http://www.lanouvelletribune.info/ Par Eyangoh Ekolle 18 Déc 2015 à 04:53
S’il y a une dérive dont tout pays doit se prémunir, c’est certainement celle de refuser à travers sa loi fondamentale et par des actions concrètes, toute prise de pouvoir par la violence ou coup d’Etat.
Cette forme d’accession au pouvoir entraine deux sortes de conséquences : la joie des putschistes d’arriver au pouvoir et la tristesse des évincés à quitter les affaires. Ces conséquences antinomiques détermineront l’avenir du pays et pourront l’inscrire dans une spirale de violence. C’est le la triste histoire la Centrafrique, qui a vécu douloureusement la dictature de l’empereur Bokassa. Une page que ce pays croyait avoir tourné, avec l’arrivée au pouvoir d’Ange Félix Patassé. Malheureusement l’esprit du malin ne s’était pas éloigné du pays. Il a visité François Bozizé et l’a inspiré de prendre le pouvoir par la violence, en chassant avec ignominie le Président Ange Félix Patassé. Le faisant, François Bozizié n’avait vu que le succès immédiat, il n’avait pas projeté l’avenir pour comprendre que son acte pouvait aussi inspirer d’autres acteurs. C’est ce qui arriva lorsque Michel Djiotodia et sa bande ont servi à François Bozizé le même déshonneur. Mais ce énième coup d’Etat a été le plus malencontreux. Plongeant le pays dans l’instabilité sociopolitique et l’insécurité, malgré la présence des soldats de la Minusca et des forces françaises. C’est ce coup d’Etat qui a fait naitre en Centrafrique, des affrontements qui opposent des populations appartenant à différentes confessions. A l’image des dissensions qui opposent les membres de la Séléka aux antibalaka. Chaque camp étant soutenu par des élites et des opportunistes politiques qui encouragent ces affrontements la nuit et font des appels de retour à la paix le jour.
Le gouvernement de transition désigné installé sous la direction de Catherine Samba Panza au bord de l’essoufflement. Non pas qu’il est incompétent, mais parce qu’il a déjà entrepris tout ce qui est de son possible pour ramener la paix, sans succès. Les pays de la Cemac ont aussi joué leur partition, mais nul ne sait si les différents Chefs d’Etats qui participaient aux négociations, parlaient tous le langage de la vérité et de la sincérité. De nombreux espoirs étaient aussi fondés sur les accords de Brazzaville, malheureusement, du retour de Brazzaville, la violence a repris sans relâche. A chaque qu’on croit parti les démons de la violence, ils refont surfaces presque spectaculairement. C’est certainement dans la perspective de calmer les ardeurs et de ramener la paix dans ce pays, que le pape a décidé de se rendre dans le pays en novembre dernier. Lui qui auparavant depuis le Vatican, ne cessait de lancer des appels en direction de la Centrafrique.
Nombreux étaient les observateurs qui pensaient que cette visite du pape en terre centrafricaine, atténuerait ne fut-ce que de peu, ce climat de violence. Malheureusement, la paix n’a duré que le temps de la visité du pape. Le lendemain de son départ, des nouveaux affrontements faisaient une nouvelle victime. Cet état des choses est cependant, loin de décourager les autorités de la transition et biens des acteurs de la communauté internationale qui croient encore en la possibilité d’aboutir à l’accalmie. Celle qui passe par le retour de l’ordre constitutionnel. Notamment l’organisation des élections présidentielles et la rédaction d’une nouvelle constitution.
L’adoption de la nouvelle constitution s’est faite par voie référendaire dimanche 13 décembre dernier les menaces qui pesaient sur les électeurs. L’autorité nationale des élections annoncent d’ailleurs la publication des résultats pour ce vendredi 18 décembre 2015. En attendant les élections présidentielles prévues pour le 27 décembre 2015. Mais la tenue effective de ces élections, reste sujette à caution. Puisque l’irruption d’un nouvel acteur perturbateur en la personne du colonel Nouradine Adama depuis ce week-end, suscite des interrogations. Lui qui a hissé un drapeau à la gendarmerie de Ndélé en proclamant l’avènement d’un nouvel Etat : l’Etat du Logone. Pendant qu’on pense ramener à la raison les différents camps antagonistes, voici venue une autre thématique aussi plus préoccupante que les précédentes, celles de la partition du pays. D’où la pertinence de notre interrogation de départ : qui sauvera la Centrafrique ?