Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Sommaire

  • : centrafrique-presse
  • : informations générales sur la république centrafricaine et l'Afrique centrale
  • Contact

Recherche

Liens

27 août 2018 1 27 /08 /août /2018 23:20
[Reportage] RCA dans la région de Paoua, des déplacés encore traumatisés
[Reportage] RCA dans la région de Paoua, des déplacés encore traumatisés
[Reportage] RCA dans la région de Paoua, des déplacés encore traumatisés

 

 

Par RFI Publié le 27-08-2018 Modifié le 27-08-2018 à 12:17

 

En République centrafricaine, dans la région de Paoua, de violents affrontements entre groupes armés ont déplacé plus de 70 000 personnes en décembre 2017. Aujourd'hui, depuis que la Minusca, la Mission des Nations unies sur place, a mis en place des bases temporaires sur les axes routiers, un calme relatif est revenu dans la zone et la majorité des populations, désoeuvrées et sans réelles ressources à Paoua, est rentrée dans les villages. Mais le retour est récent et les séquelles toujours présentes, notamment dans le village de Bemal.

 

A Bemal, en Centrafrique, le maïs vert pousse sur les bas-côtés de la piste. Les populations sont de retour dans les champs. Mais l'activité agricole reste compliquée dans cette zone. Dans la région de Paoua, de violents affrontements entre groupes armés ont déplacé plus de 70 000 personnes en décembre dernier avant que la Minusca, la mission de l'ONU sur place, ne mette en place des bases temporaires.

 

« Il y a des hommes armés qui sont là, s'inquiète Hervé, un cultivateur. Ce sont des gens qui se déguisent. Parfois, la Minusca patrouille mais après, ces hommes reviennent. La population ne peut pas aller au-delà de 5 kilomètres du village pour cultiver. C'est notre souci. On est obligés de cultiver proche du village. »

 

Tout recommencer

 

Bemal se trouve à deux jours à pied de Paoua, mais seulement à une quinzaine de kilomètres de la frontière tchadienne. Ici, des déplacés ne veulent pas rentrer chez eux car ils sont encore traumatisés. Freddy a quitté son village il y a trois semaines. Ce cultivateur doit désormais tout recommencer.

 

« J'ai fui avec seulement mes habits, les gens ont tout détruit et ils ont brûlé ma maison, raconte-t-il. J'ai perdu tout ce qui est récolte. J'ai perdu aussi les boeufs que j'avais pour l'agriculture. Pour le moment, on partage ce qu'il y a dans la famille. Je n'ai pas d'autres sources de revenus à part l'aide de mes parents. Mes parents ont plusieurs champs. Je vais leur en demander un pour cultiver. »

 

Des ONG distribuent déjà des semences pour soutenir les populations dans la reprise de leurs activités. Il faudra des mois à ces communautés pour retrouver leur vie d'avant.

 

"J'ai fui avec seulement mes habits. Les gens ont tout détruit et ils ont brûlé ma maison."

 

[Reportage] En Centrafrique, dans la région de Paoua, les séquelles des déplacés

 

27-08-2018 - Par Charlotte Cosset

 

 

INVITÉ AFRIQUE

 

RCA: «L'assistance humanitaire n'est pas la solution, c'est une réponse d'urgence»

 

Par Charlotte Cosset  RFI  dimanche 26 août 2018

 

En RCA, la Minusca a mis en place des bases temporaires pour venir en aide aux déplacés et les faire revenir dans leur village d’origine. De retour de Paoua, Najat Rochdi, représentante spéciale adjointe du secrétaire général de l’ONU, coordinatrice résidente du système des Nations unies, coordinatrice humanitaire et représentante du PNUD, répond aux questions de Charlotte Cosset.

 

RFI: Vous venez de réaliser une visite à Paoua, dans le nord-ouest du pays. Quelle est la situation, aujourd’hui ?

 

Najat Rochdi: Depuis un mois et demi – depuis, en fait, que la Minusca a mis en place ses bases temporaires tout au long des axes - on a commencé à voir le retour des déplacés vers leurs villages d’origine.

La première chose qui était formidable, c’était de voir la joie revenir, des visages plus sereins que quand on les avait rencontrés à Paoua.

La deuxième chose, c’est que les activités, au niveau des champs, ont repris.

Ceci dit, il y a encore un gap en termes d’abris, soit des toits qui manquent - avec la saison des pluies évidemment il faudrait accélérer ça - soit carrément des maisons qu’il faut reconstruire.

Il y a aussi un gap au niveau de l’accès à l’eau. Nous avons vu qu’il y avait un puits pour 800 personnes, ce qui, bien évidemment, est bien au-deçà des standards.

Le troisième élément qui est vraiment assez tragique, c’est l’absence de Centres de santé, dans beaucoup d’endroits.

L’autre élément sur lequel tout le monde a insisté, c’est la mise en place d’activités génératrices de revenus et de moyens de subsistance, d’abord pour donner des alternatives aux jeunes et les encadrer parce que c’est quand même le meilleur pari sur la paix. Ensuite, pour les aider à se relever. Nous avons vu aussi beaucoup de souffrance. Ils ont subi beaucoup de choses… des violences. Ce n’est pas évident.

 

Quelle est la situation des autres déplacés dans le reste du pays en Centrafrique ?

 

Je vous avoue que, pour nous, Paoua fait partie des meilleures nouvelles. A Kaga-Bandoro, nous avions vraiment commencé un bon mouvement de relocalisation des déplacés mais, malheureusement, les derniers incidents sécuritaires ne nous ont pas permis d’aller plus loin.

A Bangassou, nous continuons de travailler d’arrache-pied avec l’espoir que les déplacés du petit séminaire - qui sont à l’évêché - pourront avoir toutes les conditions de sécurité pour retourner dans leur quartier.

À Bria, nous essayons aussi de déclencher ce mouvement de retour. Seulement, le mouvement de retour dépend aussi de la volonté des déplacés. Si les déplacés ne sont pas rassurés, ils ne vont pas accepter de partir. Par conséquent, nous travaillons, en fait, sur plusieurs plans en collaboration avec la Minusca, les forces de sécurité intérieures et autres pour mettre en place les conditions de retour ainsi que les conditions de sécurité. Bien évidemment, nous travaillons aussi avec les humanitaires pour mettre en place toutes les ressources nécessaires pour ces retours.

 

Faites-vous face à des difficultés particulières dans votre travail ?

 

Oui. Nous devions aller dans un village qui était à 60 km de Paoua. Après deux heures et demie de route, nous avons dû rebrousser chemin tout simplement parce que c’était impossible de traverser. Les voitures ou les pickups étaient totalement embourbés. Imaginez ce qu’il en est si c’est un camion, plein de nourriture, allant faire de l’assistance alimentaire.

Nous rencontrons également des difficultés d’incertitude en termes de sécurité, dans un certain nombre de zones.

Par ailleurs, la troisième difficulté évidente, c’est le manque de financement. Nous sommes actuellement à 28 / 30 % de financement. C’est pour cela aussi que mettre les retours au centre de notre stratégie ou encore réussir les retours des déplacés de Paoua, c’est un message d’espoir pour tout le monde et un message pour dire que nous n’allons pas rester tout le temps juste dans la gestion de la crise humanitaire. Oui, on peut se déplacer vers ce fameux nexus entre l’humanitaire et le développement où l’on sort de l’urgence et on rentre dans la résilience.

 

Aujourd’hui, la crise humanitaire est liée à la crise politique et sécuritaire du pays. Menez-vous des actions concrètes, à ce sujet ?

 

En tant que coordinatrice humanitaire, j’ai bien-sûr, régulièrement, des consultations avec les acteurs politiques, les acteurs humanitaires et les acteurs sécuritaires. Il y a aussi un travail en coopération car, en effet, tout le monde est bien conscient qu’une population qui souffre, qui est frustrée et qui ne peut pas voir un changement dans sa vie n’est pas une population qui, un jour, sera prête à se réconcilier.

Mes contacts avec les groupes armés concernent la négociation de l’accès humanitaire et la sécurisation du personnel humanitaire. C’est dans ce cadre que je les rencontre régulièrement et c’est quelque chose que nous continuerons à faire car dans beaucoup de cas, cela a vraiment permis de sauver beaucoup de vies.

Le contact avec les groupes armés, c’est aussi pour leur dire que quand des ONG ou des humanitaires suspendent leur assistance, ce sont  les communautés, les populations vulnérables qui payent, seules, le prix. Ils ne peuvent donc pas me dire que d’un côté, ils sont là pour défendre les communautés et que d’un autre côté, ils fassent en sorte que ceux qui sont là juste pour les aider soient à un moment donné obligés de fermer et de partir.

C’est aussi un plaidoyer pour leur dire : Ok, les ONG sont importantes. Dans ce cas, faites en sorte qu’on ne les attaque pas et qu’on n’attaque pas leurs bases, qu’on ne vole pas leur assistance parce que c’est la communauté qu’on vole. Quand on vole de la nourriture, on la vole de la bouche des déplacés, de la bouche des populations vulnérables. Quand on vole des médicaments, on l’enlève aux personnes qui en ont besoin.

Nous avons aussi, bien sûr, des réunions sur l’initiative africaine, sur ce qui est attendu de l’initiative africaine et auxquelles je peux participer parce que tout le monde est bien conscient que l’assistance humanitaire, ce n’est pas la solution.  C’est une réponse d’urgence. Donc la solution viendra bien sûr du relèvement, de la sécurité et de la réconciliation.

 

Partager cet article
Repost0
Published by Centrafrique-Presse.com