Par RFI Publié le 11-06-2016 Modifié le 11-06-2016 à 00:10
Le Premier ministre centrafricain Simplice Sarandji a sollicité ce vendredi 10 juin un vote de confiance des députés après avoir prononcé sa déclaration de politique générale et répondu à leurs questions. Sur les 120 députés présents, 119 ont voté pour. Mais derrière cet unanimisme politique se cache la peur d'un retour en arrière.
C'est l'union sacrée derrière Simplice Sarandji et le président Faustin-Archange Touadéra. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’un blanc-seing est accordé au gouvernement. L'Union pour le renouveau centrafricain (URCA) d'Anicet-Georges Dologuélé avait ainsi demandé au Premier ministre de chiffrer sa copie, faisant planer le doute sur son vote, pour finalement revenir à de bons sentiments au nom de cette union sacrée.
D'autres groupes parlementaires ont eu des propos durs, voire menaçants. Plusieurs députés ont interpellé Simplice Sarandji sur le réarmement des Forces armées centrafricaines. Le Premier ministre a déclaré que le processus serait long et a souligné l'importance du DDR (le programme de désarmement, démobilisation, réinsertion).Comme le dit un observateur, c'est « l'intérêt de la Centrafrique qui a prévalu ».
L'union sacrée derrière Simplice Sarandji cache mal les attentes et les doutes
Le chef du gouvernement, dans ses réponses aux députés, a rappelé ses priorités: la sécurité et la paix, la cohésion sociale, la relance de l'économie, la bonne gouvernance. A plusieurs reprises, il a été applaudi, quand il évoquait la lutte contre la corruption, le vivre ensemble. Là les députés du Nord ont mis en garde le gouvernement : que l'histoire ne se répète pas, qu'enfin le Nord ne soit plus la dernière région du pays.
Rien à voir avec un état de grâce. Cette union sacrée derrière Simplice Sarandji cache mal les attentes et les doutes. A l'image des députés du Nord-Est. Cette région qui va de Ouanda Djallé à Birao est coupée du pays depuis toujours, enclavée. « C'est au Premier ministre de démontrer que cette région fait partie de la RCA, d'abord par le rétablissement des forces de sécurité et de défense », estime un observateur.
Mais le Nord-Est n'est que la très grosse épine dans le pied du Premier ministre. Car c'est en fait tout l'arrière-pays qui souffre, par manque d'Etat, d'écoles, de centres de santé, de routes. Simplice Sarandji dit avoir entendu le message.
Autre défi : ne pas favoriser un groupe plus qu'un autre
Autre défi pour Simplice Sarandji : ne pas favoriser un groupe armé plus qu’un autre, en clair les anti-balaka plus que les Seleka. « Le gouvernement doit briser la spirale des frustrations », estime un observateur.
Par ce vote unanime, c'est donc l'intérêt de la Centrafrique qui a prévalu. Simplice Sarandji a certes été applaudi à plusieurs reprises, quand il a évoqué la corruption ou le vivre ensemble. Mais dire est une chose, faire en est une autre, se disait un député. Gare à la déception et au découragement.