Centrafrique : une conférence des donateurs à Bruxelles pour un chantier colossal
Par RFI Publié le 17-11-2016 Avec notre envoyé spécial à Bruxelles, Pierre Pinto
Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra doit présenter ce jeudi 17 novembre aux bailleurs de fonds réunis à Bruxelles son vaste plan de redressement sur cinq ans estimé à 3,1 milliards de dollars. Une feuille de route qui a pour ambition le retour à la paix, la stabilisation du pays, et la reconstruction de l'économie d'un pays à genoux après trois ans de conflit et des crises à répétition qui ont marqué son histoire depuis des décennies.
Restaurer la paix, relancer l’économie, ressusciter l’administration, fournir aux populations eau, éducation et santé, désarmer les combattants, refonder l’armée, la police et la justice… Le chantier est colossal tant tout est à reconstruire en Centrafrique. A tel point que les 3,1 milliards de dollars demandés par le gouvernement aux bailleurs de fonds internationaux semblent « modestes » pour reprendre le terme du coordinateur humanitaire des Nations unies en RCA, Fabrizio Hochschild.
Cette stratégie d’amorce de stabilisation devra aussi s’accompagner d’une poursuite de l’action humanitaire qui reste l’urgence absoluedans un contexte qui se dégrade sur le terrain en raison d’une recrudescence de la violence. Près de la moitié de la population est ainsi en situation d’insécurité alimentaire.
Problème : la crise centrafricaine sort des radars médiatiques et politiques. Sur les 532 millions de dollars nécessaires à la réponse humanitaire cette année, moins du tiers est arrivé dans les caisses, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).
La crise oubliée
« La crise centrafricaine a quasiment disparu, souligne Isidore Ngueuleu, chargé du plaidoyer à Oxfam Centrafrique. Il y a des moments de réapparition sur les agendas internationaux pendant les moments de crise comme récemment quand il y a eu les attaques sur les sites de déplacés et contre les civils. Mais on voit par exemple qu’entre 2011 et 2016, le moment où il y a eu le plus de financements - 68% du plan de réponse humanitaire –, c’était en 2014, c’est-à-dire au pic même de la crise. C’est pourquoi on profite aujourd’hui pour dire que la Centrafrique devrait continuer à rester dans les agendas des donateurs et aussi des décideurs. Les besoins de la Centrafrique sont exactement les mêmes, sinon pires que ceux qu’on a aujourd’hui dans les crises qui sont les plus médiatisées. »
« Donc il y a de la part de ce gouvernement un positionnement fort qui est attendu, poursuit-il. Je voudrais juste rappeler que la première conférence des donateurs pour la Centrafrique c’était en 1980, et depuis lors il y a eu moult autres conférences qui n’ont jamais produit que des annonces du gouvernement. Donc c’est aussi pour le gouvernement centrafricain un moment clé pour dire : "Nous avons choisi de faire différemment et surtout à travers des actes". Le peuple centrafricain, les bailleurs, les partenaires internationaux attendent maintenant des actes concrets. »
Sans justice, il n'y a pas de développement, et nous à Human Rights Watch, on n'est pas d'accord avec cette idée qui est en train de circuler au niveau de la Seleka et des anti-balaka, disant que la paix d'abord et la justice après. Non, pour nous, la paix doit être complètement liée à la justice.
La justice, un chantier prioritaire
17-11-2016 - Par Pierre Pinto
http://www.la-croix.com/ Laurent Larcher, le 17/11/2016 à 7h11
« La conférence des donateurs » se penche, jeudi 17 novembre, sur la reconstruction de la Centrafrique (RCA) pendant que plusieurs ONG s’interrogent sur les choix de l’aide internationale.
Lire la tribune du président Faustin-Archange Touadéra
L’Union européenne (UE), les Nations unies et la Banque mondiale se penchent le 17 novembre à Bruxelles, sur la reconstruction de la Centrafrique. Elles doivent s’accorder sur le montant des aides qu’elles vont consentir pour rebâtir ce pays plongé, depuis 2013, dans des violences communautaires.
Aider les Centrafricains à bâtir un avenir meilleur
http://www.la-croix.com/ le 16/11/2016 à 10h01
L’Union européenne organise, en partenariat avec le Gouvernement de la République centrafricaine, la Conférence de Bruxelles sur la République Centrafricaine qui se tiendra le 17 novembre 2016 à Bruxelles.
A cette occasion des personnalités ont souhaité s’exprimer.
Faustin-Archange Touadéra (Président de la République centrafricaine), Federica Mogherini (Haute Représentante de l’Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité et Vice-Présidente de la Commission européenne), Jan Eliasson (Vice-Secrétaire Général des Nations unies), Makhtar Diop (Vice-Président de la Banque mondiale)
Il y a seulement trois années, la République centrafricaine était au bord du gouffre. Aujourd’hui, le pays a franchi une étape décisive. En organisant des élections libres et démocratiques, les Centrafricains ont tourné une page de leur histoire. La communauté internationale les a accompagnés sans relâche à chaque étape de cette transition. Désormais, alors que le pays s’est engagé sur la voie de la reconstruction, l’espoir renaît.
Plaidoyers multiples pour la Centrafrique à la veille de la conférence de Bruxelles
http://www.rtbf.be/ mercredi 16 novembre 2016 à 14h57
L'Union européenne, les Nations unies et de grandes ONG ont multiplié mercredi les plaidoyers en faveur de la Centrafrique, la veille d'une conférence des donateurs à Bruxelles pour financer le relèvement de ce pays ruiné par la guerre.
"Lors de la conférence de Bruxelles, nous nous engagerons ensemble à maintenir la République centrafricaine au centre des préoccupations internationales", promettent dans une tribune conjointe le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, le vice-secrétaire général des Nations unies , Jan Eliasson, et le vice-président de la Banque mondiale, Makhtar Diop.
"Les besoins en matière de relèvement économique et de consolidation de la paix sont estimés à 1,5 milliard de dollars au cours des trois prochaines années", soulignent-ils.
Le président Touadéra doit présenter jeudi à Bruxelles "un plan national quinquennal" pour restaurer la paix, reconstruire l'armée et l'administration de Etat, assurer des services sociaux de base et relancer l'économie.
"La communauté internationale peut et doit soutenir le gouvernement dans la mise en oeuvre de ce plan", insistent les signataires de cette tribune. Les ONG insistent pour leur part sur l'urgence de financer des besoins humanitaires encore plus immédiats.
"Le financement humanitaire pour répondre à la crise en Centrafrique a été déplorablement faible: moins d'un tiers des 532 millions de dollars nécessaires ont été levés cette année", s'alarment dans un communiqué commun Action contre la faim (ACF) et le Comité norvégien des réfugiés (RNC).
"Les donateurs doivent fournir les fonds immédiatement", insiste pour sa part Oxfam.
Le Fonds des nations unies pour l'enfance (Unicef) appelle la conférence de Bruxelles à "mettre les enfants en avant dans le plan de relève, en donnant la priorité aux services sociaux de base comme la santé et l'éducation".
Les ONG rappellent que près de la moitié des 4,5 millions de Centrafricains (2,3 millions) ont besoin d'assistance humanitaire et que le pays compte près de 850.000 réfugiés ou déplacés internes.
La Centrafrique a sombré dans le chaos début 2013 avec le renversement de l'ex-président François Bozizé par les rebelles Séléka prétendant défendre la minorité musulmane, entraînant la contre-offensive des milices anti-Balakas.
Sans Etat, ni économie, avec des groupes armés encore à l'oeuvre, le pays tente de se relever sous la tutelle d'une Mission des Nations unies (Minusca) dont certains contingents sont critiqués.
Centrafrique: une conférence des donateurs pour éviter le retour du chaos
http://www.laminute.info/ on 16 novembre 2016@@LaminuteInfo
La communauté internationale se penche de nouveau au chevet de la Centrafrique, jeudi à Bruxelles, pour financer le retour d’une paix fragile dans un pays exsangue qui ne figure plus parmi les priorités diplomatiques malgré sa position stratégique au cœur du continent.
Comme pour l’Afghanistan, la « conférence des donateurs de Bruxelles » doit annoncer des aides financières sur plusieurs années pour ce pays de près de cinq millions d’habitants dont la pauvreté a encore été aggravée par quatre ans de guerre civile.
La conférence se tient après l’intervention militaire de la force française Sangaris (décembre 2013-octobre 2016) et de la Mission des Nations unies pour la Centrafrique (Minusca, 12.000 hommes), qui ont enrayé les tueries communautaires entre rebelles Séléka se disant défenseurs de la minorité musulmane et miliciens anti-balaka se prétendant protecteurs des chrétiens.
La Centrafrique a même pu élire dans un calme relatif en début d’année un nouveau président, Faustin-Archange Touadéra, parti pour Bruxelles dès dimanche.
« Nous revenons de très loin et le pays est à reconstruire. Nous travaillons pour la paix mais nous sommes dans une situation extrêmement fragile », a déclaré à l’AFP M. Touadéra, qui tiendra le même discours aux donateurs (France et Etats-Unis, Union européenne, Banque mondiale, FMI…).
Le président centrafricain se trouve en effet à la tête d’un Etat sans armée ni administration et dont une large partie du territoire se trouve sous le contrôle de groupes armés.
A l’origine de milliers de morts, le conflit a aussi jeté sur les routes des centaines de milliers de réfugiés au Tchad et au Cameroun voisins.
Les besoins de la Centrafrique sautent aux yeux dès l’arrivée à Bangui. Des déplacés de l’intérieur survivent toujours le long des pistes de l’aéroport M’poko dans des conditions déplorables. Ils ont peur de rentrer dans leur quartier, qui se trouve pourtant non loin de l’aéroport.
En raison de la faiblesse des forces de sécurité, ce sont les Casques bleus qui surveillent en partie ce petit aéroport, tout comme le palais présidentiel.
Professeur de mathématiques, le président Touadéra donne toujours des cours à l’université entre deux réunions, par plaisir mais aussi par nécessité, faute d’enseignants qualifiés dans son pays.
A Bruxelles, il va présenter sa stratégie et ses priorités: le désarmement, la restructuration des forces armées, un dispositif de réconciliation nationale, l’installation d’une Cour pénale spéciale (CPS) pour juger les crimes de guerre, les besoins sociaux de base…
– Besoin de ‘professionalisme’ –
En retour, la Centrafrique espère que la communauté internationale lui promettra « 1,6 milliard de dollars sur trois ans, et trois milliards sur cinq ans », avance le président.
« On espère atteindre la barre symbolique du milliard de dollars », tempère un bon connaisseur du dossier. « Les Centrafricains ont d’abord envoyé une liste de voeux au père Noël. La Banque mondiale, le FMI et l’UE ont demandé quelque chose de plus sérieux. Ils ont formulé tardivement une évaluation des besoins ».
M. Touadéra devra aussi fournir aux donateurs des gages d’une bonne utilisation des fonds. « La lutte contre la corruption est un élément important », admet-il.
« Nous devons absorber un énorme montant en cinq ans. Il faudra beaucoup de professionnalisme », s’inquiète Anicet Georges Dologuélé, le chef de l’opposition, qui redoute un exercice d' »effets d’annonce » à Bruxelles.
« Nous avons eu du mal à préparer cette conférence », selon une source proche du dossier, rappelant que la communauté internationale a d’autres priorités comme la Syrie, ou Haïti.
En première ligne, la France n’a elle-même prévu d’envoyer à Bruxelles que son ministre du Développement et de la Francophonie, André Vallini, et non le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault.
La stabilité de la Centrafrique intéresse évidemment la France, ex-puissance coloniale, qui maintient des forces prêtes à intervenir dans ce pays, même après la fin de l’opération Sangaris.
« Il en va de la stabilité régionale », glisse une source française, rappelant la présence dans la région de groupes jihadistes comme Boko Haram au Nigeria et dans le nord du Cameroun.
Pour leur part, les Etats-Unis maintiennent une centaine de soldats des forces spéciales dans l’Est, près de la frontière avec le Soudan du sud, sous le prétexte officiel de lutter contre les incursions des rebelles ougandais de la LRA.
AFP