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13 février 2016 6 13 /02 /février /2016 12:14

 

INVITÉ AFRIQUE

 

 

Par Pierre Pinto  RFI vendredi 12 février 2016

 

J-2 avant la présidentielle du dimanche 14 février 2016 en Centrafrique. Un duel qui oppose Anicet Georges Dologuélé à Faustin Touadéra, deux anciens chefs de gouvernement. Anicet Georges Dologuélé a été Premier ministre du président Patassé entre 1999 et 2001. Il a ensuite présidé la Banque de développement des Etats d'Afrique centrale (BDEAC) jusqu'en 2010. Il est aujourd'hui à la tête de son parti, l'U-RCA, créé en 2013. Il répond aux questions de RFI.

 

RFI : La grande majorité des candidats battus du premier tour se sont rangés derrière Faustin Archange Touadéra, votre adversaire, comment vous l’expliquez ?

 

Anicet Georges Dologuélé : Mais parce que moi, je n’avais qu’un seul grand adversaire du premier tour qui m’intéressait, c’était le président Kolingba du Rassemblement démocratique centrafricain, donc c’est la seule négociation que j’ai menée. Les autres qui sont avec moi, on en avait déjà parlé avant le premier tour, donc c’était un ralliement déjà programmé avec Sylvain Patassé, avec Timoléon Baikoua, avec Jean-Michel Mandaba. C’est des choses qui étaient pensées, ça ne s’est pas fait à la hâte après le premier tour, c’était des ralliements programmés. Maintenant entre les tours, je n’avais qu’un seul objectif, c’était Désiré Kolingba. Vous savez, c’est tactique ce type de match.

 

Avant le premier tour, vous avez signé un accord avec le KNK, le parti de François Bozizé, il semble qu’une partie de ses cadres et de son électorat aient choisi Touadéra, est-ce que vous n’avez pas raté ce coup-là ?

 

Lui, il a été premier vice-président de ce parti, pendant longtemps, c’était naturel qu’il ait pu rallier les militants à sa cause. Quand j’ai signé, c’était un peu tard, donc on n’a pas fait beaucoup de communication autour, je trouve que les résultats obtenus sur le terrain sont conformes aux faits.

 

Est-ce que dans cet accord, il y a une clause concernant un éventuel retour de François Bozizé au pays ?

 

Pas du tout, la colonne n’a même pas envisagé ça une seule fois. C’est un accord type, le même que nous avons signé avec tous les partis qui ont été partenaires au premier tour.

 

Si vous êtes élu, quel sera votre priorité ?

 

Il faut d’abord la sécurité, ça me parait évident. Parce que moi, mon grand projet c’est de relancer l’économie, de créer des richesses, c’est de faire en sorte qu’on sorte de l’extrême pauvreté, cette extrême pauvreté qui nourrit les violences, pour commencer à rebâtir l’économie, il faut remettre la sécurité.

 

Comment vous comptez financer cette politique ?

 

Deux phases. La première phase, je suis très direct, il est impossible de redresser ce pays en l’état. Il faut un programme d’urgence, un grand programme financé par la communauté internationale comme le Mali a pu en profiter. En fait dans les deux, trois mois, il faut présenter un programme d’urgence aux bailleurs de fonds. Et la deuxième chose, une fois que l’on a ce programme d’urgence qui rend le pays un peu viable, ça peut permettre de le réorganiser maintenant. Quand je regarde les Centrafricains depuis toujours, c’est une poignée d’entreprises qui sont installées ici et qui régulièrement sont pillées, cassées, chaque fois qu’il y a des troubles sociaux politiques, et donc le nombre ne fait que baisser. On s’étonne que l’Etat n’ait pas les moyens de son action, on s’étonne que quelque fois il y ait des problèmes pour payer les salaires, donc pour répondre à tout ça, il faut créer les conditions pour attirer le secteur privé. Ça permet deux choses : de donner des emplois aux jeunes et la deuxième chose, c’est d’avoir suffisamment d’impôts et de taxes payés, pour que l’Etat aient les moyens de fonctionner normalement et de compléter ce qu’apporte au quotidien l’aide internationale.

 

Est-ce qu’il est envisageable qu’en cinq ans, la Centrafrique s’émancipe de cette tutelle internationale, financière notamment ?

 

Oui, si nous avons ce programme d’urgence, nous réussirons à nous organiser, en tout cas avec moi comme président, oui définitivement. Nous avons beaucoup de secteurs intéressants en Centrafrique, nous avons d’abord l’agriculture, nous avons les mines diamants, or il faut les réorganiser, nous avons les ressources forestières, nous avons suffisamment de quoi faire pour nourrir une croissance soutenue.

 

Ce mercredi, vous vous êtes rendus à Bambari notamment. Comment il faut régler le problème des groupes armés ?

 

J’ai rencontré à la fois le général Ali Daras et le général Zoundeko et après j’ai rencontré le chef local des anti-balaka, donc il faut discuter avec ces groupes armés parce que ce que j’ai retenu, c’est qu’ils ont maintenant réellement envie d’en finir et ils ont peur qu’on ne les traite que comme des bandits. Ils veulent que le DDRR (Désarmement, Démobilisation, Réintégration et Rapatriement) se mette en place très vite, ils veulent que ce qui les a amenés à prendre des armes soit pris en compte, et donc c’est important de discuter avec eux,. Je l’avais déjà fait avec Nourredine Adam au Tchad il y a quelques temps, je le fais avec les anti-balaka. Le rôle du dirigeant, c’est d’écouter tout le monde.

 

Le DDRR, ça rentre dans le cadre de votre programme d’urgence ?

 

Oui, ça fait partie des conditions de sécurité. Au fur et à mesure que vous réorganisez, que vous faites disparaître les groupes, justement à travers ce programme de DDRR qui absorbe les jeunes et qui les orientent vers d’autres métiers, vous videz les groupes de leur substance.

 

La réforme du secteur sécurité et la refondation de l’armée, ça fait aussi partie de vos priorités ?

 

Oui, bien sûr, nous ne pouvons pas ne compter que sur les forces internationales, il nous faut notre armée nationale, il nous faut une bonne gendarmerie, une bonne police, pour protéger à la fois les villes et les villages, et nos frontières.

 

Comment régler la question des plus de 800 000 déplacés et réfugiés Centrafricains ?

 

Il faut que ces gens rentrent rapidement chez eux. Quand vous vous promenez dans Bangui et même dans les villes de province, vous avez beaucoup de bâtiments détruits, donc ces gens n’ont plus de maisons, il faut un programme très rapidement pour rénover leur maison, créer les conditions pour qu’ils rentrent en Centrafrique, et ceux qui sont dans les centres de déplacés, ça va avec le retour de la sécurité. Donc c’est au fur et à mesure qu’on avance dans la sécurisation du pays qu’on les fait revenir et ça doit se faire, à mon avis, dans maximum trois à quatre mois après la prise de service du nouveau gouvernement élu.

 

Anicet Georges Dologuélé sur RFI : «Sortir de l’extrême pauvreté»
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Published by Centrafrique-Presse.com