Centrafrique : Accord politique pour la paix signé à Rome par les groupes armés
Par Fridolin Ngoulou le 19 juin 2017
BANGUI, 19 Juin (RJDH)–Après une discussion ouverte à Rome à l’initiative de la communauté Saint Egidio, un accord politique pour la paix vient d’être signé, ce 19 juin 2017 par les groupes armés.
La paix est-elle possible ? C’est la question essentielle que se posent déjà des internautes centrafricains à l’annonce de cette signature. Celle-ci intervient alors que le pays fait face à un regain des violences faisant plus de 500.000 déplacés, un pic contrairement à 2014, l’année où les violences ont atteint un niveau inquiétant.
Cet accord prévoit un cessez-le feu « immédiat » sur tout le territoire national. Le gouvernement Centrafricain a signé cet accord avec 13 groupes armés, sauf le mouvement 3R qui n’a fait le déplacement de Rome.
Les signataires de cet accord s’engagent à la « réouverture du territoire national à la libre circulation des personnes et des biens avec la levée des barrières illégales comme conséquence immédiate du cessez-le-feu ».
Le gouvernement par contre se charge « d’obtenir la représentativité des groupes militaires à tous les niveaux », ainsi qu’à « la reconnaissance de ces groupes comme partie prenante de la reconstruction ».
Centrafrique : Le FPRC, une frange de l’ex-Alliance Séléka frappé à nouveau par une division
Par Nina Verdiane Niabode le 19 juin 2017
BRIA, 19 juin 2017 (RJDH)—Le mouvement armé FPRC s’est fragmenté en deux sous-groupes apprend-t-on de sources bien informées depuis Bria. L’un des deux sous-groupes est dirigé par Abdoulaye Issène et l’autre par Azor Kalith, ancien porte-parole du mouvement.
Cette division intervient au moment où FPRC dirige une coalition engagée depuis plusieurs mois dans des combats contre l’UPC, une autre tendance de l’ex-Séléka.
De sources concordantes, l’aile de Abdoulaye Issène est soutenu par de nombreux éléments considérés comme des tchadiens tandis que celle commandée par Azor Khalit serait tenu par d’anciens combattants de l’ex Séléka.
Les informations en notre possession font état d’une alliance entre un groupe Anti-Balaka et le FPRC de Azor Khalit, « depuis quelques jours, les Anti-Balaka se sont ralliés au groupe de Azor Khalit. Les deux mouvements ont un accord et agissent ensemble », confie un combattant joint depuis Bria.
Difficile de savoir quelle des deux tendances du FPRC est en accord avec Noureddine Adam, 2ème vice président du mouvement qui, depuis le retrait de l’ancien président Michel Djotodia tient les reines de ce groupe armé.
Selon les informations du RJDH, le général Hamat Issa, considéré comme proche de Abdoulaye Issène est tué ce week-end dans un combat les opposant aux Anti-Balaka ralliés à la branche FPRC de Azor Kalith.
Les violences à répétition enregistrées dans la ville de Bria seraient, selon un notable liées à la division interne qui mine le mouvement FPRC.
La Centrafrique octroie deux permis de recherche minière à une société sino-congolaise
APA-Bangui(Centrafrique) jui 19, 2017 à 15:37 - La Centrafrique a octroyé deux permis de recherche minière à une société sino-congolaise « Zingo Myning », lui permettant ainsi opérer dans les villes d’Abba au nord-ouest et Bossangoa au centre nord.
L’octroi de ces permis de recherches minières a reçu l’aval de l’Assemblée Nationale comme le stipule la nouvelle Constitution centrafricaine a affirmé le ministre des mines, Léopold Mboli Fatran.
C’est la deuxième fois cette année que le gouvernement signe des conventions de recherche minière. La première remonte au mois d’avril avec une société chinoise.
Le ministre des mines a invité la société Zingo Myning à s’investir dans les actions sociales en faveur des populations des deux villes concernées par ce permis de recherche. Il a aussi plaidé pour la préférence des locaux dans les programmes d’embauche.
Centrafrique : un accord conclu à Sant’Egidio
A Rome, les groupes armés centrafricains se sont rassemblés avec des représentants des institutions de la RCA et de la Minusca, pour signer un accord en faveur de la paix. Certains apprécient, d'autres moins...
Tous les groupes armés centrafricains – soit quatorze au total – se sont rassemblés à Rome, à l’initiative de la communauté catholique Sant’Egidio, à l’exception des 3R (« Retour, Réclamation et Réhabilitation »), pour des raisons logistiques. Leurs représentants, arrivés pour la plupart depuis Yaoundé, au Cameroun, discutent depuis le 15 juin, en présence de représentants du gouvernement, de l’Assemblée nationale et de la présidence ainsi que d’un représentant des Nations unies.
Mario Giro a décroché son téléphone
« Jusqu’au 19 au matin, les discussions piétinaient, assure une source proche des négociations. Le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) de Noureddine Adam voulaient que la question de l’amnistie soit directement abordée, ainsi que la question de la prise en charge des ex-Séléka. Mario Giro [secrétaire d’Etat italien aux Affaires étrangères et médiateurs pour la paix au sein de Sant’Egidio, NDLR] a dû prendre son téléphone pour appeler les représentants du FPRC et dans l’après-midi, ils ont signé le document commun ».
Les participants vont donc quitter Rome avec un document intitulé « Entente de Sant’Egidio ». Premier trait saillant du document ; l’engagement de « la mise en place immédiate d’un cessez-le-feu sur tout le territoire national ». « Je pense que cela reste symbolique », confie un ancien anti-Balaka. En effet, sur de nombreux points, le texte se rapproche des accords déjà proposés par le passé. L’entente propose ainsi de nouveau une « insertion après sélection de membres des mouvements politico-militaires dans l’armée », des soutiens pour ceux qui veulent retourner à la vie civile…
Noureddine Adam , réel vainqueur ?
Toutefois, il semble que Noureddine Adam – qui n’était pas personnellement présent à Rome – apparaisse comme le vrai vainqueur de ce round de discussion. Un ancien Séléka confie : « Au départ, l’idée a été émise de cantonner tous les groupes armés jusqu’à ce que les armes soient rendues. Il semble que les FPRC était contre et cela n’est en effet pas dans le texte final. » Une clause semblant laisser la porte ouverte à des négociations sur les anciens combattants prisonniers a aussi été ajoutée à la dernière minute, vraisemblablement sur demande du FPRC.
Jeune Afrique a pu lire une mouture intermédiaire du document. Et un ajout important est apparu dans la version finale, qui aurait été demandé par le FPRC. Le nouvel accord stipule ainsi : « … le gouvernement de la République centrafricaine, ensemble avec le représentant spécial du secrétaire général [de l’ONU, NDLR], s’engage à entamer une consultation sur la levée des sanctions pour les personnalités centrafricaines sanctionnées, qui relève du comité des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies ». « On peut dire que Noureddine Adam a réussi à imposer son point de vue sur plusieurs chapitres », continue notre ancien Séléka. De fait, depuis mai 2014, Adam est frappé par des sanctions par le Conseil de sécurité.
A Bangui, les réactions sont variées. Si certains se réjouissent de voir Adam et les Anti-Balakas de Maxime Mokom signer un accord – jusqu’ici ils se montraient pour le moins réticents -, d’autres ne voient là qu’un texte de plus « sans réels outils pour contraindre les parties à enfin respecter leur parole », nous dit un parlementaire.
La Centrafrique en proie aux violences depuis la chute de Bozizé
AFP le 19/06/2017 à 22:59
La Centrafrique, où un accord a été signé lundi entre gouvernement et 13 groupes armés, a basculé en 2013 dans la violence avec le renversement de François Bozizé par les rebelles à majorité musulmane de la Séléka, suscitant une contre-offensive de milices chrétiennes, les anti-Balaka.
Si le niveau des violences n'est plus celui de 2013, 50 à 60% du pays restent sous le contrôle des groupes armés.
- Violences Séléka/anti-Balaka -
Le 24 mars 2013, les rebelles de la Séléka prennent Bangui, chassant François Bozizé, au pouvoir depuis dix ans. Leur chef, Michel Djotodia, s'autoproclame président.
Début septembre, de violents affrontements entre ex-rebelles de la Séléka et groupes d'autodéfense -- chrétiens comme la très grande majorité de la population -- autour de Bossangoa (nord-ouest) font une centaine de morts.
Des milices chrétiennes d'autodéfense, les "anti-Balaka", se sont créées en réaction aux exactions commises contre la population par les ex-Séléka depuis leur prise du pouvoir.
- La France lance Sangaris -
Le 5 décembre 2013, une explosion de haine embrase Bangui: des miliciens anti-Balaka (littéralement antimachettes), infiltrés dans la capitale, lancent une vaste offensive, massacrant de nombreux civils musulmans et entraînant des représailles sanglantes de la Séléka contre la population.
La France, intervenue plusieurs fois déjà dans son ancienne colonie depuis son indépendance en 1960, lance l'opération Sangaris pour restaurer la sécurité, après un mandat de l'ONU.
- Djotodia démissionne -
Le 10 janvier 2014, Michel Djotodia, accusé de passivité face aux violences, démissionne sous la pression des dirigeants d'Afrique centrale et de la France. Le 20 janvier, la maire de Bangui, Catherine Samba Panza, est élue présidente de transition par le Parlement provisoire.
Le 15 septembre, la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca, 12.500 hommes actuellement) prend le relais de la force africaine Misca.
Le 8 janvier 2015, une commission de l'ONU conclut que les deux camps ont commis des crimes contre l'humanité, y compris un "nettoyage ethnique", mais que l'intervention internationale a évité un génocide. La commission estime que le conflit a fait "des milliers de morts", sans doute plus de 6.000.
Les 29-30 novembre, le pape François effectue une visite à Bangui.
- Processus électoral -
Les 13 et 14 décembre 2015, les Centrafricains approuvent lors d'un référendum une nouvelle Constitution, qui prévoit la proclamation d'une 6e République, une limite du mandat présidentiel à deux exercices, la formation d'une Haute cour de justice et des dispositifs de lutte contre la corruption et de mise à l'écart des bandes armées.
Le 14 février 2016, l'ex-Premier ministre Faustin-Archange Touadéra est élu président au second tour de la présidentielle (62,69%).
Le 31 octobre, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, proclame officiellement à Bangui la fin de trois ans d'opération Sangaris.
- Regain de violences -
Le 9 juin 2017, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, se déclare "préoccupé par l'instabilité généralisée", après des affrontements qui ont fait une centaine de morts en mai à Bangassou, Alindao et Bria, dans le centre du pays. Six Casques bleus sont tués mi-mai à Bangassou et sa région.
"Les affrontements prennent de plus en plus une connotation religieuse et ethnique, s'alarme de son côté le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).
Plus de la moitié des Centrafricains, soit 2,2 millions de personnes, ont besoin d'aide ou sont dans une situation d'insécurité alimentaire, selon le représentant spécial de l'ONU.