Centrafrique : Des groupes armés divisés sur le procès Andjilo
PAR BIENVENUE MARINA MOULOU-GNATHO LE 19 JANVIER 2018
BANGUI, 19 Janvier 2018(RJDH)— Des groupes armés interrogés sur le procès de Rodrigue Ngaïbona alias «général Andjilo» sont divisés dans leurs appréciations. Pour certains, la justice est souveraine pour réprimer les criminels, alors que d’autres parlent d’une crise communautaire que seule la justice internationale est compétente pour la juger. Propos exprimés ce jour lors des entretiens avec le RJDH.
La réaction des groupes armés par rapport au procès du général Andjilo intervient après le réquisitoire du ministère public qui demande la peine de travaux forcés à perpétuité contre l’accusé Rodrigue Ngaïbona alias général Andjilo poursuivi pour 6 chefs d’accusation.
Abdoulkasim Algoni Tidjani, porte-parole du mouvement armé MPC du général Alkatim, pense que la justice est souveraine pour réprimer les criminels, «nous ne pouvons pas refuser le jugement. Si la personne a commis des crimes, c’est normal qu’elle soit jugée parce que la justice est faite pour juger les criminels. Si la justice lui reproche quelque chose, c’est normal qu’il soit jugé. Nous voulons tous la justice mais dès lors que les gens ont encore les armes, comment cela peut-il se faire?» s’interroge-t-il.
Un avis contraire à celui du FPRC, contacté depuis la ville de Birao. Ali Sidik Aboubakar porte-parole du mouvement pense qu’Andjilo ne devrait pas être jugé seul. Cela est un non événement pour le FPRC, «Andjilo est un petit criminel qui s’est retrouvé devant la barre mais ceux qui sont derrière Andjilo sont encore libres », regrette-t-il.
Il réclame par la même occasion l’implication de la justice internationale pour que la justice soit rendue, «la crise que nous traversons est communautaire. On ne peut pas accepter qu’un Centrafricain puisse juger un autre car nous avons tous les mains liées. Donc pour notre part, il faut l’implication de la justice internationale », a-t-il souhaité.
Les groupes Anti-Balaka et l’UPC joints sur la question se sont réservés de tout commentaire. Depuis le démarrage du procès le 11 Janvier 2018, Rodrigue Ngaïbona alias « Général Andjilo » a nié tous les faits qui lui sont reprochés. Son procès est un avant-goût et intervient au moment où deux juges internationaux de la Cour Pénale Spéciale viennent d’être nommés notamment un togolais et un béninois.
Centrafrique : Les leaders politiques saluent l’audience de la Cour d’appel
Par RJDH Centrafrique - 19/01/2018
La réaction des leaders d’opinion fait suite à quelques jours de procès avec en toile de fond la réquisition du Procureur général qui requiert la prison à perpétuité avec travaux forcés.
Les leaders politiques sont unanimes pour saluer l’audience de la session criminelle mais la variation réside au fait que certains accusés circulent librement dans Bangui tandis que des voix s’élèvent pour demander que d’autres bourreaux présumés puissent aussi comparaitre comme Andjilo.
La réaction des leaders d’opinion fait suite à quelques jours de procès avec en toile de fond la réquisition du Procureur général qui requiert la prison à perpétuité avec travaux forcés. Un procès qui donne le sentiment de dégoût selon acteurs de la vie publique du pays.
Le Député Augustin Agou salue l’audience de la session criminelle «les problèmes de pauvreté de ce pays, et l’impunité en fait partie, d’abord il faut mettre un termes définitif à l’impunité. On se rend compte que les mêmes causes produisent les mêmes effets. L’idéal c’est de sanctionner tout manquement parce que nous sommes un pays démocratique. Hélas je regrette, car j’ai l’impression que le dossier n’est pas bien ficelé. L’accusé est né en province ; il y a grandi. Comment a-t-il fait pour parvenir jusqu’à la capitale ? Certainement, il avait des complices» a-t-il lâché.
Anicet George Dologuelé, chef de fil de l’opposition souhaite que ce processus puisse aller jusqu’au bout. «Je pense qu’il faut applaudir cela. Car il y a eu des crimes graves commis sur des Centrafricains. Je pense qu’il court beaucoup plus de criminels en dehors des tribunaux qu’aujourd’hui devant les tribunaux. Le fait est que l’on en ait jugé quelques-uns. J’espère que les autres qui sont en liberté connaitront leur sort » a t- il souhaité.
Marcel Djimassé, ancien candidat malheureux aux élections présidentielles de 2015-2016, n’est pas choqué de la ligne de défense des Avocats d’Andjilo. «Chacun doit définir sa stratégie de défense mais, il appartient à la justice, aux juges, aux magistrats de faire jaillir la vérité».
Rodrigue Ngaïbona alias Andjilo refuse de parler au moment où les Centrafricains attendent beaucoup de la responsabilité et de l’implication des politiques dans la crise qui a endeuillé le pays.