Lors de son déplacement en Centrafrique, à partir de lundi, la ministre des Armées Florence Parly devrait rappeler l'importance d'une approche multilatérale pour régler la crise dans le pays, en réponse à l'influence grandissante de la Russie.
La troisième fois sera-t-elle la bonne? Après avoir annulé à deux reprises son déplacement en République centrafricaine (RCA), Florence Parly devrait finalement décoller lundi pour Bangui et y rester deux jours. Côté programme, rien que du grand classique : deux rencontres avec son homologue, Marie-Noëlle Koyara, un entretien avec le président Faustin-Archange Touadéra, un autre avec le chef des forces onusiennes de la Minusca, une visite aux forces françaises sur place… Pourtant, les enjeux autour de cette visite ne sont pas minces. Ils relèvent de la Russie.
Il y a un an, Moscou, attiré par les ressources minières du pays et soucieux d'étendre sa sphère d'influence, a pris pied en RCA. Entre livraison d'armes, envoi d'instructeurs militaires – 175 officiellement mais plus de 300 en réalité – ou signature d'un accord de défense, la Russie s'est imposée à une vitesse étonnante comme un acteur incontournable dans le pays. Les hommes du Kremlin se sont aussi rapprochés de Touadéra, dont un Russe, Valery Zakharov, est désormais le proche conseiller. Enfin, alors que l'Union africaine tente laborieusement de négocier la paix dans ce pays exsangue de 4,6 millions d'habitants, Moscou a initié en parallèle sa propre initiative en réunissant cet été à Khartoum, au Soudan, différents groupes armés.
De l'équipement militaire livré à un pays en crise
A Paris, cette incursion russe agace, d'autant qu'elle s'accompagne d'une campagne anti-française dans les médias locaux. Au cabinet de Florence Parly, on assure cependant que le voyage de la ministre n'a rien d'une contre-attaque : "Nous ne souhaitons pas entrer dans des polémiques pour savoir qui a le plus d'influence en RCA", évacue-t-on dans son entourage. "La relation que nous entretenons avec ce pays est ancienne. Alors que la situation sécuritaire y est toujours volatile, nous souhaitons montrer notre soutien aux autorités."
Il n'empêche : au cours de ces deux jours, Florence Parly va remettre à son homologue de l'équipement militaire – embarcations amphibies et 1.400 kalachnikovs. La ministre de la Défense devrait aussi rappeler l'importance d'une approche multilatérale et concertée pour régler la crise en RCA. "L'initiative de paix lancée par l'UA (Union africaine) est le seul cadre qui prévaut", explique son cabinet. "Toutes les volontés sont les bienvenues à partir du moment où elles s'inscrivent dans ce cadre." Difficile de ne pas voir là une réponse adressée aux Russes.