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22 juin 2017 4 22 /06 /juin /2017 21:52

 

 

 

Organisée par la fondation FRIEDRICH Herbert Stiftung

 

Yaoundé Cameroun du 14 au 16 juin 2017.

 

 

Thème "Sécurité humaine et sécurité traditionnelle : Pourquoi l'insécurité perdure t'elle en Afrique Centrale?"

 

La problématique de la sécurité est aujourd'hui au coeur de l'actualité dans le monde entier, aussi bien dans les Etats développés que ceux en développement. Cette problématique sécuritaire se pose bien évidemment en rapport aux hommes et à l'Etat, c'est à dire relativement à un territoire sur lequel se trouvent des institutions et où vivent des hommes et des femmes de toutes catégories sociales, de toutes opinions et de toutes confessions.


La question qui m'est posée englobe aussi bien la sécurité humaine vue sous sa forme holistique et qui comprend le bien-être matériel, moral et politique , que la sécurité traditionnelle qui est caractérisée par la violence physique de masse. Pourquoi cette absence de sécurité globale aussi bien que physique perdure t'elle en Afrique centrale?

 

1- Analyse historique de l'insécurité en Afrique centrale

 

Si on prend l'Afrique centrale comme étant les pays de la CEEAC, nous constatons que beaucoup de ces pays ont connu - parfois avant leur independance et en tout cas après leurs indépendances, des longues guerres intérieures qui ont profondément insécurisé les populations, avec leurs lots de violences de masse. C'est le cas notamment:


• de l'Angola qui a connu une longue guerre de liberation contre le colonialisme portugais jusqu'à son indépendance puis une guerre civile opposant les differentes tendances de mouvements de libération,


• du Cameroun qui a connu une longue guerre contre les colonisateurs français avant son indépendance , et qui s'est poursuivie comme mouvement insurrectionnel longtemps après l'indépendance,


• de la République Démocratique du Congo dès le lendemain de son indépendance a dû faire face à des guerres internes à visée sécessionniste,


• La République du Congo avec la guerre civile de 1997 et les troubles militaro-politiques actuels dans la Région du Pool,

 

• Le Tchad depuis les émeutes de Mangalmé en 1964 et de la naissance du Front de Libération Nationale du Tchad (FROLINAT) a vécu dans l'insécurité jusqu'en 2009,


• Le Rwanda avec la génocide de 1994 qui a causé de millions de morts, et de nombreux déplacés internes et de réfugiés dans les pays voisins avec les conséquences connues en RDC,


• Le Burundi qui après la guerre civile des années 1990 connait aujourd'hui une situation de grave insécurité,


• La République centrafricaine mon propre pays qui, entre mutineries militaires, tentatives de coup d'Etat et rébellions,vit dans une une grave situtation d'insécurité humaine et traditionnelle depuis 1996, soit depuis plus de vingt ans.

 

Au vu de ce rappel historique, il est un constat partagé que les populations d'Afrique centrale ont payé dans la durée un lourd tribut à l'insécurité, et malheureusement elles continuent à le payer sous des formes diverses - notamment des standards de vie critiques dans nos pays par ailleurs généreusement dotés par la nature. C'est d'ailleurs le paradoxe de base de l'Afrique centrale.

 

2- Quelles sont les causes de cette inscurité persistante en Afrique centrale?

 

Je vois au moins cinq causes de l inscurité persistante en Afrique centrale . Je le fais bien sûr en m'inspirant du cas de mon propre pays la RCA où l'insécurité endémique perdure depuis presque trois décennies.

 

2. 1 En dehors des guerres d'indépendance comme en Angola et dans une certaine mesure au Cameroun, la principlae cause historique dee l'insécurité en Afrique centrale est liée aux tentatives de prise de pouvoir et aux manoeuvres de conservation du pouvoir. La lutte pour le pouvoir a poussé dans presque toute l'Afrique centrale à des épisodes historiques de violences de masse, hier et encore aujourd'hui. Une monographie historique par pays révèle un nombre impressionnant de coupsd'Etat et tentattives de coups d'Eat, de rebellions, de guerres civiles et même de génocide qui sont synonymes pour les populations de grave insécurité. En République centrafricaine, les actes de violence armée ont connu leurs points d'orgue avec la la dictature de Jean Bedel Bokassa au milieu des années 60 et 70, qui a profondément désorganisé l'Etat, préparant le terrain à une instabilité chronique et aux rebellions de ces trois dernières décennies.

 

2.2 La promotion à tout prix des intérêts personnels, communautaristes , ethniques et religieux au détriment de l'interet général et de la construction de l'Etat-nation sert de carburant aux violences de masse d'hier et d 'aujourd'hui. Le pouvoir politique est considéré par l'ethnie ou la région au pouvoir comme un acquis de la communauté, tandis que les prétendants à ce pouvoir , leurs ethnies, leurs régions et/ou leurs correligionnaires sont considérés comme des ennemis à traiter sans ménagement, d'où les violences de masse.

 

2.3 L'absence de culture de reddition des comptes ou tout simplement le refus de reddition des comptes est à la base de ce qui est communément appelé la mauvaise gouvernance endémique dans la région d'Afrique centrale. Cette culture est le produit du mode privilégié d'accès au pouvoir en Afrique centrale, à savoir hier les coups d'Etats militaires et aujourdhui les coups d'Etat constitutionnels et électoraux. Le décorum institutionnel est partout en place mais son contenu est transmuté vers la préservation à tout prix du pouvoir quelles que soient les contre-performances économiques et sociales. D'ailleurs, sachant intimement qu'ils ne détiennent pas le pouvoir de leurs peuples, quels comptes de tels "élus" auraient ils à rendre au peuple? Une armée et une administration politisées leur suffisent pour grantir la "stabilité".

 

2.4 L'absence de politique volontariste et efficace d'aménagement des territoires et du développement équilibré des régions est une source importante de violences de masse. En Afrique centrale, la région des communautés "au pouvoir" bénéficient d'investissements fastueux, sans commune mesure avec ceux des autres régions parfois plus laborieuses et/ou plus besogneuses.

 

2.5 L'Afrique centrale est un grand réservoir de matières premières dont une gestion rigoureuse et sans corruption aurait permis la résorption du chômage endémique des jeunes . Ce chômage des jeunes, devenu structurel, alimente les mouvements de rébellion et de contestation violente des pouvoirs en place . Les coupures d'internet, massivement utilisées par les jeunes, sont illustratives de l'inadéquation des réponses du pouvoir aux attentes des populations et sont des facteurs de violence.

 

Et la liste est non exhaustive.

 

3- Quelles solutions pour mettre fin à cette insécurité en Afrique centrale? l'insécurité compromet tout simplement l'avenir d'une nation.

 

La mauvaise gouvernance est à l'origine de l'insécurité permanente en Afrique centrale et tant que cette mauvaise gouvernance perdurera, l'insécuité elle également perdurera car comme dit l'adage"les mêmes causes, placées dans les mêmes conditions, produisent toujours les mêmes effets".


Je n'aurai pas la cruauté de comparer la gouvernance des régions de l'Afrique de l'Ouest, de l'Est et du Sud par rapport aux pratiques observées en Afrique centrale. Dans ces régions les pays en sont à leurs troisièmes ou quatrièmes alternances démocratiques des pouvoirs et la qualité de leur gouvernance permet le bon fonctionnement des institutions de pouvoir et de contre-pouvoir, et le devoir de rendre compte est passé dans les mœurs. De même dans ces régions la libre circulation des personnes et des bien constituent le socle de leurs organisations d'intégration communautaires car là où les personnes et les biens circulent librement, le désenclavement devient réel sur le pal des idées et des meilleurs pratiques.


En Afrique centrale, nos peuples vivent dans leurs chairs, tous les jours, les conséquences de la mauvaise gestion sur le plan de leur sécurité humaine (niveau et qualité de vie). La solution pour mettre fin au paradoxe de l'Afrique centrale,où la violence est endémique et récurrente dans une région où tout le monde devrait bien vivre, est d'intensifier le combat démocratique des partis politiques d'obédience progressistes. Les partis progressistes d'Afrique centrale doivent être conscients de la difficulté de la tâche car rien ne leur sera épargné pour les affaiblir et les briser. +


Cependant, dans un esprit patriotique, avec lucidité et endurance, les partis politiques progressistes doivent penser des stratégies pertinentes de conquête démocratqiue de pouvoir. Ils doivent investir dans la conception et la mise en oeuvre de projets politiques transformationnels et conséquents tenant compte des intérêts vitaux et bien compris de nos populations et de nos États.

 

Yaoundé 14 juin 2017


Martin ZIGUELE

Contribution du Président Martin ZIGUELE à la conférence sous régionale des partis socio-démocrates de l'Afrique Centrale
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Published by Centrafrique-Presse.com