http://lepays.bf 21 juin 2017
Faut-il désespérer de la RCA ? C’est sans doute la question que tout le monde se pose, à l’analyse de la situation sociopolitique que connaît ce pays. Car, à peine l’encre de l’accord signé entre le gouvernement et une dizaine de groupes armés sous les auspices de la communauté catholique Sant Egidio a-t-elle séché, que les combats ont repris de plus belle en Centrafrique. En effet, de violents affrontements ont eu lieu à Bria, du nom de cette deuxième ville souffre-douleur après Bambari, entre groupes armés, faisant, selon un bilan provisoire dressé par le maire de ladite localité, une centaine de morts et de nombreux blessés. « Des tirs intenses ont commencé à 6h. A 9h 30, nous avions déjà reçu 35 blessés à l’hôpital, essentiellement des blessés par balle », raconte Mumuza Muhindo Musubaho, Coordonnateur du projet de l’ONG Médecins sans frontières (MSF) basé à Bria, dans un communiqué. Si l’on en croit ce témoignage, le bilan pourrait, au fil des heures, s’alourdir. Franchement, il faut avoir le courage de le dire. La RCA va mal, voire très mal. Car cela fait près de quatre ans que le pays est en proie à des violences ethniques et religieuses. On aura tout essayé, mais le pays, chaque jour qui passe, donne l’impression d’aller à vau-l’eau. Or, à maintes reprises, les protagonistes ont annoncé leur volonté de fumer le calumet de la paix. Que nenni ! On se rappelle d’ailleurs qu’avant ce nouvel accord signé à Rôme, les groupes armés et le pouvoir de la Transition alors dirigée par Catherine Samba-Panza, avaient déjà signé un autre sous l’égide du médiateur congolais Denis Sassou Nguesso, qui a très vite volé en éclats.
Touadéra est plus à plaindre qu’à envier
Tout se passe, en effet, comme si certains groupes armés qui vivent d’expédients et de contrebandes, ne veulent pas d’un retour à la paix, préférant continuer à pêcher en eaux troubles. Si fait que rien qu’en mai dernier, les violences, selon un bilan publié par le bureau des affaires humanitaires des Nations unies sur place en Centrafrique, ont fait environ 300 morts et près de 200 blessés dans les localités de Bria, Alindao, Bangassou et Mobaye, situées à l’Est de Bangui. Alors, que faire ? Faut-il assister impuissant au massacre sans cesse des civils dans un pays où le pouvoir n’existe que de nom, les groupes armés contrôlant la quasi-totalité du territoire ? Assurément non ! Car, il est plus que jamais temps d’agir. Et pour cela, la communauté internationale est interpellée, si elle ne veut pas, à l’instar de ce qui s’est passé au Rwanda, être accusée d’impéritie coupable face au drame d’une très grande ampleur qui se joue en RCA. Cela dit, il faut mettre tous les groupes armés au pas et traiter comme tels les ennemis de la paix. Car, à l’allure où vont les choses, il faut craindre que la RCA ne devienne pire que le Mali où rebelles et djihadistes se disputent le contrôle de certaines régions du pays. En tout cas, au regard de la dégradation continue de la situation, on peut dire sans risque de se tromper que le président Faustin Archange Touadéra est plus à plaindre qu’à envier.
B.O
Bria, carrefour des haines et des peurs qui rongent la Centrafrique
Des locaux d'humanitaires pillés à Bria, en Centrafrique
Le calme semble être revenu à Bria, dans le centre de la Centrafrique, après les affrontements entre milices survenus mardi matin avec une centaine de morts. Mais la situation reste tendue et des cas de pillages des installations humanitaires sont signalés.
Des locaux d'organisations humanitaires ont été pillés dans la ville centrafricaine de Bria (centre) où la situation jeudi restait calme mais tendue, selon l'ONU et un journaliste de l'AFP sur place.
"Des résidences et des bureaux des organisations humanitaires ont été pillés. Ces actes de violence contre les humanitaires sont inacceptables", a communiqué le coordonnateur du bureau humanitaire de l'ONU (Ocha) pour la Centrafrique, Najat Rochdi.
Les affrontements entre milices survenus mardi matin ont fait une centaine de morts, selon les autorités locales à Bria et des sources sécuritaires à Bangui.
"Il n'y a plus d'activité dans la ville depuis mardi. Bria est sous contrôle des groupes armés, on voit bien des véhicules de l'ONU, mais ils ne garantissent pas la sécurité des habitants", explique l'abbé Gildas Gbénai de la paroisse Saint-Louis, joint par téléphone depuis Libreville, et qui affirme avoir recueilli depuis mardi près de 1.000 déplacés au sein de l'église.
"Les patrouilles se poursuivent dans les rues de Bria", confirme Vladimir Monteiro, porte-parole de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca, 12.500 hommes).
"Certains nous voient à Bria, comme à Bangassou en mai [victime d'une attaque meurtrière], comme des obstacles à leur projet. Des patrouilles ont été prises pour cible", indique-t-il.
Les patrouilles du contingent marocain de l'ONU, présent de façon permanente à Bria, préfecture de la Haut-Kotto, ont été attaquées mercredi par des tirs d'hommes armés dans les rues, confirme un journaliste de l'AFP présent sur place.
Selon des sources concordantes à Bria et Bangui, les combats auraient opposé différents factions au sein du groupe armé le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), suite à la mort samedi d'un "général" du FPRC à Bria, Ahmad Issa.
Le 11 juin, dans son dernier rapport, Ocha avait estimé que 40.000 des 47.000 habitants de Bria, soit près de 9 habitants sur 10, ont dû fuir leur domicile à la suite des violences de mai 2017.
La ville de Bria avait déjà été frappée du 15 au 18 mai par des affrontements entre groupes armés qui avaient fait cinq morts et 29 blessés.
Avec AFP