« C’est une tragédie énorme la situation à Kaga-Bandoro », selon le Coordonnateur Humanitaire en Centrafrique
http://rjdh.org/ PAR ANGELA PASCALE SAULET YADIBERET LE 19 OCTOBRE 2016
Dans cet entretien, Fabrizio Hochschild Coordonnateur Humanitaire en Centrafrique a souligné que la dernière montée des violences dans cette localité a rendu la situation beaucoup plus grave : «C’est beaucoup pire que préoccupante, c’est une énorme tragédie la situation à Kaga-Bandoro ». Il a déploré que « les opérations humanitaires ont été réduites avec les derniers évènements de Kaga-Bandoro au mois de septembre mais cette situation s’est aggravée depuis le 12 octobre où la population déplacée à été attaquée ».
Sur le bilan du drame, « trente trois personnes (33) ont été massacrées, 95% des personnels humanitaires locaux a souffert d’un acte de pillages, agression et l’assassinat d’un collègue du CICR dans ces violences, ce qui laisse aucune espace humanitaire avec de grave conséquence pour les victimes d’avant et les nouveaux victimes parce que suite au massacre entre 10.000 et 15.000 personnes se sont déplacées vers la Minusca à la recherche de la protection », a indiqué le Coordonnateur.
Selon Fabrizio Hochschild, «les ONG présentent à Kaga-Bandoro ne se sont complètement retirées, la plupart ont réduit le nombre de leur personnel. Ils vont revenir avec le rétablissement de la sécurité ».
Poursuivant, il a annoncé que des dispositifs d’urgence ont été pris, notamment « les distributions des vivres aux victimes et autres matériels ont recommencé y compris les victimes des inondations car en plus de ces conflits 3.200 personnes avaient perdu leurs maisons suite aux pluies».
Sur la prise en charge médicale des déplacés, Fabrizio Hochschild a aussi annoncé que « les services de santé vont reprendre avec deux sites de santé pour la population, car l’hôpital a dû être fermé suite aux pillages et c’est triste ». Il a condamné le vandalisme du matériel sanitaire en déclarant que « cela montre que les groupes armées n’ont aucun respect pour l’humanité ».
Par ailleurs, l’assainissement de la ville et son approvisionnement en eau potable sont la troisième priorité de l’action humanitaire à Kaga-Bandoro « avec une aide en abris surtout le nouveau site de ces déplacés », a précisé Fabrizio Hochschild, Coordonnateur humanitaire.
Le Coordonnateur humanitaire a interpellé les acteurs du conflit au respect du droit international humanitaire.
Centrafrique : L’afflux continudes déplacés de Kaga-Bandoro vers Bangui
http://rjdh.org/ PAR NOURA OUALOT LE 19 OCTOBRE 2016
BANGUI, 19 Octobre 2016(RJDH) — Le nombre des déplacés de Kaga-Bandoro s’accroit de jour en jour dans la capitale centrafricaine. Le notable de Gobongo2 qui a offert l’hospitalité à ses rescapés de la violence déplore le manque de prise en charge de ceux-ci par le gouvernement et les ONG.
Ce sont des hommes, des femmes et des enfants exténués démunis de tout et bouleversés qui sont arrivés à Bangui en provenance de Kaga-Bandoro depuis le début de la semaine. Ces déplacés qui n’ont pas de parents à Bangui sont logés au domicile du Chef du quartier Gobongo2, Etienne Oumba.
Devant son incapacité à prendre en charge ces personnes déplacées, le notable a lancé un appel d’aide au gouvernement qui jusque-là reste insensible. « Depuis hier, nous n’avons reçu aucune aide de la part des membres du gouvernement. Seulement des visites de la Croix-Rouge Centrafricaine, des ONG comme OXFAM, Caritas, Plan International et autres ainsi que des députés de Kaga-Bandoro. Mais ces ONG n’ont donné aucune aide, elles ont juste enregistré les déplacés», a confié ce dernier.
Cette demande d’assistance est aussi réitérée par le coordonnateur des victimes du 8ème arrondissement qui déplore les conditions de séjour et d’alimentation de ces personnes déplacées. Il faut aussi relever que parmi ces sinistrés se trouvent des femmes enceintes, des malades dont un atteint de la tuberculose. D’après lui, ils ont reçu des vêtements, des nourritures de la part de la population environnante et de quelques personnes de bonne foi, qui leur ont offert des sacs du riz, de maniocs, des sachets de café, des bidons d’huile, des cartons de savon. C’est le cas de l’association des femmes évangéliques de Bossangoa. Mais tout cela semble insuffisant vu leur nombre.
Interrogés par le RJDH sur les événements de Kaga-Bandoro, ces rescapés ont déclaré quitter leur village à cause de l’insécurité car le contingent pakistanais manque à sa mission et serait de mèche avec les Ex-Séléka. « Si les Burundais ne seraient pas déployés, nous serons tous morts. J’ai même vu de mes yeux, les pakistanais donner des minutions aux Ex-Séléka. Qu’ils rentrent car nous n’avons pas le moral en pensant à ceux qui sont encore à Kaga-Bandoro », exigent-t-ils. L’accusation constante contre les casques bleus pakistanais est encore difficile à confirmer.
Selon ces rescapés de la tragédie de Kaga-Bandoro, le nombre des morts est difficile à préciser. Le bilan dépasserait plus de 300 morts car beaucoup de personnes sont mortes par noyade. C’est depuis le 17 octobre 2016 que ces personnes sont arrivées à Bangui. En dehors de la résidence du chef, certains sont à l’ONAF et d’autres chez leurs parents.