responsabilité essentielle dans ce processus », précise-t-il.
Cette mission de l’ONU, de l’UA et de la CEEAC prendra fin le 10 janvier prochain dans la capitale. Le président de la commission de l’Union Africaine a dans une lettre proposé le mois de janvier pour la tenue du dialogue dans la capitale Ethiopienne.
Pourparlers de paix entre Bangui et groupes armés fin janvier au Soudan
https://www.voaafrique.com 09 janvier 2019 Freeman Sipila
Des pourparlers de paix entre Bangui et les groupes armés rebelles, attendus depuis plusieurs mois en Centrafrique, prendront place fin janvier au Soudan à l'initiative de l'Union africaine (UA).
"Le Président Touadéra a annoncé (...) la tenue du dialogue direct entre gouvernement et groupes armés le 24 janvier 2019 à Khartoum au Soudan, sous l'égide de l'UA dans le cadre de l'Initiative africaine", a tweeté mercredi après-midi Moussa B. Nebié, représentant de l'UA en Centrafrique.
Le Président TOUADERA a annoncé au terme de l'audience, la tenue du dialogue direct entre Gvt #RCA & groupes armés le 24/01/2019 à Khartoum au Soudan sous l'égide de #UA dans le cadre de #InitiativeAfricaine.@AU_PSD.@_Afri.@NgogaFred.@UN_CAR.@UNOAU_.@un.@parfait_onangapic.twitter.com/ScdZUErPIL
— Amb. Moussa B. NEBIÉ (@AmbNebie) 9 janvier 2019
Il aura fallu des mois de tractations pour que la date et le lieu de cette rencontre tant attendue soient dévoilés.
Khartoum, capitale du Soudan a été retenue, sans doute à cause de sa proximité avec les régions nord-est de la RCA, contrôlées à 99 % par des groupes armés de l'ex-séléka. Ce qui permettrait facilement le déplacement de certains chefs rebelles.
La grosse préoccupation des Centrafricains, c'est l'issue de ce dialogue sous les auspices de l'Union africaine, déjà que plusieurs revendications des 14 groupes armés du pays vont à l'encontre de la constitution centrafricaine et ne respectent pas les recommandations du Forum national de Bangui de mai 2015.
Les Centrafricains sont tout de même optimistes et attendent beaucoup de ces pourparlers.
Faustin Archange Touadéra a réitéré son engagement à mener ces discussions dans le respect de la constitution : "l'initiative de l'Union africaine pour la paix et la réconciliation nationale reste et demeure la seule voie de sortie de crise en RCA. Cependant, elle doit se dérouler dans le respect de la primauté de la constitution et des recommandations pertinentes du Forum National de Bangui du 10 mai 2015" a insisté le chef de l'Etat centrafricain.
Pour Martin Ziguele, député de la nation et chef du Mouvement de libération du peuple centrafricain, ces pourparlers doivent être inclusifs car "lorsque vous allez à des discussions de ce type, rien ne vous interdis de constituer des collèges 'sages'."
Il poursuit : "La paix en Centrafrique, ce n'est pas une question du président de la République. Pendant que je parle, j'ai des compatriotes qui sont certainement en train de mourir à Bakouma, donc ils ne peuvent pas comprendre pourquoi nous ne sommes pas ensemble pour pousser à la route la paix".
La société civile qui n'entend pas aussi rester en marge de ces négociations, insiste sur l'impunité. Pour Hervé Séverin Lindamo, coordonnateur d'une association des victimes, "les victimes ont plusieurs fois demandé à l'état l'amnistie zéro, le respect du Forum de Bangui, le respect de la constitution".
Question de l'amnistie
En 2018, un panel de facilitateurs de l'UA a rencontré tous les groupes armés opérant sur le territoire centrafricain, recueillant et compilant leurs revendications pour déposer les armes.
Ces demandes ont ensuite été remises fin août aux autorités à Bangui, qui devaient depuis convoquer un dialogue avec les quatorze groupes armés.
L'un des points majeurs d'achoppement de ces négociations entre gouvernement et groupes armés est la question de l'amnistie: demandée par les groupes armés, elle a toujours été refusée par Bangui, sous la pression de l'ONU et de ses partenaires.
Une Cour pénale spéciale (CPS) a été créée pour juger les crimes commis dans le pays depuis 2003, et plusieurs chefs de groupes armés sont cités dans des rapports d'enquête de l'ONU quand d'autres sont sous la menace d'un mandat d'arrêt.
De nombreuses tentatives de médiation ont eu lieu en Centrafrique depuis le début de la crise en 2012, et sept accords de paix ont été signés, sans qu'aucun ne parvienne à un retour au calme.
Ce pays est ravagé par des combats incessants entre des groupes armés qui combattent pour le contrôle des territoires et leurs ressources. Impuissant, l'Etat n'a de contrôle que sur une maigre partie du pays.