http://www.radiondekeluka.org vendredi 27 février 2015 13:34
Des miliciens Antibalaka œuvrant dans le 8e arrondissement de Bangui ont appréhendé ce vendredi matin, deux hommes présentés comme les cerveaux des actes de braquages dans le secteur.
Selon les éléments du groupe qui a mené l’opération ayant conduit à l’arrestation des présumés malfrats, les deux hommes font partie intégrante d’un réseau, piloté par un haut cadre de la présidence de la République, et spécialisé dans la vente des véhicules volés.
Selon les miliciens qui ont mené l’opération de démantèlement, cette chaîne de malfrats est à l’origine de nombreux enlèvements dans les quartiers nord de Bangui de véhicules appartenant à des institutions nationales, internationales, des organisations non gouvernementales nationales et internationales, mais également des particuliers.
« C’est depuis longtemps que nous cherchons à arrêter ces hommes. Nous avons accepté de jouer leur jeu afin qu’ils viennent vers nous. Ils ont confirmé que c’est un directeur au niveau de la présidence qui les envoie. Nous avons proposé un chèque de 2 millions de francs CFA pour un achat de véhicule. Ils ont exigé dans un premier temps l’argent, ce que nous avons refusé exigeant d’abord de voir le véhicule afin de leur remettre l’argent. C’est pour cela que ces hommes sont ici », explique l’un des responsables des Antibalaka sous couvert de l’anonymat.
Mais les deux personnes appréhendées, Yvon Makanda et Charles Loudégué, qui se présentent comme étant des officiers des Forces armées centrafricaines (FACA), infirment cette accusation.
« C’est une autorité qui nous a mandaté de lui chercher un véhicule d’occasion pour qu’il achète afin de l’utiliser. Nous suivons les démarches depuis deux semaines. Nous avons été informés d’une voiture occasionnée ici. A notre arrivée, nous sommes pris à partie », indique l’un des présumés.
« Nous n’avons jamais fait ce genre de chose. Je reconnais ne jamais acheter de véhicules dans ma vie et je ne suis pas démarcheur », a-t-il ajouté.
Le cadre de la présidence de la République mis en cause dans cette affaire serait le Directeur des services de la documentation. Il n’a pas encore commenté l’information.
En attendant l’ouverture d’une enquête afin d’établir les responsabilités sur cette affaire, les deux hommes ont été remis aux Forces onusiennes, arrivées sur les lieux.
La traque aux bandits qui est lancée, fait suite à une vaste campagne de sensibilisation menée par Gertrude Sakanga Oaudos, pacificatrice nationale auprès des miliciens Antibalaka.
Centrafrique : Laborieuse restauration de l’ordre public
Bangui, 27 Février 2015 (RJDH)—Les évènements que la Centrafrique a connus avaient conduit aux pillages des commissariats et libération des prisonniers. Plus de 2 ans, les activités liées à la restauration de l’ordre public peinent à reprendre, en dépit des efforts que fournissent les partenaires, alors que l’insécurité perdure dans la capitale et dans certaines villes de provinces.
Constat de la population
Plusieurs habitants de Bangui, interrogés par le RJDH constatent un redéploiement progressif. Après quelques mois du redéploiement des polices et gendarmes dans la capitale et certaines villes de provinces, diverses réactions sont alors enregistrées auprès de la population. Certains habitants de Bangui n’ont pas manqué de faire de suggestion pour rendre plus efficace la restauration de l’ordre public.
« Mon souhait, c’est d’impliquer les Forces Armées Centrafricaines dans ce que font les policiers et gendarmes car, le niveau actuel du banditisme dépasse la police. Il y a des miliciens qui sont lourdement armés, plus que les policiers et le rapport de force n’est pas à comparer », a fait savoir un habitant de Bangui.
Pour certains, le mode opératoire des groupes armés change à chaque fois et cela nécessite plus de stratégie. « Il ya des enlèvements perpétrés par des groupes armés. Donc, la police et la gendarmerie, avec le soutien que leur apportent les forces internationales doivent se confronter à d’énormes défis. C’est pourquoi, il est important que leur effectif soit augmenté et qu’ils soient déployés dans les zones stratégiques de la capitale », selon Irène, une étudiante à l’Université de Bangui.
« Nous constatons un réel progrès et la confiance renait au sein de la population. Dans certains coins de la capitale comme chez nous ici dans le 2e arrondissement, on se promène au delà de 20 heures sans inquiétude. Mais cette quiétude doit gagner tout le peuple et le redéploiement doit toucher les villes de l’intérieur du pays », a relevé cet habitant du 2e arrondissement de Bangui.
« Les policiers n’ont pas de garantie pour préserver la sécurité. Ils ne sont pas vraiment dotés des moyens. Si vous voyez dix policiers dans un véhicule, seulement trois ou quatre sont armés. Aussi, ce redéploiement n’est pas senti dans tous les arrondissements. C’est déplorable », regrette un habitant de Bangui.
Réhabilitation des commissariats, un autre défi
Depuis plusieurs mois, les actions liées à la réhabilitation des commissariats ont été lancées. Dans chaque arrondissement de Bangui, il existe des commissariats qui abritent la police centrafricaine. Les commissariats du 4e, 7e et 8e arrondissement sont en réhabilitation tandis que ceux du 1e, 2e, 5e et 6e arrondissement sont déjà retravaillés. Les commissariats des 3e et 5e arrondissements de Bangui sont occupés par les forces internationales, à cause de degré élevé d’insécurité dans ces coins de la capitale.
Au commissariat du 8e arrondissement, la maison est en réhabilitation, les policiers sont transférés dans un local en face dudit commissariat. Le commissaire et certains agents sont présents et les autres sont en patrouilles. « Je suis ingénieur des travaux, nous effectuons cette réhabilitation dans le cadre du Fonds de Consolidation de Paix. Nous sommes là pour trois mois », a lâché Moussa Freddy Martial, ingénieur des travaux de génie civil.
Un peu plus loin dans le 4e arrondissement, le service fonctionne malgré les travaux qui se poursuivent. Des manœuvres préoccupés par le travail, quelques policiers assis dans des bureaux déjà réfectionnés et le commissaire a souligné la discipline, la rigueur et le travail qui règne dans sa structure.
Le commissariat du 2e arrondissement est propre, équipé et les activités se déroulent normalement, depuis la remise officielle le 15 septembre, une date marquant l’opérationnalisation des casques bleus de la Minusca en Centrafrique. Un officier a noté au passage au RJDH quelques cas fréquemment enregistrés comme le vol, l’abus de confiance, le braquage et le harcèlement sexuel.
Ces travaux de réhabilitation sont financés par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Etienne Bissa, Commissaire divisionnaire, Directeur général de la Police Centrafricaine, interrogé par le RJDH en début du mois de février a constaté un réel progrès pour le rétablissement de l’ordre public, grâce à l’appui des partenaires nationaux et internationaux.
« Le PNUD nous a doté en huit véhicule pour la Police et trois donnés à la gendarmerie. C’est avec ces véhicules que nous sommes en train de travailler. L’union Européenne nous a donné aussi des véhicules et des moyens pour nous aidé à faire de sorte que la sécurité revienne et que la police soit véritablement une police de proximité », a témoigné Etienne Bissa.
Certains habitants de Bangui estiment que le niveau d’insécurité varie d’un arrondissement à un autre. Ces derniers jours, malgré les efforts pour le retour à l’ordre public, les braquages ont pris le dessus, plongeant ainsi la population dans un désarroi./
Fridolin Ngoulou