Le président Touadéra désigne le gouvernement en Centrafrique
BANGUI, 12/04/16 (Reuters) - Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a désigné le nouveau gouvernement dirigé par son ex-directeur de campagne, Simplice Sarandji, et dans lequel figurent plusieurs de ses anciens adversaires politiques, a annoncé lundi la radio d'Etat centrafricaine. Selon un communiqué lu à la radio, trois anciens candidats à la présidence de la République qui avaient apporté leur soutien à Faustin-Archange Touadéra entre les deux tours ont obtenu des ministères régaliens : Joseph Yakété à la Défense, Jean-Serge Bokassa, fils de l'ancien empereur Jean-Bedel Bokassa, à l'Intérieur, et Charles-Armel Doubané aux Affaires étrangères. Le portefeuille des Finances a été confié à Henri-Marie Dondra, qui dirigeait depuis près de 20 ans le Fonds africain de garantie et de coopération économique (Fagace), basé au Bénin, et celui des Mines et de l'Energie à Léopold Mboli Fatrane, qui
avait déjà occupé ce poste de 2011 à 2013 sous la présidence de François Bozizé.
En tout six anciens ministres du chef de l'Etat renversé en 2013 par l'alliance rebelle Séléka, majoritairement musulmane, retrouvent un strapontin. Trois de 23 ministères (Education, Service civil et Elevage) ont été attribués à la minorité musulmane. En revanche, aucun dirigeant issu de l'alliance Séléka ou des milices majoritairement chrétiennes anti-balaka qui l'ont combattue à partir de 2014 ne participe au gouvernement. Faustin-Archange Touadéra a été élu en février dernier lors d'une élection présidentielle censée tourner la page de ce conflit ethnique et religieux qui a fait des milliers de morts depuis mars 2013. Lors de son investiture le 30 mars, le nouveau président s'est fixé comme priorités de désarmer les milices, réformer l'armée et développer le secteur agricole.
(Crispin Dembassa-Kette; Tangi Salaün pour le service français)
Centrafrique: formation du premier gouvernement depuis l'élection du président Touadéra
11/04/16 (AFP)
Le nouveau Premier ministre centrafricain Mathieu Simplice Sarandji a annoncé lundi la formation du premier gouvernement depuis l'élection du président Faustin Archange Touadéra le 14 février.
Selon un décret officiel, lu à la radio nationale, le nouveau cabinet compte 23 membres, parmi lesquels trois candidats malheureux à la présidentielle, qui s'étaient ralliés à M. Touadéra, élu au 2e tour le 14 février.
Joseph Yakete, nommé ministre de la Défense nationale, aura la lourde tâche de restructurer les forces armées centrafricaines, passablement dysfonctionnelles.
A 43 ans, Jean-Serge Bokassa, fils l'ex-empereur Jean-Bedel Bokassa arrivé 5e au premier tour de la présidentielle, prend le portefeuille de l'Intérieur et de l'administration du territoire. Ancien ambassadeur centrafricain à l'ONU, Charles Armel Doubane, autre candidat malheureux, devient ministre des Affaires étrangères.
On retrouve également d'anciens collaborateurs de M. Touadéra lorsque celui-ci était chef du gouvernement du président François Bozizé, de 2008 à 2013: Léopold Mboli-Fatrane, nommé au département stratégique des Mines, dans ce pays riche en diamants, Yerima Youssouf (Élevage), et Théodore Jousso (Transports et aviation civile).
Autre entrée notable, celle d'un technocrate, Henri Marie Dondra, au ministère des Finances. Il est actuellement directeur général du Fonds africain de garantie et de coopération économique (FAGACE), une institution financière panafricaine basée au Bénin et spécialisée dans la promotion des investissements publics et privés.
Aucune personnalité issue des rangs des milices majoritairement chrétiennes anti-balaka ou des ex-rebelles à dominante musulmane de la Séléka, qui ont mis le pays à feu et à sang entre 2013 et 2015, ne participe à ce gouvernement.
M. Sarandji, un universitaire réputé discret et proche collaborateur de longue date du nouveau président, a été nommé chef du gouvernement le 2 avril.
Trois ans de violences ont ravagé l'économie de la Centrafrique et ont profondément déstabilisé le pays, un des plus pauvres au monde.
L'intervention de la force française Sangaris fin 2013 et le déploiement de 12.000 Casques bleus de la Minusca ont fait retomber les violences, sans pour autant résoudre la somme de problèmes socio-économiques et sécuritaires.
Dans cette marche vers la normalisation, la Centrafrique a notamment réintégré la semaine dernière l'Union africaine (UA) - dont elle avait été suspendue en mars 2013 après le renversement du président Bozizé par la Séléka - qui s'est félicitée de la "tenue réussie" de la présidentielle de février.