Par ledjely.com le 23 novembre 2016
S’il est fort de son aura internationale, le président tchadien, Idriss Deby Itno, est depuis quelques mois, en proie à une contestation sociale, dont il ne lui sera pas facile de se défaire. Réélu en avril dernier dans des conditions dénoncées aussi bien par ses adversaires que par les organismes internationaux de promotion des droits humains et de la démocratie, il est aujourd’hui rattrapé par la chute drastique des prix du baril de pétrole, une faible diversification de l’économie tchadienne et surtout une gestion du pays jugée à la fois laxiste et chaotique. En sorte qu’au-delà de son opposition politique, ce sont toutes les composantes de la nation qui, les unes après les autres, se dressent contre lui. Ce qui fait craquer sa forteresse qu’il pensait imprenable.
Mesures impopulaires
Même s’il survit au malaise social qui se généralise au Tchad, Idriss Deby Itno y laissera des plumes. Son intransigeance et son autorité notamment risquent d’en prendre un coup. En effet, les poches de contestation se multiplient. Confrontés à une crise économique consécutive à la baisse des cours du pétrole sur le marché international, lui et son gouvernement ont dû prendre des mesures plutôt impopulaires : suppression des bourses estudiantines, suppression d’une partie des indemnités des fonctionnaires et des députés, etc. A ces mesures nouvellement instaurées s’ajoutent des arriérés de salaire pour notamment les enseignants. Résultat : les établissements d’enseignement publics sont encore fermés et le corps médical en grève. Sentant le moment propice, l’opposition entre dans la danse avec un plan d’action dont la journée ville-morte d’hier n’est que le point de départ.
Au bord de la banqueroute
En d’autres circonstances, on aurait compati au sort du pauvre Deby. Mais il se trouve que le président du Tchad ne mérite aucune indulgence. Tout au contraire, il ne récolte que ce qu’il a semé durant son long règne. Tenant le pouvoir d’une main de fer, il s’est obstinément opposé à l’émergence d’une opposition digne de nom. Quelques-uns de ses adversaires qui se sont autorisé une certaine témérité sont aujourd’hui portés-disparus. Par ailleurs, les yeux fixés sur le pouvoir, lui-même essentiellement perçu comme un moyen de jouissance, le président tchadien n’a pas su diversifier l’économie. Tant que le pétrole coulait, lui et ses affidés étaient tranquilles. Ne se préoccupant même pas de mettre en place un mécanisme de perception et de gestion rigoureuse et transparente des recettes tirées de l’exportation de l’or noir. Ainsi, la corruption, la prévarication, les détournements,… y règnent en maîtres et la misère du populo côtoie le luxe insolent des dirigeants et de leurs entourages respectifs. Aussi, dès le premier couac lié à la chute des prix du baril de pétrole, le pays est au bord de la banqueroute.
Boubacar Sanso Barry
Tchad : deux leaders de l'opposition écroués à la maison d'arrêt de N'Djamena
APA-N’Djamena (Tchad) – 2016-11-23 15:33:33 - Onze opposants tchadiens dont deux chefs de partis membres du Front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement ont été emprisonnés à la Maison d’arrêt de N’Djamena, à l’issue d’un jugement prononcé mercredi par la justice tchadienne.
Les présidents du RPR et de l’AFP, Mahamat Barh Bechir Kindji et Gapili Gondebné comparaissaient à côtés de leurs co-détenus sous l’accusation de participation à un attroupement non armé, après qu’ils ont été interpellés lors du meeting interdit du 17 novembre dernier.
Ainsi, les deux leaders rejoignent en prison Dinamou Daram, président du PSF, détenu depuis presque trois mois pour avoir publié un communiqué appelant la population à la désobéissance civile en ne payant pas de taxes et autres amendes.
Le ministre de la Sécurité publique, par arrêté, avait interdit la tenue du meeting du 17 novembre et avait à l’appui demandé aux forces de l’ordre de quadriller le stade où il devait se tenir.
Ces dernières, devant l’entêtement des opposants, avaient dispersé leur regroupement à coups de grenades lacrymogènes.
Elles en ont ensuite profité pour interpeller une trentaine d’opposants avant de les libérer, à l’exception de deux chefs des partis, d’un activiste (Mahamat Kally) et de huit autres personnes.
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