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6 mai 2015 3 06 /05 /mai /2015 22:20

 

 


Bangui AFP / 06 mai 2015 21h14 - La Centrafrique va engager des poursuites contre des militaires français soupçonnés de viol d'enfants à Bangui, a déclaré mercredi à l'AFP le ministre de la Justice Aristide Sokambi, lors de la première réaction officielle du gouvernement centrafricain à ce sujet.


Des poursuites vont être engagées (...) c'est quand même des actes très graves (...) J'insiste sur le fait qu'il ne faut pas d'amalgame, ce n'est pas Sangaris, ce n'est pas la France. C'est des individus, c'est des militaires et c'est contre ceux-là que nous nous insurgeons, a affirmé le ministre à propos des accusations de viols sur mineurs commis en 2014 dans un camp de déplacés, situé près de l'aéroport M'Poko et du camp de l'opération militaire française Sangaris.


Nous déplorions le fait de ne pas avoir été associé à ces investigations alors que nous avons des accords de coopération avec la France. Donc, j'ai instruit le procureur de la République pour ouvrir une enquête, puis essayer de prendre les éléments qui sont déjà à la disposition de la partie française afin de suivre cette affaire qui est en fait extrêmement grave, a-t-il précisé.


Le ministre a regretté que son pays n'ait pas été alerté par la partie française. Le pays aurait dû être associé parce que tel que les accords le prévoient, nous devons ensemble faire les investigations, a-t-il dit, avant de conclure: mais je pense que le plus important est que la vérité soit faite sur cette affaire.


Selon une source judiciaire française, 14 soldats français sont mis en cause dans cette affaire potentiellement désastreuse pour l'image de la France et de son armée en Afrique, dont certains, très peu selon cette source, ont été identifiés par l'enquête, ouverte en France fin juillet 2014 et toujours en cours.


Le 30 avril, le procureur de la République centrafricain Ghislain Grésenguet avait annoncé avoir ouvert une enquête dans son pays: Nous allons prendre contact avec le bureau des Nations unies chargé de cette affaire et les autorités françaises pour leur demander de nous communiquer les documents y afférant.


Une enquête interne a été menée à notre insu alors que les victimes sont à Bangui (...) Des ONG et organes de l'ONU sont descendus sur le terrain sans nous informer, nous n'avons pas compris pourquoi, avait-t-il accusé.


Après les révélations du quotidien britannique The Guardian, le ministère français de la Défense a expliqué avoir été saisi de témoignages d'enfants centrafricains accusant d'agressions sexuelles des militaires français de l'opération Sangaris.

Ces témoignages ont été recueillis par des personnels de l'ONU déployés en Centrafrique. Ils retracent des faits qui auraient été commis sur une dizaine d'enfants, sur le site de l'aéroport de M'Poko (à Bangui), entre décembre 2013 et juin 2014, précisait le ministère de la Défense français, qui dit avoir pris et prendra toutes les mesures nécessaires pour permettre la manifestation de la vérité.



(©)

 

 

Accusations de viols en Centrafrique: un tribunal de l'ONU ordonne la réintégration du lanceur d'alerte

 

06/05/15 (AFP)

 

Un tribunal interne à l'ONU a ordonné la réintégration du travailleur humanitaire suédois Anders Kompass qui avait été suspendu par l'ONU pour avoir transmis à la France le rapport révélant les accusations de viols d'enfants par des soldats français en Centrafrique en 2014.

 

Le jugement du Tribunal du contentieux administratif des Nations unies a été rendu mardi. M. Kompass "a donc repris du service", a déclaré mercredi à l'AFP une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme.

 

Le cadre suédois continue malgré tout de faire l'objet d'une enquête interne de l'ONU qui l'accuse d'avoir transmis un document confidentiel, sans même avoir pris la précaution d'enlever les noms des victimes présumées, et d'avoir court-circuité ses supérieurs.

 

Mais le Tribunal du contentieux administratif de l'ONU a estimé que le fait que M. Kompass soit réintégré à son poste ne va pas nuire à l'enquête.

 

M. Kompass, directeur des opérations du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, avait été placé en congé administratif avec plein salaire le 17 avril pour avoir transmis à l'été 2014 ce rapport confidentiel à la France.

 

Ces témoignages ont été recueillis par des personnels de l'ONU déployés en Centrafrique. Ils "retracent des faits qui auraient été commis sur une dizaine d'enfants, sur le site de l'aéroport de M'Poko (à Bangui), entre décembre 2013 et juin 2014", selon le ministère de la Défense français.

 

Ces accusations ont justifié l'ouverture d'une enquête préliminaire en juillet 2014 à Paris, restée secrète jusqu'à ce qu'un article du quotidien britannique The Guardian révèle l'affaire fin avril.

 

D'après le jugement du Tribunal du contentieux administratif des Nations unies, que l'AFP a pu consulter, M. Kompass dit avoir reçu à la mi-juillet une copie du rapport de l'ONU. Il dit en avoir parlé le 23 juillet avec un représentant de la mission française auprès de l'ONU à Genève.

 

Il affirme en avoir informé peu après le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l'Homme à Genève et avoir transmis une copie du rapport aux autorités françaises le 7 août.

 

Mais l'ONU réfute cette version des faits.

 

Toujours d'après le jugement, le Haut-Commissariat aux droits de l'Homme assure que ce n'est que le 6 mars 2015 qu'il a été informé que M. Kompass avait fait fuiter le rapport.

 

Une chose semble sûre: le 12 mars, M. Kompass a été prié de démissionner. Ce à quoi il s'est opposé. Le 17 avril, l'ONU l'a suspendu, et le 29 avril M. Kompass a demandé l'annulation de cette suspension.

 

 

Viols en RCA: ce que l’on découvre dans le rapport de l’ONU

 

Par RFI 06-05-2015 à 21:23

 

En Centrafrique, RFI a pu se procurer le rapport d'enquête de l'ONU relatif aux viols présumés commis par des soldats français à Bangui. Un rapport accablant. Le nombre de détails qui pourraient permettre d'identifier les agresseurs présumés est impressionnant.

 

Les six pages du rapport sont barrées d'un grand encart « Confidential ». Intitulé « Sexual Abuses on children by international armed forces [Abus sexuel sur enfants commis par des forces armées internationales, ndlr] », le rapport d’enquête contient six interviews d’enfants : quatre d’entre eux disent avoir été abusés sexuellement par des soldats et deux autres ont été témoins des scènes et les décrivent aux enquêteurs de l’ONU et de l’Unicef. La précision des détails est incroyable.

 

Il n’est pas possible de tous les dévoiler par souci de protection des enfants notamment, mais un exemple est particulièrement parlant. L’un des garçons âgés de neuf ans raconte qu’un soldat français lui aurait montré une vidéo pornographique sur son téléphone avant de lui demander de faire la même chose en échange de rations de nourriture. Tenaillé par la faim, l’enfant dit s'être exécuté et avoir fait une fellation au militaire.

 

Ces abus sexuels répétés ont été commis entre le mois de décembre 2013 et mai 2014. Parfois par des soldats seuls en poste, donc sans témoin direct, mais le plus souvent les enfants interrogés font état de plusieurs militaires présents pendant les actes sexuels. Comme Maurice et Gaston* qui décrivent une scène qui se serait produite à la fin du mois de mars. « L'un des soldats était petit, l'autre était maigre et fumait beaucoup. Nous leur avons dit que nous avions faim. L'homme le plus petit nous a dit de sucer son bangala [pénis, ndlr] d'abord. J'étais effrayé, mais j'ai accepté. Il a sorti son sexe de son pantalon juste en face de ma bouche. Après ça, il nous a donné trois rations et de l'argent ».

 

En plus des détails sur les actes sexuels pratiqués, ce sont les précisions sur les agresseurs présumés qui surprennent. Une des victimes présumées décrit ainsi l’exact emplacement du tatouage d’un militaire français. Une autre parle d’un soldat avec un gros grain de beauté à côté de l’œil gauche. En plus de tout cela, les enquêteurs ont récolté des noms, des surnoms, mais aussi des compétences militaires. Ainsi, selon les enfants interrogés, certains des agresseurs seraient des snipers positionnés à un moment donné de la crise sur le toit de l’aéroport Mpoko.

 

Quatorze militaires mis en cause par le rapport de l'ONU

 

Ces actes abjects, condamnés fermement par François Hollande, se sont a priori produits à plusieurs reprises et on peut s'interroger sur l'éventuelle complicité d'autres militaires français. Dans le rapport, un des enfants témoin des scènes de viol décrit des fellations répétées pour un militaire de Sangaris qui se surnommerait lui-même « Batman ». L'enfant parle aussi du collègue de ce soldat qu'il surnomme « Yo yo ». Car en Sango, la langue locale en Centrafrique, « yo yo » veut dire « vite vite. » Ce soldat prévenait toujours Batman quand d'autres militaires approchaient, pour éviter de se faire prendre.

 

D'autres témoignages tendent à démontrer que les soldats français incriminés n'avaient aucunement peur de se faire attraper. Pacôme* raconte qu'un soldat de Sangaris qui était stationné dans l'abri de la tour de contrôle de l’aéroport lui a demandé une fois de pratiquer une fellation. Mais l'enfant a refusé et dit qu'il « allait prévenir M. Alexis [Alexis Nguitté, l'homme a l'origine du rapport d'enquête de l'ONU, ndlr]. Le militaire aurait répondu : « Tu peux dire à M. Alexis que j'ai dit aux enfants de venir sous l'abri pour se protéger de la pluie ».

 

Finalement, Alexis Nguitté finira par avoir vent de ces allégations et préviendra PU-AMI, l'ONG qui gère le site de déplacés de l'aéroport de Bangui M'Poko, ce qui déclenchera l'enquête onusienne. A l'heure actuelle, trois militaires auraient été identifiés par la justice française. Quatorze sont mis en cause par le rapport de l'ONU ainsi que cinq soldats de la force africaine Misca.

 

* Les prénoms ont été modifiés

 

La Centrafrique va engager des poursuites contre les militaires français soupçonnés de viols
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Published by Centrafrique-Presse.com