http://www.dw.com 10.11.2017
Alors que le forum des investisseurs vient de s'achever en RCA, les participants étaient moins nombreux qu'espérés. La faute, en partie, à la situation sécuritaire dans le pays toujours très incertaine.
Le forum des investisseurs de Bangui, ouvert depuis mercredi, s'est refermé ce vendredi. Plusieurs bailleurs de fonds venus de l'étranger ont effectué le déplacement, mais leur nombre est resté en deçà des attentes du gouvernement centrafricain. L'instabilité dans le pays, toujours partiellement aux mains des groupes armés, ne favorise pas le climat des affaires. L'absence de l'autorité de l'Etat et l'insécurité grandissante dans presque 70% du territoire est défavorable à Bangui.
Une situation pas étonnante pour certains observateurs. "L'insécurité va de pair avec le quotidien en Centrafrique. Or il s'agit justement, au-delà des investissements, de donner les garanties permettant aux investisseurs d'être sûrs que leurs investissements ne vont pas être perturbés par l'activité des nombreuses milices qui s'affrontent quotidiennement en Centrafrique", explique Aboya Manassé Endong, professeur de Sciences politiques à l'Université de Douala au Cameroun.
Investir pour améliorer la situation sécuritaire
Pourtant les Centrafricains se veulent rassurants et appelle les investisseurs à venir s'installer. "Nous ne pouvons pas attendre qu'il y ait une situation sécuritaire sur toute l'étendue du territoire pour jeter les bases de la relance économique", insiste Janvier Ngawen, secrétaire permanent adjoint de l'Observatoire centrafricain d'études économiques et sociales. Pour lui, la République centrafricaine a besoin d'être assistée de manière significative. "Si il y avait eu la possibilité de créer un certain nombre d'emplois et de disposer d'un peu de richesse, ça serait plus difficile pour les groupes armés de se multiplier", explique-t-il.
La Banque mondiale qui se pose en garante du potentiel de la Centrafrique a annoncé un versement de 25 milliards de Francs CFA pour la réalisation des infrastructures à l'ouverture de ce forum. Au total ce sont environ 70 investisseurs du secteur minier venus d'Europe, d'Amérique, d'Asie mais aussi des régions comme le Niger et le Tchad qui ont fait le déplacement. Des entreprises françaises et chinoises déjà présentes sur le sol centrafricain dans de nombreux secteurs tels que les télécommunications, le transport aérien, ainsi que le secteur des PME étaient aussi présentes.
RCA: le Forum des investisseurs laisse un goût d'inachevé
Par RFI Publié le 10-11-2017 Modifié le 10-11-2017 à 05:03
En Centrafrique, le Forum des investisseurs s'est achevé jeudi 9 novembre et laisse un goût d'inachevé. Une trentaine d'entreprises étrangères étaient présentes. Pour la plupart, elles se sont dites enthousiastes à l'idée de s'implanter dans le pays. Mais certaines conditions, comme la sécurité, sont toujours à revoir.
C'était une vision optimiste qu'a présentée le groupe Rougier, spécialiste dans la production de bois. Implantée depuis 2015 en Centrafrique, l'entreprise forestière ne voit que des avantages à venir s'installer dans le pays. « Dans le secteur forestier, il y a finalement peu de forêts qui restent accessibles dans le bassin du Congo aujourd'hui et pour nous Rougier, augmenter notre patrimoine forestier, c'était important en particulier dans cette région de la RCA, qui est dans le sud-ouest du pays, parce que c'est une forêt de belle qualité », raconte Marie-Yvonne Charlemagne, la directrice générale du groupe.
Parmi les curieux, nombre de miniers, d'entreprises d'infrastructures, ou encore des distributeurs comme le groupe Arno, implanté au Cameroun depuis 60 ans. Pour Yanis Arnopoulos, le directeur des ventes, les difficultés de la RCA sont surmontables : « Au moins on comprend mieux le marché, on comprend les problématiques qu'il y a. Le transport est une très grosse problématique. On connaît toutes ces difficultés-là, ces problématiques d'approvisionnement, de transport, de corruption, etc. Alors malheureusement c'est des choses qui font que les pays n'avancent pas. Et on est là justement pour investir et faire évoluer les mentalités. »
Et pour tenter de continuer de séduire ces investisseurs, le président Touadéra a promis la fin des difficultés administratives et la nécessité de changement. Ce qui rend Ibrahim Fakhoury, le directeur général adjoint de la Sefca, premier employeur du pays, optimiste. « Je crois que quand on a vu les panélistes qui ont présenté certains codes d'investissement ici, dit-il, qui sont déjà élaborés, qui sont déjà sur la table de l'Assemblée pour ratification, je pense que si d'ici la fin de l'année on a ratifié ces codes, il y a beaucoup d'avantages surtout sur le plan fiscal dans ce pays. »
Désormais, les contacts ont été pris entre les acteurs économiques et les autorités. Reste à voir si, maintenant, ces engagements seront tenus et si le relèvement du pays deviendra une réalité.
RCA: des ONG soutiennent Guterres pour exiger le renforcement de la Minusca
Par RFI Publié le 10-11-2017 Modifié le 10-11-2017 à 10:22
Dans quelques jours, le 15 novembre, le Conseil de sécurité de l'ONU doit renouveler le mandat de la Minusca. On sait que le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres demandera notamment un renforcement des capacités militaires de la Mission onusienne en RCA, avec 900 casques bleus supplémentaires en renfort des 11 000 déjà déployés sur le terrain. Après un groupe d'ONG françaises mi-octobre, 28 organisations internationales et centrafricaines appellent le Conseil de sécurité à suivre les recommandations du secrétaire général pour renforcer la Minusca.
Faire de la protection des civils la priorité du mandat, c'est la demande essentielle de ces 28 ONG qui constatent que l'insécurité est à la base de tous les problèmes : accroissement des déplacements de populations, difficultés d'accès des humanitaires aux civils, danger pour les travailleurs humanitaires.
« On appuie la demande du secrétaire général sur l’augmentation en personnel qui pourra, on l’espère, contribuer à créer des conditions nécessaires à la protection des populations civiles, et aussi contribuer à des conditions qui permettraient l’acheminement de l’aide en toute sécurité », explique Eric Batonon, le directeur de l'ONG Norwegian Refugee Council (NRC) en Centrafrique.
Plus aptes à empêcher les attaques
Concrètement, ces organisations espèrent qu'une fois les effectifs renforcés, les casques bleus seront davantage qu'aujourd'hui, en mesure d'empêcher les attaques.
Si un consensus semble acquis à New York autour du renforcement des effectifs, les Etats-Unis, particulièrement sensibles aux allégations d'abus sexuels commis par des casques bleus, demandent des gages de bonne conduite et d'efficacité de la part de ces nouveaux contingents. Ce que certains pays contributeurs de troupes voient déjà comme une forme de stigmatisation.
Autre probable sujet de débats, la réduction de budgets alloués à des tâches jugées désormais moins prioritaires, dans le nouveau mandat.