http://lepays.bf/ 27 juillet 2016
Le mardi 26 juillet dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU (Organisation des Nations Unies) a reconduit à l’unanimité, le mandat des Casques bleus en Centrafrique jusqu’en novembre 2017. Ce renouvellement intervient dans un contexte marqué essentiellement par les faits suivants : l’élection, en février 2016, à la présidence de la République centrafricaine, de Faustin Archange Touadéra, la fin de l’opération Sangaris prévue en octobre prochain et les attaques sporadiques des groupes armés qui semblent reprendre du poil de la bête dans le Nord du pays. Le nouveau président, bien qu’il ait été démocratiquement élu et malgré sa volonté affichée de remettre la RCA sur les rails, a encore du chemin à faire pour arrimer le pays à la stabilité et à la paix, condition sine qua non pour la reconstruction et le développement de la RCA. Et quand on sait que le pays a été maintenu jusque-là en vie grâce, notamment à la puissance de feu de l’opération Sangaris dont le retrait est annoncé pour octobre prochain, l’on ne pouvait s’attendre qu’à un renouvellement de la Minusca.
Les Centrafricains ne peuvent que s’en réjouir
D’ailleurs, les nouvelles autorités du pays, avec le président Faustin Archange Touadéra en tête, l’avaient souhaité en des termes pathétiques et sans la moindre ambiguïté. Et la France qui semble avoir mis un point d’honneur à ce que son ex-colonie ne soit pas rayée de la carte du monde, a relayé ce cri de détresse et cette supplication au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU, en proposant une résolution dans le sens d’un renouvellement du mandat des Casques bleus. Dieu merci, peut-on dire, les membres du Conseil de sécurité n’ont pas eu besoin de pinailler, comme ils en ont l’habitude, pour adopter la résolution introduite par l’Hexagone. Les Centrafricains, tout comme tous ceux qui ont une pensée pour ce pays meurtri, ne peuvent que s’en réjouir. Car, le moins que l’on puisse dire, est que c’est une mesure salutaire pour la RCA. Mieux, le mandat des Casques bleus, cette fois-ci, semble avoir pris la pleine mesure de la situation en se fixant pour but d’aider à la stabilisation du pays avec trois priorités : la protection des civils et des droits de l’Homme, un dialogue national inclusif et la réforme du secteur de la sécurité et de la justice. Pour y parvenir, l’ONU se donne 2 à 3 ans. L’on croise les doigts pour qu’à l’heure de l’évaluation, le satisfecit soit au rendez-vous. Mais force est de reconnaître que la tâche de l’ONU ne sera pas de tout repos et c’est un euphémisme de le dire. En effet, en RCA, tout est à refaire. Si l’on prend par exemple la réforme des secteurs de la sécurité et de la justice, qui, à notre sens, est le prérequis pour atteindre les objectifs relatifs à la stabilisation et au dialogue inclusif, l’on peut être circonspect quant aux chances de l’ONU de parvenir, dans les délais qu’elle s’est fixés, à la mise en place d’une armée digne de ce nom et à la réhabilitation de l’ensemble de l’appareil judiciaire. Pour constituer une armée républicaine, on le sait, il faut au préalable que tous les Centrafricains aient conscience d’appartenir à une même nation. Or, c’est ce qui manque le plus dans l’ex-Oubangui-Chari, où depuis l’indépendance acquise en 1960, tous les présidents qui se sont succédé à la tête du pays, à l’exception de l’actuel président, avaient d’autres chats à fouetter que de bâtir une nation.
Les Casques bleus, à eux seuls, ne peuvent pas sauver les Centrafricains
La seule personnalité politique qui pouvait relever ce défi, était Barthélémy Boganda. Malheureusement, sa disparition dans des conditions non encore élucidées en 1959, ne lui a pas laissé le temps de le faire. Depuis lors, la RCA a été pilotée par des personnages loufoques et tribalistes jusqu’au bout des ongles, la palme d’or revenant à Jean Bedel Bokassa. Des monstres comme les anti-balaka et la Seleka sont des purs produits de ce passé nauséeux. Et pour faire entendre raison à ces forces du mal à l’effet de conjurer le mauvais sort qui semble s’acharner contre la RCA, il va falloir que les Casques bleus bandent les muscles. Car, les individus qui constituent ces milices n’ont point intérêt à ce que la RCA retrouve la normalité dans le cadre d’un Etat de droit. Mais encore faut-il que la Minusca elle-même se décide à se délester de ses soldats qui, sous la bannière de l’ONU, sont enclins à poser des actes aux antipodes de la morale. Car, il n’y a rien de plus indécent que de profiter de l’état de détresse d’un pays, comme c’est le cas aujourd’hui de la RCA, pour tordre le cou aux bonnes mœurs. L’ONU a l’obligation politique et morale d’appliquer la tolérance zéro par rapport à cela. Déjà, l’on peut se réjouir que la structure dirigée par Ban Ki-Moon ait pris la décision de ne plus accueillir au sein des Casques bleus, des soldats en provenance de certains pays jugés peu regardants sur les principes moraux. Cela dit, les Casques bleus, à eux seuls, ne peuvent pas sauver les Centrafricains si ces derniers, de manière individuelle et collective, refusent de grandir. Tant que cette condition ne sera pas remplie, aucune avancée significative et durable vers la paix et le développement, ne peut être réalisée dans ce pays. C’est pourquoi le nouveau président, Faustin Archange Touadera, doit être encouragé dans sa volonté affichée de transcender les clivages politiques et confessionnels, qui ont fait tant de mal à la RCA, pour fédérer toutes les énergies autour des impératifs de réconciliation et du vivre-ensemble dans la diversité. Si le peuple centrafricain, dans sa majorité, lui a fait confiance en le portant à la tête du pays, c’est que, quelque part, il le croit capable de le conduire vers des lendemains enchanteurs. Il lui revient donc de prouver qu’il n’est pas un président de l’acabit de ses prédécesseurs. Car, les grands hommes se reconnaissent, entre autres, à leur capacité de tirer leur peuple de la désolation et de la fatalité et ce, quelle que soit l’adversité à laquelle il fait face.
« Le Pays »
NOTE D’INFORMATION
LA PROTECTION DES CIVILS RESTE AU CŒUR DU NOUVEAU MANDAT DE LA MINUSCA
Bangui, 27 juillet 2016 – La résolution 2301 adoptée mardi par le Conseil de sécurité des Nations Unies et qui proroge le mandat de la Minusca jusqu’au 15 novembre 2017, maintient la protection des civils au cœur du mandat de la Mission, a défendu le porte-parole de la Minusca, Vladimir Monteiro. «L’objectif principal du nouveau mandat est de réduire durablement la présence de groupes armés et la menace qu'ils représentent », a résumé Monteiro, lors de la conférence de presse hebdomadaire de la Mission, ce mercredi 27 juillet 2016.
Selon le porte-parole, la résolution recommande une approche multidimensionnelle avec trois principaux piliers à savoir un dialogue politique national sans exclusive ; le DDR, la Réforme du secteur de sécurité et la promotion de la réconciliation ainsi qu’une assistance au Gouvernement en matière de justice et de lutte contre l’impunité. “Il s’agit d’une résolution importante et adaptée aux récents changements en République centrafricaine avec des élections présidentielle et législatives réussies et la mise en place des institutions nationales », a ajouté Monteiro.
Plus adapté aux récents développements intervenus dans le pays, la résolution 2301 appelle à un dialogue politique inclusif et surtout au désarmement, conformément aux Accords de Bangui et de Brazzaville. Dans cette dynamique, Monteiro a rappelé que la Mission est prête à appuyer les autorités centrafricaines afin qu’elles se dotent des attributs d’un État moderne. «La Minusca mènera ses tâches avec diligence, détermination et esprit de sacrifice pour que le pays puisse renouer avec la stabilité et créer un environnement propice à la croissance et au développement au profit de la population » a-t-il insisté. L’effectif maximal autorisé de la Minusca reste fixé à 10 750 militaires, dont 480 observateurs militaires et officiers d’état-major, 2 080 policiers, dont 400 agents de police, et 108 responsables des questions pénitentiaires.
Lors de la conférence de presse, le porte-parole a également annoncé l’arrivée à Bangui du nouveau Représentant spécial adjoint du Secrétaire général auprès de la Minusca, Fabrizio Hochschild, nommé vendredi dernier par Ban Ki-moon. Egalement Coordonnateur résident du système des Nations Unies, Coordonnateur humanitaire et Représentant résident du PNUD, il succède à Aurélien Agbénonci.
En ce qui concerne les Droits de l’Homme, Monteiro a indiqué que 16 incidents de violations et abus des droits de l’homme, ayant entrainé au moins 46 victimes, ont été documentés dans tout le pays. D’autre part, le porte-parole a annoncé la poursuite des activités à Haute intensité de main d’œuvre (THIMO) au bénéfice des jeunes à risque à Bangui. Il s’agit de la réhabilitation de la Bibliothèque de l’Université de Bangui avec l’aménagement de l’espace vert et de la construction d’un site de production de biogaz à Boy Rabe, dans le 4e arrondissement, en partenariat avec une ONG locale. Les deux projets emploient 110 jeunes. Les activités THIMO ont déjà contribué à la mise en place de 48 groupements de jeunes qui créent des activités génératrices de revenus, soit un total de 1.127 personnes dont 458 femmes. En plus de l’auto-emploi, le programme mis en place par la Minusca et le PNUD permet de réduire la vulnérabilité des bénéficiaires et de renforcer la cohésion sociale dans les communautés.
S’agissant de la Force de la Minusca, son porte-parole, le Lieutenant-colonel Clément Cimana, a fait état d’une situation sécuritaire volatile en raison des affrontements entre groupes armés. A cet égard, la Minusca a renforcé sa présence dans les localités affectées en multipliant les patrouilles, notamment dans la Nana Mambéré (Niem Yelewa), la Nana Gribizi, la Basse Kotto ainsi que dans l’Ouham et l’Ouham Pendé. Le Colonel Cimana a également annoncé la réhabilitation d’infrastructures routières par le génie de la Force entre Bangassou, Rafaï et Obo et la réparation de 12 ponts sur l’axe Bria-Yalinga. Les activités du génie se poursuivent dans d’autres villes du pays, avec entre autres le forage de puits d’eau à Berberati et dans d’autres localités. En appui à la restauration de l’autorité de l’Etat, la Force a escorté environ 800 véhicules commerciaux sur les principaux axes routiers.
Pour la police, le Lieutenant Salifou Konseiga, a annoncé l’arrestation et l’inculpation depuis le 20 juillet des faussaires dont ont été victimes les joueurs de l’équipe nationale de football et des agents de l’Autorité Nationale des Elections. Dans le cadre de l’appui aux autorités judiciaires et sur instructions du Procureur Général, Salifou Konseiga a indiqué que la Police Minusca a procédé au transfèrement de détenus à haut risque de la prison de Ngaragba à celle du Camp De Roux. Ils avaient tenté une évasion dans la nuit du 20 au 21 juillet 2016.