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28 mars 2016 1 28 /03 /mars /2016 19:46

 

 

28/03/16 (AFP)

 

Élu le 14 février premier président de la 6e République centrafricaine, Faustin-Archange Touadéra sera investi mercredi à Bangui et immédiatement confronté à l'urgence de redresser un pays en ruine et profondément divisé par trois années de violences intercommunautaires.

 

Plusieurs chefs d’État, ou leurs représentants, de la région et des délégations des principaux partenaires de Bangui (ONU, France,…) sont attendus à la cérémonie d’investiture qui va marquer la fin de la transition née du renversement en 2013 de l’ex-président François Bozizé par la rébellion majoritairement musulmane de la Séléka de Michel Djotodia.

 

Le pays avait alors sombré dans un cycle de tueries intercommunautaires, inédit dans son histoire pourtant tourmentée, amenant à une intervention militaire de la France – ancienne puissance coloniale – puis au déploiement d’une force de l’ONU.

 

Écarté du pouvoir pour son incapacité à mettre fin aux massacres, M. Djotodia avait été remplacé par Catherine Samba Panza, dont la gestion des affaires a été de plus en plus critiquée au fil des mois.

 

Formellement, la transition n’est cependant pas totalement achevée. Les Centrafricains ont certes adopté par référendum la Constitution de la 6e République et élu leur président, mais le Parlement n’est toujours pas en place. Le second tour des législatives, plusieurs fois reporté, est désormais prévu jeudi, le lendemain de l’investiture du chef de l’État.

 

Dès l’annonce de son élection, M. Touadéra avait assuré « mesurer le poids de la charge » qui l’attend.

 

Dernier chef du gouvernement de François Bozizé, ce professeur de mathématiques hérite en effet à 58 ans d’un très lourd passif, économique, sécuritaire et social.

 

La Centrafrique, un des pays les plus pauvres de la planète malgré son potentiel agricole et minier, « est restée coupée un moment de ses recettes, du fait de sa mise en coupe réglée par les groupes armés qui se sont érigés en douaniers, cadres des impôts… », constate un autre ancien Premier ministre, Enoch Dérant Lakoué, candidat à la présidentielle.

 

Pas de chèque en blanc

 

« Il est dans une position d’équilibriste au plan sécuritaire et il doit se livrer à un travail titanesque pour une relance économique », commente l’économiste centrafricain Achille Nzotènè, rappelant la listes des dossiers brûlants qui attendent M. Touadéra: rétablissement de la sécurité, désarmement des combattants des diverses rébellions, refondation de l’armée, redressement de l’administration.

 

En cas d’échec, « le retour à la case départ sera fatal » dans un pays dont l’histoire est jalonnée de coups d’État, de rébellions, de mutineries depuis son accession à l’indépendance en 1960, prévient M. Nzoténé.

 

Comme ses prédécesseurs, le nouveau président sera largement dépendant de la communauté internationale pour assurer les fins de mois de l’État et sa sécurité. Dix mille Casques bleus et plusieurs centaines de soldats français sont actuellement déployés en Centrafrique, sous perfusion financière des bailleurs.

 

Confortablement élu au second tour avec 62,71% des suffrages contre 37,29% à son rival Anicet-Georges Dologuélé, alors qu’il ne faisait pas partie des favoris au début de la campagne, le président peut toutefois compter sur le soutien d’une population qui aspire à la paix.

 

« Faustin-Archange Touadéra est le candidat du peuple. Il a tout le peuple avec lui, c’est déjà un atout considérable pour la reconstruction du pays, dans l’unité nationale », estime Murièle Nzondo, commerçante dans la capitale.

 

Mais échaudés par les crises à répétition dans leur pays, les Centrafricains ne semblent pas disposés à signer un chèque en blanc au président.

 

« C’est vrai qu’il a la population avec lui. Mais ce n’est pas tout », dit Euloge Ngaté Linzonzo, étudiant: « Il est comptable de la gestion du régime Bozizé qui a foutu le pays dans ce chaos par sa passivité. Rien ne nous permet aujourd’hui de dire qu’il a de la poigne pour faire face à ces militaires qui avaient semé la terreur, la haine sous Bozizé au point de plonger le pays dans la crise. Les mêmes sont en train de l’entourer et de s’imposer dans sa garde rapprochée ».

 

 

Touadéra, un fidèle collaborateur de Bozizé pour sortir la Centrafrique de l'ornière

 

28/03/16 (AFP)

 

Dernier Premier ministre de l'ex-président François Bozizé dont le renversement en 2013 avait précipité la Centrafrique dans un cycle de tueries intercommunautaires, Faustin-Archange Touadéra, investi président mercredi, prend la tête d'un pays à la dérive, miné par la pauvreté et l'instabilité.

 

Homme discret, M. Touadéra, 58 ans, mathématicien de formation et enseignant à l'université de Bangui, a été très confortablement élu le 14 février au second tour de la présidentielle avec 62,71% des suffrages face à Anicet-Georges Dologuélé.

 

Il avait créé la surprise au premier tour en recueillant 19,42% des voix comme candidat "indépendant" qui avait fait une campagne discrète avec moins de moyens financiers que son adversaire.

 

Ses très bonnes performances enregistrées dans les fiefs bozizistes de l'ouest lui ont valu le surnom de "candidat du peuple". Il a bénéficié d'une frange importante de l'électorat traditionnel de Bozizé, dont le parti avait pourtant appelé à voter pour M. Dologuélé.

 

D'où lui vient cette popularité? Les fonctionnaires lui doivent d'abord la bancarisation de leurs salaires après plusieurs décennies d'atermoiements les conduisant à s'endetter lourdement, à cause de retards répétés dans les versements et des primes impayées.

 

"Il restera comme celui qui a payé les fonctionnaires, et il est très apprécié pour cela", souligne une source diplomatique à Bangui.

 

Sur le plan politique, M. Touadéra a conduit le dialogue réunissant à Bangui fin 2008 le pouvoir, l'opposition, la société civile et les mouvements rebelles, à l'issue duquel ont été signés plusieurs accords de paix avec les rébellions.

 

Ces accords n'auront cependant pas évité à la Centrafrique de sombrer en 2013.

 

- Une équation complexe -

 

Le renversement du président François Bozizé, en mars 2013, par la rébellion à dominante musulmane de la Séléka de Michel Djotodia avait précipité la Centrafrique dans un cycle de violences intercommunautaires qui a culminé fin 2013 par des massacres à grande échelle et le déplacement forcé de centaines de milliers de personnes.

 

D'un naturel effacé et modeste, M. Touadéra a la réputation d'être un "bosseur". D'ailleurs, durant sa primature, il n'a pas cessé d'enseigner à l'université de Bangui.

 

Professeur en mathématiques pures, diplômé de l'université de Lille 1 (France) et de Yaoundé où il a obtenu un doctorat d'État, l'universitaire a été longtemps enseignant à l'École normale supérieure (ENS) de Bangui, avant de devenir recteur de l'université de Bangui en 2005.

 

Un de ses proches affirme qu'"il n'a pas couru vers la politique. C'est plutôt la politique qui est venue vers lui pour exploiter ses qualités".

 

Ses qualités et ses talents de mathématicien seront très rapidement sollicités pour résoudre une équation particulièrement complexe: remettre sur les rails un pays meurtri et déchiré, à l'économie dévastée et dont l'administration a disparu dans des régions entières, sous la coupe de bandes armées depuis des années.

 

Sans mettre en doute son intégrité, certains s'interrogent cependant sur sa force de caractère pour tenir tête à des militaires, miliciens et autres combattants aussi indisciplinés que prompts à s'en prendre à la population.

 

"Rien ne nous permet aujourd'hui de dire s'il a de la poigne pour faire face à ces militaires qui avaient semé la terreur, la haine sous Bozizé au point de plonger le pays dans la crise. Les mêmes sont en train de l'entourer et de s'imposer dans sa garde rapprochée", s'alarme ainsi un étudiant de l'université de Bangui, Euloge Ngaté Linzonzo.

 

Aussi, comme ses prédécesseurs, il devra compter sur la communauté internationale pour faire fonctionner l'Etat et assurer la sécurité d'un pays marqué par les coups d'Etat, les rébellions et les mutineries.

 

Actuellement 10.000 Casques bleus et environ 900 soldats français de la force Sangaris sont chargés de cette mission.

 

Christian PANIKA

 

Centrafrique : Faustin-Archange Touadéra prend les rênes d’un pays à rebâtir
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Published by Centrafrique-Presse.com