Par RFI Publié le 20-02-2018 Modifié le 20-02-2018 à 21:53
Ursula Mueller, la numéro deux d'Ocha, également en charge des crises d'urgence, s'est rendue lundi 19 février à Paoua, dans le nord de la Centrafrique où plus de 65 000 déplacés se sont réfugiés depuis plus de deux mois. Ils ne sont pas près de rentrer chez eux.
Faute de place, à Paoua, les adultes dorment sous les manguiers. Dans le quartier de Saramandja, ils sont toujours des centaines à vivre dans des familles d'accueil ou sous la chaleur étouffante de grandes tentes communautaires.
Depuis fin décembre et la fuite des combats entre le groupe d'autodéfense Révolution et Justice et le MNLC, une branche de la Séléka, l'afflux de déplacés à Paoua entraîne une crise alimentaire
Clémentine n'a qu'une envie, rentrer chez elle : « Si on ne rentre pas, on fait comment ? Y a rien à manger, tous les jours nous avons faim et les enfants pleurent toute la journée. Si on reste encore un an à Paoua, va-t-on ramasser la terre pour la manger » ?
«Rentrer chez soi exige de la sécurité»
En visite dans la ville, lundi 19 février, Ursula Mueller découvre les conditions de vie de ces dizaines de milliers de déplacés. Et la sous-secrétaire générale aux affaires humanitaires de l'ONU n'est pas vraiment optimiste. « Rentrer chez soi exige de la sécurité », rappelle-t-elle.
Certes, « la Minusca et l'armée nationale, qui travaillent ensemble, sont en train de repousser les groupes armés. Mais des gens m'ont dit que certains ont essayé de rentrer chez eux pour reprendre l'agriculture et qu'ils ont été tués ».
Dans ce grenier agricole de la Centrafrique, les récoltes devraient commencer en mars. Si d'ici là les déplacés ne sont pas rentrés chez eux, ils risquent bien de devoir rester plusieurs mois dans cette ville où la nourriture commence cruellement à manquer.
RCA: à Paoua, avec l’afflux de déplacés le manque d’eau potable devient criant
Par RFI Publié le 05-02-2018 Modifié le 05-02-2018 à 12:21
A Paoua, la crise humanitaire, qui est survenue avec l’arrivée de 65 000 déplacés et a fait tripler le nombre d’habitants, ne fait qu’augmenter. La situation est particulièrement critique concernant la distribution en eau, où l’on compte un puits pour 3 500 personnes.
Des dizaines de bidons s’amassent en file indienne devant le seul point d’eau du quartier. Il est 9 heures, et Gertrude attend son tour pour remplir les 120 litres d’eau dont elle a besoin pour sa famille et la cinquantaine de déplacés qui vivent chez elle : « D’habitude, je n’ai qu’à attendre deux heures pour remplir mes bidons. Mais avec tous les déplacés qui sont arrivés et tout le monde qui veut de l’eau, je suis là depuis 4 heures du matin ».
Pour pallier en partie ce problème, Oxfam a fait venir une foreuse au quartier Aérodrome depuis Bangui et va, cette fois-ci, creuser plus en profondeur. « Le forage, c’est un ouvrage qui permet de trouver vraiment la ressource dans le sol et là nous avons prévu d’aller jusqu’à 70 mètres. En tout cas, ça, c’est un ouvrage pérenne, tandis que le puits c’est juste temporaire. En saison sèche ça se tarit et terme de qualité de l’eau, le puits ce n’est pas potable », explique Salomon Kwakou, responsable eaux et assainissement de l’ONG.
Pour Jean-Paul Mbaïnabeur, le chef de ce quartier, c’est une grande nouvelle : depuis toujours, les habitants sont, eux, obligés de se rendre en brousse pour s’approvisionner en eau. « L’eau du marigot, ça fait du mal, surtout aux femmes enceintes et aux enfants de 0 à 18 ans parce que ça provoque la diarrhée, les vers et aussi des maladies d’estomac ».
Une fois les analyses physico-chimiques réalisées, le point d’eau devrait être en service d’ici mi-février et soulagera, en partie, habitants et déplacés.