Centrafrique : Faustin Archange Touadera reprend le contrôle de l’Assemblée nationale
PAR JEAN FERNAND KOENA LE 9 MARS 2018
BANGUI, le 9 Mars 2018(RJDH)— L’Assemblée nationale renouvelle son bureau conformément à son règlement intérieur. Contrairement à 2017, ce renouvellement consacre le contrôle de cette Chambre par le groupe parlementaire «Cœurs Unis » plus proche de Touadera que «le Chemin de l’Espérance » reconnu proche du président de l’Assemblée Abdou Karim Meckassoua.
Symphorien Mapenzi, candidat malheureux au perchoir de la présidence de l’Assemblée est élu premier vice-président de ladite institution. Il devance Aurélien Simplice Zingas candidat à sa propre succession. Mathurin Dimbélé de Berberati a remporté haut la main avec 87 voix face à Mbaïkoua membre de l’ancienne équipe. La tendance montre clairement la réorganisation du groupe parlementaire «Cœurs Unis» porté par Steve Koba, député de Mbaïki 1.
L’enjeu de ces élections à la première Chambre de l’Assemblée est de taille. D’abord dans cette majorité parlementaire apparente on assiste à une crise de confiance marquée par un bras de fer politique entre l’Exécutif et le Parlementaire. Pour y arriver, les élus réputés proches de l’opposition ont été débauchés au profit de la majorité. C’est le cas des députés CRPS de Me Nicolas Tiangaye et ceux du groupe parlementaire RPR de Ferdinand Alexandre Nguendet qui ont rallié avec armes et bagages le camp juteux contrairement à la ligne politique de leur parti et de leurs leaders.
Si l’argent y est pour beaucoup dans le choix des élus au bureau de la Chambre, il n’en demeure pas moins que le soupçon de distribution d’argent pèse beaucoup lors du conclave de Boali réunissant les députés proches de « Cœurs unis ». Une leçon apprise et comprise alors ! Mais il reste encore à savoir si l’Assemblée nationale que Touadera contrôle aura le courage politique de contrôler comme le veut la règle de l’art l’action gouvernementale. C’est la question que l’on se pose.
Cette élection sonne la fin d’une série à laquelle les observateurs de la vie politique sont habitués depuis 2016
Composition du nouveau Bureau de l'Assemblée Nationale de la République Centrafricaine
Président : Karim Meckassoua
1er Vice-président : Jean Symphorien Mapenzi
2ème Vice-président : Dimbele Nakoe Mathurin
3eme Vice-Président : Ernest Mizedio
4e Vice-président : Djeme Marien Dieudonné
1er Questeur Toh Sah Be Za Augustin
2e Questeur Issa Marc
3e Questeur Sall Karim Sedar
1er Secrétaire parlementaire: Bernard Dillah .
2e Secrétaire parlementaire: Mme Gambo...
3e Secrétaire parlementaire: Mme Tiangou Dorothee
1er Membre: Ninga Luc
2e Membre Gbassigui
3e Membre: Ngouveli Joseph
4e Membre: Soumaine Azize Alime
Centrafrique : Viol collectif à Bossangoa, 10 survivantes prises en charge par MSF
PAR FRIDOLIN NGOULOU LE 9 MARS 2018
BANGUI, 9 mars 2018 (RJDH)– Un viol de masse a été signalé après que dix survivantes ont été emmenées à l’hôpital de Bossangoa et prises en charge par le personnel de l’organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF). Information rendue publique par l’équipe de MSF.
Un groupe de femmes est arrivé le 3 mars à l’hôpital de Bossangoa, au nord de la RCA. Selon ces femmes, le forfait a été perpétré le 17 février près de Kiriwiri, village situé à 56 kilomètres de Bossangoa. Les dix survivantes ont expliqué qu’elles étaient dans un grand groupe de femmes dans la brousse en train de collecter de l’eau, de nettoyer des vêtements sales et de pratiquer des récoltes lorsque des hommes en armes les ont prises en otages. Certaines femmes sont parvenues à s’enfuir tandis que d’autres ont été enlevées et emmenées au camp d’un groupe armé où elles ont été violées à multiples reprises avant d’être remises en liberté.
Selon le personnel de MSF, cette attaque n’est qu’un exemple parmi tant d’autres mettant à nu les violences sexuelles perpétrées contre les femmes par des hommes armés vivant dans une logique de violence extrême. «En raison d’une combinaison de facteurs, tels la situation sécuritaire particulièrement précaire, la peur d’éventuelles violences sexuelles et les pressions culturelles, les femmes qui ont pu bénéficier de soins médicaux n’ont pas quitté leur village avant le 2 mars, lorsqu’une autre organisation humanitaire est parvenue à envoyer des motos sur place pour les transporter à l’hôpital de Bossangoa, établissement où travaille une équipe de MSF. Les membres de l’équipe leur ont immédiatement fourni les premiers soins, suivis de soins gynécologiques, de vaccins contre le tétanos et les hépatites, ainsi que d’un soutien psychologique. Malheureusement, il était trop tard pour leur administrer le traitement essentiel contre la transmission du VIH, qui doit être pris dans les 72 heures suivant le viol», regrette MSF dans un communiqué y relatif.
«Les femmes que nous avons reçues réagissaient différemment à cette situation, mais toutes étaient très traumatisées. Certaines étaient totalement sous le choc, d’autres paralysées par la peur ou dans l’incapacité de parler de l’incident. Un certain nombre de ces femmes présentaient des plaies ouvertes, plaies pratiquées à l’arme blanche. C’était terrible à voir, ça m’a brisé le cœur. Notre équipe de la maternité les a prises en charge avec dignité et patience, et a mis à leur disposition un espace sûr et confidentiel afin qu’elles puissent commencer à digérer ce qui leur était arrivé», raconte Soulemane Amoin, la sage-femme travaillant pour MSF et responsable à l’hôpital de Bossangoa.
Les survivantes ont témoigné à MSF que de nombreuses autres victimes de cette attaque sont restées au village, préférant ne pas se rendre à l’hôpital de Bossangoa par peur de stigmatisation liée au viol, y compris la crainte d’être exclues de leur communauté en cas d’identification en tant que survivantes.
«Nous sommes choqués et très attristés par ce viol de masse, et particulièrement inquiets au sujet des nombreuses femmes toujours sans assistance qui ont besoin de soins médicaux de toute urgence. Cette attaque terrible symbolise bien le quotidien de la population en République centrafricaine, en particulier des femmes et des enfants qui sont les plus vulnérables dans ce conflit», explique Paul Brockmann, chef de mission de MSF en RCA avant d’ajouter «Cette attaque est l’une des conséquences de la nouvelle vague de violences aveugles qui a éclaté à la fin de 2016 et se poursuit sans relâche» .
Cette dernière attaque porte le nombre total de survivantes de viols et d’agressions sexuelles soignées par l’équipe de MSF à Bossangoa à 56, de septembre 2017 à ce jour, soit beaucoup plus que les cas des treize femmes prises en charge entre janvier et août 2017. Cette augmentation est non seulement le reflet d’une recrudescence de la violence dans la zone, mais aussi d’une intensification des activités du programme de MSF de lutte contre les violences sexuelles.
300 autres survivantes sont soignées depuis 2018 à l’hôpital SICA de Bangui, 10 autres à la maternité de Gbaya-Dombia et 147 à l’Hôpital communautaire de Bangui.