CENTRAFRIQUE
http://observers.france24.com/ 03/11/2015 Alexandre Capron, Journaliste francophone
Depuis près d’une semaine, la capitale centrafricaine est de nouveau plongée dans un cycle de violences qui touche des quartiers jusque là épargnés. Au sud de Bangui, un prêtre nous a fait parvenir ses images de l’afflux quotidien de réfugiés.
Les violences durent depuis le meurtre, jeudi dernier, de deux musulmans dans les quartiers sud de Bangui aussi appelé 6e arrondissement. En représailles des habitants du KM5, quartier à majorité musulman, devenu un bastion des milices de l’ex-Séléka, ont attaqué les quartiers limitrophes de Fatima, Kina, Kokoro, Cattin (voir carte ci-dessous). Lors de ces raids, plus d’une centaine de maisons ont été incendiées selon les estimations d’associations humanitaires et de militaires sur place, et au moins cinq personnes ont été tuées dans les affrontements.
Ces nouvelles violences ont entraîné des flux de déplacés. La plupart ont fui vers le sud de la capitale, notamment vers Bimbo, une zone située sur une colline et où se trouvent déjà beaucoup de camps de déplacés. L’afflux de réfugiés devient inquiétant, explique le père italien Federico Trinchero qui a ouvert son couvent pour les accueillir.
Contrairement aux dernières violences de septembre, beaucoup ont eu leur maison brûlée par cette politique de terre brûlée. Les va-et-vient sont incessants. Les déplacés reviennent surtout la nuit. Nous accueillons tous ceux qui n’ont plus de logement. Selon nos estimations, 5 000 personnes sont arrivées ici depuis les violences d’octobre. Or, depuis février 2015, il n’y a plus eu de distribution de vivres [la situation humanitaire avait été jugée normalisée à cette époque par les autorités de la transition, NDLR]. Nous n’étions pas prêts à faire face à ce nouvel afflux.
Aujourd’hui, même s’il y a moins de monde qu’en décembre 2013, au plus fort de la crise [près de 10 000 personnes avaient trouvé refuge dans le couvent de Bimbo après des affrontements entre anti-balaka et Seleka, NDLR], la situation est quasiment similaire et les cycles de violences se répètent. J’ai vu des familles venir et repartir à plusieurs reprises. Je ne vois pas encore d’issue à cette situation. Des initiatives entre musulmans et chrétiens ont vu le jour. Mais avec ces nouvelles violences, c’est comme si on avait fait un pas en avant, puis trois pas en arrière. Au moins une fois par mois, il y a un accès de violence qui dure quelques jours. Je sens les gens fatigués, découragés.
La situation a aussi nécessité la création de nouveaux sites de déplacés dans les 3e et 6e arrondissements.
Mardi, la présidente de la transition, Catherine Samba-Panza, a demandé aux forces internationales "une action vigoureuse" face aux violences à l'approche d'évènements importants. Bangui doit recevoir les 29 et 30 novembre prochain la visite du pape François et l’élection présidentielle doit normalement se tenir le 13 décembre.