Centrafrique : Les russes entrent dans la danse des pourparlers avec les groupes armés
PAR JEAN FERNAND KOENA LE 1 MAI 2018
BANGUI, le 1er Mai 2018(RJDH)—Alors qu’ils poursuivent l’entrainement des FACA pour le maniement de leurs armes, les émissaires militaires russes entrent discrètement en pourparlers avec l’aile dure de la Séléka sous contrôle de Nouredine Adam. Information confirmée par le porte-parole du gouvernement Ange Maxime Kazagui à Bangui.
Depuis l’autorisation du Conseil de Sécurité, les soldats russes font preuve de la sociologie militaire et refusent d’être considérés comme des forces d’occupation. Après des distributions des vivres à la population du km5, c’est le tour des discussions avec les groupes armés à Kaga-Bandoro. L’implication des soldats russes intervient dans un contexte où l’Union Africaine dans le cadre de la mise en œuvre de sa feuille de route poursuit les discussions avec ces groupes armés en vue d’un dialogue avec les autorités du pays prévu probablement pour juillet.
L’aéronef des émissaires russes est atterri sur l’aérodrome de Kaga-Bandoro à la surprise de la population qui ne comprenait pas pourquoi les blancs membres de l’équipage puissent entrer en discussions avec les leaders des groupes armés. La réaction de cette population était d’empêcher l’avion de décoller de là. Sur les réseaux sociaux, cette réaction a fait un buzz, beaucoup sont ceux qui voient la main de la France jusqu’à ce que le porte-parole du gouvernement lève l’équivoque « cet avion dont on parle est un avion russe dont la mission de l’équipage serait de prendre contact avec les responsables des groupes armés »,a-t-il dit avant d’appeler la population au calme.
La réaction du porte-parole cache mal la fermeté vis-à-vis des groupes armés. En langue nationale Sango, la précision de la déclaration gouvernementale est sans appel. « Dans la situation où nous nous trouvons comme vous le savez, il y a parfois le dialogue avant le combat. C’est pourquoi, j’ai reçu de la hiérarchie l’information suivante comme quoi ce sont les russes qui sont partis discuter avec les groupes armés » a-t-il insisté.
Les russes engagent des discussions avec les groupes armés peu après le regroupement des leaders de la Séléka à Kaga-Bandoro, puis à Ndélé mais aussi et surtout à un moment où le flux d’armes dans les zones sous contrôle des groupes armés s’intensifie.
Difficile de dire aujourd’hui si le Conseil National de la Médiation y est impliqué. Ce même doute concerne aussi l’engagement du panel des experts de l’Union Africaine dans ce nouveau dialogue engagé par les russes. Toutefois, ces différentes structures ont appelé au dialogue dans la fermeté.
Centrafrique : Le Cardinal Nzapalainga réclame la justice après l’assassinat d’un prêtre de son diocèse
PAR JUDICAEL YONGO LE 2 MAI 2018
BANGUI, le 02 Mai 2018(RJDH) —-Dans une déclaration faite ce mercredi 2 mai 2018, le Cardinal Nzapalainga a réclamé du gouvernement et de la Minusca la justice suite à l’assassinat de l’Abbé Albert Toungoumale Baba, un prêtre de la paroisse Saint Mathias, tué alors qu’il présidait une messe en la paroisse Notre Dame de Fatima.
Que la toute la lumière soit faite les circonstances de l’attaque de Notre Dame de Fatima, c’est la ligne choisie par le Cardinal Dieudonné Nzapalaïnga dès sa descente d’avion, un jour après les tueries de l’Abbé Albert Toungoumalé Baba et de plusieurs paroissiens alors qu’ils prenaient part, à une messe de vœux. Une déclaration tant attendue dans un contexte où l’opinion nationale avec elle, l’église est suspendue à cette cérémonie de promesse.
Le premier temps fort de cette déclaration du Cardinal métropolitain de Bangui est la condamnation de l’acte et l’application de la justice. «J’en appelle au gouvernement et à la Minusca pour que la lumière soit faite. C’est à dire qu’on puisse savoir la vérité et que la justice soit rendue aussi à la population centrafricaine. C’est pourquoi, je voudrais sans ambages condamner énergétiquement ce qui s’est passé en la paroisse Notre Dame de Fatima» a lancé Dieudonné Nzapalainga.
Ces actes abominables sont inquiétants pour l’homme de Dieu qui s’interroge sur la destinée de ce pays «depuis des décennies, qu’avons-nous fait de ce pays ? Coups d’Etat, mutineries, rébellions à réplétion. Le résultat est devant nous. Nous avons des morts, des scènes de pillages, des destructions. Derrière ces événements je me pose des questions : y a-t-il de la manipulation? ; y a-t-il de l’instrumentalisation? ; y a-t-il une volonté de diviser le pays?; y a–t-il un agenda caché?» Autant de questions qui ne trouvent pas encore de réponse.
Cette idée a été soutenue par l’Imam Kobine Layama, président de la Communauté Islamique qui juge inacceptable le crime odieux perpétré en la paroisse Notre Dame de Fatima, «c’est inacceptable que les agendas cachés puissent mettre en échec tous les efforts déployés en faveur de la paix, la cohésion sociale et le vivre ensemble dans le pays» a-t-il soutenu.
Un début de réponse aux interrogations de l’Eglise par la voix du Cardinal vient du gouvernement qui, dans une déclaration, a pointé du doigt l’aile dure de la Séléka dirigée par Nouredine Adam, leader du FPRC, réfractaire au processus de paix et à la main tendue du pouvoir de Bangui.
Centrafrique : Le chef d’autodéfense Force nie son implication dans l’attaque contre l’église de Fatima
PAR JEAN FERNAND KOENA LE 2 MAI 2018
BANGUI, le 2 Mai 2018(RJDH)— Mis en cause dans l’attaque contre l’église de Fatima, Nimery Matar, allias Force brise le silence et accuse la Minusca et les forces intérieures d’être à l’origine du drame. Accusation rejetée par la Minusca qui affirme ne pas être en première ligne mais plutôt les forces intérieures.
Selon Nimery Matar allias Force, la confusion faite par les éléments de la gendarmerie et le contingent portugais de la Minusca serait à l’origine du drame « ce sont les portugais et les gendarmes qui ont tiré sur un jeune ce matin qui était sur sa moto. Il pensait que c’était moi, alors que je suis malade depuis trois jours je souffre de la tension et suis alité. C’est en ce moment qu’on a amené le blessé éventré et que les éléments se sont soulevés. Je suis malheureux, ce que je ne fais pas on dit que c’est moi », a-t-il dit.
Accusation rejetée en bloc par la Minusca à travers Hervé Verhoosel chef de communication stratégique qui parle de tension « oui nous avons appris au même titre que vous qu’il y a affrontement en ce moment proche du km5, mais je puis vous dire que la Minusca n’est pas en première ligne », a-t-il répondu aux questions du RJDH.
Dans une déclaration gouvernementale, le porte-parole de gouvernement Ange Maxime Kazagui a accusé l’aile dure de la Séléka, le FPRC encore hostile au régime de Bangui d’être derrière cette attaque qui ne restera pas impunie.
Plusieurs personnes ont trouvé la mort dans cette attaque et plusieurs blessés sont pris en charge dans les centres de référencement ainsi que par MSF. Les leader religieux du pays appellent au calme et invitent le gouvernement et la Minusca de faire la lumière sur cette affaire.