http://lepays.bf/ MERCREDI 9 DÉCEMBRE 2015
Des tirs entendus et des barricades érigées dans certains quartiers de la ville de Bangui, la capitale centrafricaine, hier, 8 décembre 2015. A l’origine de cette nouvelle poussée de fièvre, le rejet par la Cour constitutionnelle, de la candidature à la présidentielle du 27 décembre prochain, de l’ex-président François Bozizé, chassé du pouvoir en mars 2011. Ce regain de tension fait craindre une nouvelle spirale de violence qui, toutes proportions gardées, risque de remettre en cause le nouveau calendrier électoral et ce, au moment même où tout le monde croyait que le pays connaissait une relative accalmie encourageante. La récente visite du Pape François, la semaine dernière, avait même donné à espérer à plus d’un. Que nenni ! Les vieux démons sont toujours présents, prompts à créer des troubles pour des raisons dont eux seuls ont le secret. Est de ceux-là François Bozizé qui fait feu de tout bois pour revenir au pouvoir, alors même que le contexte ne s’y prête pas. Car, visé par un mandat d’arrêt délivré par la Justice centrafricaine, François Bozizé savait mieux que quiconque que sa candidature à la présidentielle ne passerait pas. Et que, même si elle passait, elle causerait plus de problèmes à la RCA qu’elle n’en résoudrait.
Bozizé se comporte comme si en dehors de sa personne, il n’y a pas d’autres compétences à même de diriger la RCA
Pourquoi alors n’avoir pas fait comme Michel Djotodia qui, depuis son éviction du pouvoir, donne l’impression d’avoir fait contre mauvaise fortune bon cœur ? Car, même si certains l’accusent à tort ou à raison d’instrumentaliser les ex-Séléka dont il est le parrain, Djotodia n’a pas eu l’outrecuidance de Bozizé qui tient encore à briguer la magistrature suprême. C’est à croire que ce dernier ne sait rien faire d’autre pour gagner son pain que la politique. Quelle honte ! En tout cas, si la RCA venait aujourd’hui encore à prendre feu, ce serait beaucoup moins la faute de Djotodia que celle de Bozizé. Car, ce dernier se comporte comme si en dehors de sa personne, il n’y a pas d’autres compétences à même de diriger la RCA, oubliant qu’on l’a déjà vu à l’œuvre. N’est-il pas déjà temps que la communauté internationale mette un terme aux frasques de cet homme qui, selon toute vraisemblance, semble rechercher l’extermination du peuple centrafricain pour ses propres intérêts ? C’est la seule manière de rendre service au peuple centrafricain qui a longtemps souffert le martyre du fait de l’incurie de ses hommes politiques. Il faut donc siffler la fin de la récréation pour permettre à l’ex-Oubangui Chari de sortir de l’impasse.
B.O
Présidentielle en RCA: les soutiens de Bozizé accusent la France
Par RFI 09-12-2015 à 10:59
En Centrafrique, la liste des candidats validés par la Cour constitutionnelle a été dévoilée mardi : 30 candidats sont en lice pour les présidentielle. La candidature de François Bozizé, elle, a été rejetée car ce dernier ne s'est pas inscrit sur les listes électorales et que, selon les accords de Libreville de 2013, il ne peut pas briguer un autre mandat. Dans le pays, ses partisans sont déçus et en colère. Ils en veulent notamment à la France, qu'ils accusent d'avoir géré en coulisse l'éviction de François Bozizé.
Au siège du Kwa Na Kwa, le KNK, le parti de François Bozizé, les militants ne décolèrent pas. « C'est encore une ingérence française », peste l'un deux, en faisant référence aux propos de Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense.
Il y a quelques jours, le ministre avait pointé du doigt Bozizé et Noureddine Adam, leur intimant de ne pas se mettre en travers du processus électoral.
Pour Béa Bertin, le secrétaire général du KNK, l'exclusion de Bozizé ne va faire qu’attiser les tensions : « Vous allez voir la réaction des gens[à] l’invalidation de la candidature de Bozizé ! Nous ne sommes pas des extrémistes, mais cette situation d’injustice va nourrir de la haine, va nourrir des ressentiments, des rancœurs. C’est ce que nous craignons aujourd’hui. La poursuite du [programme du] parti, c’est que nous avons accepté les candidatures aussi bien pour les présidentielles que pour les législatives. Nous allons défendre les dossiers de nos candidats pour les législatives et nous pensons que nous allons nous réunir en bureau politique pour discuter de la question et de la position à prendre dans les jours à venir. »
Barricades
Après l’annonce de l’invalidation de la candidature de l’ex-président centrafricain, des jeunes pro-Bozizé mais aussi pro-Ngaïssona, l'ex-chef de file des miliciens anti-balaka qui s'est vu également exclure de la course à la présidentielle, ont commencé à ériger des barricades et à tirer en l'air dans plusieurs quartiers de Bangui.
Les gendarmes et policiers locaux sont rapidement intervenus, appuyés par le nouveau contingent Sénégalais de la Minusca, fraîchement débarqué à Bangui, peu avant la venue du pape, pour retirer les barricades des rues. La tension est progressivement retombée en début de soirée.